
Selon une étude publiée en 2022, la production mondiale de plastique est passée de deux millions de tonnes en 1950 à près de 450 millions en 2020. Rien d’étonnant donc à ce que des quantités énormes de ces déchets finissent dans les décharges et les océans, faute de solutions industrielles réellement efficaces. Car même si le recyclage se développe, il reste très loin d’être suffisant.
Associations, entreprises, chercheurs et même des particuliers cherchent ainsi des moyens pour gérer ces déchets. Julian Brown, un jeune de 21 ans, résident d’Alabama aux Etats-Unis, est parmi ceux qui veulent agir pour faire face à ce fléau du 21e siècle.
L’idée qu’il essaie de mettre en œuvre : transformer les déchets plastiques ménagers en carburant qu’il a appelé « plastoline ». Ce carburant fait parler de lui sur les réseaux sociaux et dans les médias locaux, jusqu’à attirer l’attention des médias internationaux comme Forbes.
Mais cette technologie constitue-t-elle réellement une avancée ou est-ce juste un phénomène popularisé par les réseaux sociaux ? Nous avons creusé la question.
Comment le fameux carburant est-il fabriqué ?
La transformation des déchets en carburant s’effectue par pyrolyse, un concept qui n’est pas nouveau. C’est un procédé consistant à porter une matière à très haute température en l’absence d’oxygène dans l’objectif de la décomposer en plusieurs sous-produits. Pour son projet, Julian Brown utilise un réacteur pyrolytique à micro-ondes qu’il a fabriqué lui-même.
Cette machine fonctionne grâce à des magnétrons recyclés (des tubes convertissant l’électricité en micro-ondes) alimentés par un générateur et des panneaux solaires.



Voici le SolarFlow 2400 AC de Zendure, un dispositif onduleur + batterie qui combine stockage, alimentation de secours et optimisation énergétique. Il est simple à installer et réduit votre facture d’électricité.
Les déchets plastiques placés dans le réacteur sont chauffés durant plusieurs heures, fondent et se décomposent pour former une substance noire et visqueuse, un produit brut. Vient ensuite l’étape du raffinage qui, ici, se résume à un processus de distillation sous vide, en utilisant un simple aspirateur d’atelier. Le liquide ainsi distillé devient ce qu’il appelle alors du « plastoline », une alternative au diesel.
Qu’en est-il de la qualité ?
Julian a déjà présenté publiquement son invention lors d’une démonstration au Texas, en faisant rouler un vieux camion grâce à ce diesel dérivé du plastique. Malgré ce succès, des inquiétudes persistent encore quant aux effets réels de ce carburant sur les performances et la longévité des moteurs.
Pour répondre à la question de la qualité, le jeune homme a testé son produit. Dans l’une de ses vidéos YouTube, il a soumis un échantillon de plastoline à ASAP Labs, un laboratoire spécialisé dans l’analyse des carburants. Les résultats ont été plutôt prometteurs.
Un des professionnels du laboratoire affirme avoir été « agréablement surpris par la propreté du diesel obtenu à partir du plastique, malgré une couleur sombre et orangée indiquant généralement une teneur élevée en soufre ». De plus, à en croire la vidéo, l’analyse révèle que la plastoline présente un profil hydrocarbure typique du diesel classique.
Des composants douteux ?
Si après les tests faits par ASAP Labs, la qualité du produit semblait bonne, un autre scientifique a émis un point de vue, cette fois, moins encourageant. Julian Brown a effectivement envoyé des échantillons de son produit à Ben Katz, un youtubeur et chimiste professionnel qui anime une chaîne de vulgarisation scientifique appelée Mass Spec Everything. Dans son émission, ce dernier analyse des substances grâce à des outils de chimie sophistiqués. Via une technique scientifique appelée GC-MS (chromatographie en phase gazeuse couplée à la spectrométrie de masse), il a découvert chez les échantillons des composants assez inquiétants.
Le chimiste a trouvé des niveaux élevés de styrène et d’autres composés du groupe BTEX (toluène, éthylbenzène, xylène). Certaines de ces substances sont toxiques, d’autres volatils et inflammables, et d’autres encore ne devraient pas être présentes dans les carburants.
« Je ne veux pas nier votre travail acharné, votre esprit scientifique et votre dévouement pour toutes les grandes choses que vous faites. En tant que chimiste analytique qui a accès aux données réelles, je vous encourage à la prudence… Je suis juste un peu inquiet pour votre sécurité », a-t-il affirmé en s’adressant au jeune porteur du projet.

La question de la sécurité du produit et du procédé de fabrication semble légitime compte tenu de ces révélations. À noter que Julian fabrique le carburant dans son arrière-cour, souvent sans équipement de protection adéquat ni cadre réglementaire strict.
Le produit est-il exploitable ?
Conclusion, le produit semble prometteur au regard des résultats positifs obtenus par ASAP Labs. L’idée est là, mais d’importants ajustements techniques et environnementaux devraient être mis en place pour que cette solution soit considérée comme viable.
Parmi les améliorations possibles, on peut par exemple parler d’une solution pour bien maîtriser les émissions toxiques issues de la pyrolyse, car en l’état, sans filtration ni confinement, les vapeurs émises peuvent être nocives pour la santé et l’environnement.
Un suivi régulier de la composition chimique du carburant, de sa stabilité, de sa qualité et de ses impacts environnementaux et mécaniques serait aussi essentiel. Et un encadrement scientifique minimal, même à petite échelle, permettrait de valider certains résultats, d’améliorer le procédé, et peut-être de le rendre réellement exploitable.
Du côté de la science, une récente étude de 2023 indique que « les mélanges de diesel dérivés de plastique ont produit moins d’émissions de particules que le diesel à très faible teneur en soufre. Par conséquent, jusqu’à 20 % au moins des mélanges de diesel dérivé de plastique testés dans cette étude peuvent être utilisés comme carburant alternatif pour le diesel à très faible teneur en soufre. D’autres études devraient être menées pour tester plus de 20 % de mélanges de diesel dérivé de plastique et parvenir à une conclusion« .
Dit autrement : la technologie est loin d’être prête, mais les chercheurs se penchent dessus pour certains usages et certains moteurs.
Envie de rejoindre une communauté de passionnés ? Notre Discord vous accueille, c’est un lieu d’entraide et de passion autour de la tech.
Ce contenu est bloqué car vous n'avez pas accepté les cookies et autres traceurs. Ce contenu est fourni par Disqus.
Pour pouvoir le visualiser, vous devez accepter l'usage étant opéré par Disqus avec vos données qui pourront être utilisées pour les finalités suivantes : vous permettre de visualiser et de partager des contenus avec des médias sociaux, favoriser le développement et l'amélioration des produits d'Humanoid et de ses partenaires, vous afficher des publicités personnalisées par rapport à votre profil et activité, vous définir un profil publicitaire personnalisé, mesurer la performance des publicités et du contenu de ce site et mesurer l'audience de ce site (en savoir plus)
En cliquant sur « J’accepte tout », vous consentez aux finalités susmentionnées pour l’ensemble des cookies et autres traceurs déposés par Humanoid et ses partenaires.
Vous gardez la possibilité de retirer votre consentement à tout moment. Pour plus d’informations, nous vous invitons à prendre connaissance de notre Politique cookies.
Gérer mes choix