Augmentation des prix de l’électricité, pourquoi ? Et comment réagir ?

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Bien que le gouvernement se veuille rassurant, nous avons droit à une nouvelle hausse de prix de 10 % en août après les 15 % de février. Or, il semblerait que cette évolution ne soit pas due à des phénomènes extérieurs, mais bel et bien au marché hexagonal. Nous vous détaillons ici le pourquoi de cette hausse, et surtout comment en limiter l’impact.

Ce 1er août 2024, la France connaîtra une augmentation de 10 % du prix réglementé de l’électricité. Une nouvelle hausse malgré un bouclier énergétique censé protéger les consommateurs et la promesse du gouvernement que les tarifs de cette énergie ne devraient pas progresser de plus de 15 % en 2023. Or, le tarif réglementé a déjà subi une augmentation de 15 % au 1er février 2023, ce qui nous fait presque 30 % sur l’année…

Un bouclier pas si protecteur

Depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, les prix de l’énergie explosent. Ainsi, avant le conflit, les prix de l’électricité se situaient entre 50 et 70 euros du Mégawatt-heure contre 90 à 200 euros actuellement et nous sommes passés par des pointes à 1 000 euros le Mégawatt-heure !

Les Français ont beaucoup moins subi ces aléas grâce au bouclier tarifaire mis en place dès les débuts du conflit Russo-Ukrainien en 2022. Ce dispositif permet de geler le tarif réglementé de vente et de limiter les augmentations qui ont parfois dépassé les 50 % en un an chez nos voisins européens. Actuellement, selon Bercy, le gouvernement prend en charge environ 37 % de la facture des Français et Emmanuelle Wargon, présidente de la Commission de Régulation de l’Énergie (CRE), assure que, sans ce bouclier, notre facture aurait augmenté de 99 %.

Toutefois, le gouvernement annonce que le bouclier tarifaire sera abandonné en 2025. Selon le gouvernement et la CRE, la dernière augmentation n’est pas en lien avec les aléas du marché européen de l’énergie. Cette hausse des tarifs de l’électricité en France s’appliquera à tous les ménages, commerçants, artisans, petites TPE avec une puissance des compteurs allant jusqu’à 36 kVa (kilovoltampères). Ce qui devrait alourdir la facture moyenne des Français de 160 euros par an.

Bien qu’aucune nouvelle hausse ne soit prévue avant le 1er février 2024, de nouveaux foyers risquent de rejoindre ceux qui vivent déjà dans la précarité énergétique. Aujourd’hui, selon l’ADEME, les 20 % des ménages les plus pauvres consacrent à l’énergie une part de budget 2,5 fois plus élevée que les 20 % les plus riches.

Augmenter pour assurer l’avenir ?

Alors que sur le plan tarifaire de l’électricité de gros semble se stabiliser, à défaut de baisser réellement. Selon le CRE cette augmentation trouve ses origines plus sur le plan intérieur qu’extérieur.

Ainsi, une partie de la hausse est due à l’augmentation des coûts d’approvisionnement en électricité. Dans le cadre du développement des énergies renouvelables, il faut agrandir et rénover le réseau de distribution. Ces dépenses sont réunies autour du TURPE qui représente 30 % de sa facture et augmente de 6,51 % au 1er août.

Ensuite, nous avons les coûts de commercialisation d’EDF qui augmentent suite aux dépenses liées à la crise sanitaire, comme l’entretien des centrales nucléaires. Une hausse des impayés chez les particuliers est également mise en avant par le CRE.

Enfin, sur les 15 années à venir, Enedis estime qu’il va devoir investir 69 milliards d’euros et RTE plus de 30 milliards d’euros. Et, d’ici à 2035, ce chiffre atteint 33 milliards d’euros pour RTE et environ 100 milliards d’euros d’ici à 2040 pour Enedis. Des sommes faramineuses, qui représentent deux à trois fois plus le budget prévu pour la construction des six futurs EPR (entre 52 et 56 milliards d’euros).

Cela souligne surtout les énormes besoins en financement, que les contraintes européennes ne facilitent pas. Comme le marché européen de l’électricité indexé sur le prix du gaz, ce qui reste une aberration dans un pays dans lequel le mix énergétique électrique est plus que majoritairement nucléaire. Ajoutez à cela l’obligation faite à EDF de brader une partie de son énergie au profit des opérateurs alternatifs. Une situation qui devra évoluer, car les consommateurs ne pourront pas supporter seuls les investissements à venir. Bonne nouvelle : a priori, il s’agit de la dernière augmentation de l’année, mais le 1er janvier 2024 est une tout autre histoire…

Comment réagir face à cette augmentation ?

Face à cette nouvelle augmentation et si vous ne l’avez pas déjà fait, prenez le temps de surveiller et d’analyser votre consommation via l’application de votre fournisseur d’énergie. Après cela, vérifier que votre contrat est bien en adéquation avec vos usages énergétiques.

Cela fait, vous pouvez maintenant comparer les offres des différents opérateurs du marché. Sachant que la référence reste EDF, l’opérateur historique, avec son tarif réglementé de l’électricité. Attention, la majorité des opérateurs en France ne produisent pas d’électricité et s’approvisionnent chez EDF à des tarifs scandaleusement bas et sur le marché européen de l’énergie. Soyez donc attentifs aux termes du contrat et des garanties proposées au niveau des tarifs au Kilowatt-heure. De plus, analyser les offres en heures creuses afin de vérifier si elles peuvent vous aider à limiter vos dépenses.

Ensuite, vous pouvez agir au quotidien, par exemple en réalisant une rénovation énergétique, en éteignant les appareils en veille ou encore en privilégiant les appareils les moins énergivores. Vous pouvez également consulter les différents articles dédiés à l’énergie et comment l’économiser :

Une autre alternative est d’installer des panneaux solaires pour l’autoconsommation, si l’investissement n’est pas anodin, il ne pourra être que rentable sur la durée et vous vous aidez à supporter les futures hausses qui s’annoncent inévitables.


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