Fin avril, l’Espagne avait fait la une des médias après une panne électrique majeure. Pour expliquer cet incident, le gouvernement avait évoqué un déséquilibre localisé de tension qui, par réaction en chaîne, a fini par faire effondrer tout le système. Et si la France pouvait, elle aussi, être touchée par un scénario similaire ?
Il s’avère effectivement que l’Hexagone n’est pas totalement à l’abri des coupures géantes d’électricité. En témoigne un incident survenu le 1er avril dernier, soit quelques semaines avant le black-out de la péninsule ibérique, quand le réseau français avait frôlé de justesse un délestage.
9 gigawatts débranchés du réseau
Xavier Piechaczyk, président de RTE, s’est exprimé il y a quelques jours lors du colloque annuel de France Renouvelables. Il a révélé l’incident survenu le 1er avril à 13 heures, jour où le réseau électrique français a subi un choc majeur lorsque plusieurs centrales renouvelables ont été brutalement arrêtées. En l’espace de quelques minutes, 9 gigawatts, soit l’équivalent de la puissance de neuf réacteurs nucléaires, ont été déconnectés du réseau.
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Cette chute soudaine a provoqué des sauts de fréquence, un paramètre qui doit normalement rester stable pour garantir l’équilibre du réseau. De telles fluctuations ne peuvent pas être gérées par le réseau, et risquent de mettre en danger la continuité de l’alimentation et de provoquer une panne généralisée.
Un manquement de la part des producteurs ?
Si ces centrales ont cessé leur production, c’est parce que le prix du marché était passé en territoire négatif. Pour cause : l’électricité était trop abondante, faute de demande suffisante. À ces moments, les producteurs préfèrent arrêter leurs installations plutôt que de payer pour injecter leur courant dans le réseau. Les restrictions de production sont un phénomène assez courant, sauf que, ce jour-là, les producteurs ont omis de prévenir RTE de leur intention d’arrêter leurs centrales.
Les règles sont pourtant claires : pour les installations au-delà de 1 mégawatt, les exploitants sont tenus de fournir à RTE un calendrier de leur courbe de programmation de production. La majorité d’entre eux, cependant, ne respectent pas cette obligation, un manquement qui a failli provoquer un effondrement du réseau.
En réalité, avant que le réseau ne s’effondre, RTE aurait pu réaliser un délestage : c’est-à-dire couper le courant à des milliers (voire des millions) de foyers à travers la France, pour rétablir l’équilibre du réseau. Ce qui aurait provoqué un black-out pour ces foyers.
Un système de plus en plus fragile
La situation rappelle une fois de plus la fragilité croissante du réseau électrique à mesure que la part des énergies renouvelables augmente dans le mix. En effet, si les restrictions de production sont inévitables, elles semblent toutefois de plus en plus fréquentes. Au cours du premier semestre de cette année, 2 000 gigawattheures (GWh) d’électricité ont été gaspillés en raison de l’arrêt quotidien de plusieurs centrales, contre 1 100 GWh sur la même période en 2024.
Pour réduire ce gaspillage et préserver l’équilibre du réseau, la production des énergies renouvelables, l’électrification massive des usages et les mises à niveau du réseau doivent évoluer en parallèle.
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