Tesla : des employés « traités comme des robots » se rebellent et se font licencier

 

Plusieurs salariés de la division Autopilot basés l'usine Tesla située à Buffalo, dans l'Etat de New-York ont décidé de s'unir et de créer un syndicat afin de dénoncer leurs conditions de travail. Une grande première pour la marque, souvent critiquée pour ses méthodes de management très strictes. Elle vient d'ailleurs de licencier plusieurs salariés à l'origine de ce mouvement.

Mise à jour du 17 février 2023 : Dans un article de blog, Tesla se défend des licenciements et apporte de nombreuses précisions à l’affaire.

Est-ce le début d’une nouvelle ère pour Tesla ? En effet, depuis quelques jours, un vent de révolution souffle sur la Gigafactory de Buffalo, située dans l’État de New-York. Dans cette usine, qui n’est pas dédiée à la fabrication de voitures, comme celle de Berlin, mais à la production de cellules photovoltaïques, il se passe en effet quelque chose d’inhabituel. Et cela ne devrait pas plaire à Elon Musk, qui se prépare déjà à traverser une année difficile en raison de la concurrence chinoise.

Un nouveau syndicat ?

Mais alors, que se passe-t-il vraiment à Buffalo ? Comme l’annonce le site Bloomberg, plusieurs salariés ont décidé de se réunir afin de protester contre les conditions de travail imposées par le constructeur, qui a battu un record de vente en 2022 avec plus d’un million de voitures livrées dans le monde. Ces employés, qui travaillent au développement du système de conduite semi-autonome Autopilot ont en effet envoyé un mail à Elon Musk annonçant leur intention de se syndiquer.

Ces derniers dénoncent en effet des conditions de travail dangereuses, alors qu’une plainte groupée avait déjà été lancée en novembre dernier par plusieurs sous-traitants à l’encontre de la firme basée au Texas. Mais c’est ici la première fois que des employés de la marque se rebellent, alors que le constructeur a toujours été hostiles aux syndicats.

Comme le rappelle le site Siècle Digial, Tesla avait fait fermer un peu plus tôt un salon de discussion interne où les salariés exprimaient leur mécontentement. Mais alors, quelles sont les revendication de ce groupe d’employés, qui cherchent désormais à convaincre leurs collègues issus d’autres branches ? Aidés par l’organisation Workers United, qui a déjà assisté les salariés de Starbucks dans une démarche similaire, ces derniers dénoncent des conditions de travail dangereuses et en ont assez d’être « traités comme des robots » selon Al Celli, l’un des membres de cette union.

Ils déplorent alors une pression constante de la part de leur entreprise, notamment opposée à la pratique du télétravail, alors qu’elle surveille constamment et en temps réel les frappes sur les touches du clavier, afin de s’assurer que les salariés soient le plus productifs possibles. À tel point que certains évitent même de faire des pauses pour se rendre aux toilettes. La hausse du salaire fait également partie des revendications, alors que celui-ci serait de 19 dollars de l’heure, soit environ 17 euros selon le taux de change actuel. Le taux horaire minimum est fixé à 14,2 dollars aux États-Unis.

Une première

À titre de comparaison, le smic horaire en France est actuellement de 11,27 euros brut (mais avec l’intégration d’avantages sociaux, comme le chômage ou la Sécurité sociale). Si les syndicats sont omniprésents en France, alors qu’une nouvelle grève a justement lieu dans les transports notamment ce jeudi 16 février, ce n’est pas la même chose aux États-Unis. Le pays est par définition hostile à ce type d’organisation sociale, bien que de plus en plus de salariés décident tout de même de s’unir pour dénoncer leurs conditions de travail.

C’est notamment le cas chez Google, Amazon ou encore Activision. Mais ils doivent alors faire face à une forte hostilité des dirigeants. Et les employés de chez Tesla ne font bien sûr pas exception, puisqu’en 2018, Elon Musk avait menacé de retirer les action de ses salariés qui envisageraient de se rebiffer. En 2022, le dirigeant avait également déclaré que son entreprise offrait la meilleure rémunération du secteur.

La prochaine étape sera désormais l’organisation d’un vote par les salariés, qui seraient 800 à travailler pour l’Autopilot, sur les 2 000 employés que compte l’usine de Buffalo. Comme l’explique le site de la BBC, si 30 % des travailleurs soutiennent la création d’un syndicat, Tesla serait alors dans l’obligation de négocier avec ses collaborateurs sur les conditions de travail et les salaires.

Si cette démarche aboutit, alors cela marquera une nouvelle étape en faveur du droit du travail aux États-Unis, alors que le mouvement pourrait s’accélérer et concerner d’autres usines, voire d’autres entreprises.

Tesla licencie des salariés

Mais cela devrait être bien plus compliqué que prévu. En effet, et comme le relate un autre article de Bloomberg, plusieurs dizaines d’employés à l’origine du mouvement auraient été licenciés par Tesla. Si la marque ne s’est pas exprimée sur le sujet, au moins un des 25 salariés congédiés ferait partie de ceux ayant dénoncé les conditions de travail au sein de l’entreprise. Selon une plainte déposée auprès du National Labor Relations Board (NLRB) des États-Unis, ces licenciement interviendraient « en représailles à l’activité syndicale et pour décourager l’activité syndicale« .

La marque ne donne pas de raisons concernant cette mesure, mais le rapport de Bloomberg souligne que les salariés ont reçu un avertissement portant sur l’utilisation de la technologie sur leur lieu de travail. Tesla les avaient alors appelés à « protéger la confidentialité, l’intégrité et la sécurité de toutes les informations commerciales« .


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