On est montés à bord du Vinfast VF3 : une voiture électrique sous les 10 000 €, mais avec de nombreuses concessions

 
Avec le Vinfast VF3, le constructeur vietnamien s’attaque à un marché encore délaissé par l’électrique, celui des micro-citadines à moins de 10 000 euros. On a pu approcher le mini-SUV, et voici ce qu’on en pense !
Vinfast VF3 // Source : Timothé Lambert / AMAM France

Vinfast est venu présenter son VF3 lors des deux jours d’essai des eTrophées de l’AMAM (Association des Médias Auto et Moto). L’objectif était de nous montrer le véhicule présenté au CES de Las Vegas 2024, et de rappeler que Vinfast poursuivait ses activités en Europe. Voici donc le Vinfast VF3.

Précisons que certaines photos proviennent de nos confrères de Numerama.

Des dimensions XXS

Souvent, j’ai l’habitude de dire qu’une voiture a des dimensions XXL, mais je n’ai jamais dit qu’un véhicule était XXS. C’est donc la première fois que j’utilise ce terme, qui est parfaitement adapté au Vinfast VF3, puisqu’il s’agit de la plus petite voiture qui m’ait été présentée.

Vinfast VF3 // Source : Timothé Lambert / AMAM France

En effet, ce mini-SUV mesure seulement 3,19 m de long, pour 1,62 m de haut et 1,68 m de large. On est donc face à une voiture très compacte, toujours plus grande que les défuntes Smart Fortwo et Toyota iQ, mais suffisamment courte pour entrer dans la catégorie des kei-cars au Japon (moins de 3,40 m). D’ailleurs, on y retrouve des ressemblances assez troublantes avec une kei-car bien connue : le Suzuki Jimny.

Un air de Suzuki Jimny

Le Vinfast VF3 a des airs de Suzuki Jimny. Certes, il n’a pas les optiques rondes à l’avant, mais avec son capot droit et haut, son pare-brise vertical, ses ailes élargies et ses jantes en tôle, on ne peut nier la ressemblance avec le petit baroudeur de Suzuki tant apprécié. Et il faut l’avouer, le Vinfast VF3 dégage lui aussi un certain charme, surtout dans cette teinte rose rappelant celle d’un iPhone.

Vinfast VF3 // Source : Timothé Lambert / AMAM France

On note tout de même quelques différences, comme le hayon qui s’ouvre vers le haut et non comme une porte battante, un choix plus pratique pour un usage urbain. Si Vinfast a pu opter pour ce type d’ouverture, c’est parce que, contrairement au modèle japonais, le VF3 ne possède pas de roue de secours à l’arrière. Un détail qui trahit le fait que ce mini-SUV électrique n’a pas de vocation tout-terrain, mais bien une orientation 100 % urbaine.

Pour la ville uniquement

Même si le style évoque celui d’un tout-terrain, la vocation du véhicule est résolument urbaine. Cela se reflète dans ses dimensions compactes, mais surtout dans le choix de sa motorisation.

Sous le capot avant, on trouve un moteur de seulement 43 chevaux, associé à une petite batterie de 18,6 kWh. Le constructeur annonce une consommation inférieure à 9 kWh/100 km en cycle NEDC, permettant une autonomie allant jusqu’à 210 km. En cycle WLTP, la norme de référence en Europe, l’autonomie attendue chute à environ 160 km.

Cette fiche technique limite donc clairement l’usage du Vinfast VF3 à des environnements très urbains. On l’imagine difficilement sur autoroute, en raison de son moteur peu puissant, de sa batterie modeste et de sa vitesse maximale limitée à 100 km/h. Et, vu ses dimensions, on ne se verrait pas rouler beaucoup plus vite ! La puissance de charge est elle aussi contenue : limitée à 12 kW, elle permet une recharge de 10 à 70 % en 36 minutes.

Un habitacle minimaliste

Le Vinfast VF3 se veut également abordable. Cela se remarque dès l’habitacle : les rétroviseurs ne sont pas réglables électriquement, les plastiques sont durs sur l’ensemble du véhicule, il n’y a pas de commandes au volant, et les glissières de sièges sont dissimulées par un simple morceau de tissu identique à la sellerie. La banquette arrière est non fractionnable mais bien rabattable, et les rangements sont rares à bord.

Autre spécificité, on retrouve une position de conduite très droite, qui n’est pas sans me rappeler celle du Suzuki Jimny. Décidément …

Vinfast VF3 // Source : Numérama / Raphaëlle Baut

La voiture est conçue pour accueillir quatre passagers, idéalement deux adultes à l’avant et deux enfants à l’arrière, même si deux adultes peuvent prendre place sur la banquette arrière pour de courts trajets.

Vinfast VF3
Vinfast VF3 // Source : Numérama / Raphaëlle Baut

Toutes ces concessions sur le confort et la qualité de finition ont l’avantage de permettre un prix très attractif. On parle d’un tarif de 8 800 euros au Vietnam avec la location de la batterie, et de 11 700 euros pour une version avec batterie achetée. Et la formule semble fonctionner en Asie : la marque vietnamienne a écoulé plus de 13 000 exemplaires du Vinfast VF3 sur son marché local.

Coffre ou places arrière, il faut choisir avec le Vinfast VF3 // Source : Numérama / Raphaëlle Baut

Un avenir en Europe ?

Cette présentation lors des eTrophées de l’AMAM marquait une première apparition du modèle en France. Vinfast est actuellement en train d’analyser les différentes options pour lancer le VF3 dans l’Hexagone, et plus largement en Europe. Mais au-delà des contraintes liées aux normes européennes, cette petite voiture singulière peut-elle réellement trouver sa clientèle ?

Si l’on observe le marché actuel, marqué par la disparition progressive des micro-citadines au profit de modèles légèrement plus grands et plus polyvalents en dehors des centres-villes, on pourrait penser que le Vinfast VF3 aura du mal à séduire.

Mais d’un autre côté, il n’existe plus aujourd’hui de véhicules aussi compacts, spécifiquement pensés pour une clientèle urbaine désireuse de se faufiler et de se garer dans des espaces réduits. Reste que l’usage de la voiture en ville est de plus en plus contraint en Europe, ce qui pourrait freiner l’intérêt pour un modèle strictement dédié à cet environnement.

Vinfast VF3 // Source : Timothé Lambert / AMAM France

Et comme souvent avec les voitures électriques venues d’Asie, son succès dépendra largement de sa capacité à contenir son prix. Il ne serait pas surprenant de voir le tarif du Vinfast VF3 approcher les 20 000 euros en cas de commercialisation européenne. Ce qui le placerait au-dessus de modèles comme la Citroën ë-C3, la Fiat Grande Panda ou encore la Dacia Spring, trois citadines non seulement plus grandes, mais aussi plus polyvalentes, grâce à des moteurs plus puissants et des batteries offrant une meilleure autonomie.

Les derniers articles