Pourquoi la Chine finance les achats de smartphones et comment Xiaomi en profite

Qui finance et qui en profite ?

 
42 millions de Chinois ont profité des subventions smartphone en 8 semaines. Une manne qui fait les affaires de Xiaomi, mais qui cache un piège à long terme.
Xiaomi Redmi Note 13 // Source : Chloé Pertuis – Frandroid

Vous ne le savez peut-être pas, mais l’État chinois finance actuellement l’achat de millions de smartphones. Depuis janvier 2025, Pékin rembourse 15 % du prix des téléphones, tablettes et montres connectées. Une mesure qui cartonne… et qui inquiète.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 42 millions de Chinois ont utilisé ces subventions en deux mois seulement. Total des ventes générées ? 67 milliards de yuans, soit 9 milliards d’euros. Le marché du smartphone chinois a bondi de 26 % sur la période.

Comment ça marche ?

Le principe est simple. L’État rembourse 15 % du prix d’achat, jusqu’à 500 yuans maximum (60 euros). Condition : l’appareil doit coûter moins de 6000 yuans (800 euros). Autant dire que ça concerne la majorité des smartphones vendus en Chine.

Toutes les marques en profitent, chinoises comme étrangères. Mais les marques locales tirent mieux leur épingle du jeu grâce à leurs prix déjà compétitifs. Un Redmi à 2000 yuans devient encore plus attractif face à un iPhone à 5000 yuans.

Le financement ? L’État central et les gouvernements locaux sortent le chéquier. Les distributeurs avancent la remise, puis se font rembourser par l’administration. Un système rodé qui fonctionne sans accroc.

Xiaomi surfe sur la vague

Personne ne profite mieux de cette aubaine que Xiaomi. La marque a repris la première place en Chine, devançant même Apple qui dégringole au cinquième rang. Ses modèles Redmi Note 13 et Redmi 13C totalisent 13 millions de ventes au premier trimestre.

Les résultats financiers suivent : +47 % de chiffre d’affaires pour atteindre 111 milliards de yuans. Le bénéfice net bondit de 65% à 10,7 milliards de yuans. Des performances dopées par les subventions étatiques.

Xiaomi a parfaitement calibré son offre pour ces aides. Ses smartphones haut de gamme abordables collent pile dans la fourchette subventionnée. Une stratégie payante qui booste artificiellement ses parts de marché.

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Une arme à double tranchant

Mais cette manne n’est pas éternelle. Les subventions chinoises ont toujours une date de fin, même si elle n’est pas encore annoncée. Et là, le réveil risque d’être brutal pour les marques qui en dépendent.

L’histoire récente l’a montré avec les voitures électriques. Quand les aides gouvernementales se sont réduites, certains constructeurs ont vu leurs ventes s’effondrer du jour au lendemain. Le marché des smartphones pourrait connaître le même sort.

Pire : les consommateurs s’habituent à ces prix artificiellement bas. Quand les vraies factures reviendront, beaucoup reporteront leurs achats. Le marché risque une chute aussi spectaculaire que sa hausse actuelle.

Pourquoi Pékin ouvre les vannes

Cette générosité cache une stratégie plus large. La Chine veut relancer sa consommation intérieure, en berne depuis la crise Covid. Les ventes de smartphones avaient chuté de 26 % depuis 2020. Les subventions sont un électrochoc pour réveiller le marché.

Objectif numéro deux : réduire la dépendance aux exportations. Avec les tensions commerciales américaines, la Chine mise sur son marché domestique. Faire consommer les Chinois plutôt que de dépendre des clients étrangers.

Enfin, soutenir les champions nationaux face à la concurrence internationale. Apple recule, Xiaomi progresse. Mission accomplie pour Pékin, qui voit ses marques locales reprendre du terrain.

Les risques de la dépendance

Cette politique soulève des questions sur la santé réelle du marché. Les performances actuelles de Xiaomi reflètent-elles une demande naturelle ou un artifice comptable ? La réponse viendra quand les robinets se fermeront.

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Le risque existe d’une bulle artificielle. Des ventes gonflées par l’argent public, des bénéfices dopés par des subventions temporaires.

Les subventions chinoises créent donc un paradoxe. Elles boostent spectaculairement les ventes à court terme, mais fragilisent le marché à long terme. Xiaomi en profite aujourd’hui, mais devra prouver sa résilience demain. Le vrai test viendra quand l’État chinois fermera le robinet.


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