« Une grosse faille » : comment cette erreur de l’Europe a provoqué une arrivée massive des voitures hybrides chinoises

 
Face à l’invasion de voitures électriques chinoises, l’Europe a décidé de mettre en place des droits de douane punitifs. Mais il semblerait que cette mesure ait en fait eu l’effet inverse, alors que les ventes d’autos de l’Empire du Milieu ne cessent de grimper sur le Vieux Continent.
BYD Dolphin Surf // Source : BYD

Cela fait depuis un moment que l’on entend parler de la menace des constructeurs chinois en Europe. Les experts avaient d’ailleurs tiré la sonnette d’alarme, affirmait que notre continent allait bientôt devenir un simple importateur. C’est ainsi que Bruxelles avait annoncé plusieurs mesures, dont la mise en place de droits de douane.

Pas vraiment l’effet attendu

Ces derniers sont avaient été décrits comme une sanction contre les constructeurs chinois, accusés de concurrence déloyale. Ces derniers auraient bénéficié de subventions de la part de leur gouvernement, afin de tirer vers le bas les prix de leurs voitures en Europe.

Les taxes punitives mises en place par Bruxelles avaient pour but de les défavoriser et de leur mettre des bâtons dans les roues. Pour mémoire, ces dernières ne concernent que les autos électriques produites en Chine. Et rapidement, les marques visées ont trouvé des solutions pour les contourner.

On pense à BYD, qui a notamment mis l’accent sur les modèles hybrides rechargeables, dont la Seal U DM-i qui se vend particulièrement bien. Car le SUV n’est pas concerné par les droits de douane. En parallèle, le numéro 1 mondial de la voiture électrique va produire ses véhicules zéro-émission (à l’échappement) en Europe. Et le site Automotive News Europe nous confirme que la nouvelle taxation n’a en fait aucun impact sur les ventes de voitures chinoises, au contraire. Pour mémoire, cette dernière peut atteindre les 35 %, en plus des 10 % déjà en vigueur avant.

Et comme dit plus haut, ce sont les hybrides rechargeables qui sortent grands gagnants. Car les ventes de ces autos par des marques chinoises ont doublé en octobre 2025 par rapport à 2024. Et désormais, leur part de marché atteint 7 % en Europe. Les immatriculations devraient atteindre les 700 000 unités sur le continent d’ici à la fin de l’année. Contre 408 000 en 2024. Et pas question pour les marques chinoises de produire ces autos en Europe.

Car la taxe est de seulement 10 %, tandis que les coûts de production en Chine sont 20 à 30 % inférieurs. Autant dire que le calcul est très vite fait. De plus, les constructeurs de l’Empire du Milieu peuvent facilement compenser cette fiscalité, grâce à des marges plus élevées sur notre territoire. Et toutes les marques semblent séduites par cette nouvelle stratégie. Outre BYD, c’est aussi le cas de MG, dont les ventes ont grimpé de 27 % en Europe par rapport à 2024.

Une mesure contre-productive

Et c’est la même chose pour de nombreux autres constructeurs, tels que Chery, GAC ou encore Xpeng. Si le premier produit ses autos en Europe, ce n’est pas le cas des autres. Par exemple, Leapmotor avait démarré la fabrication de sa petite citadine T03 sur le Vieux Continent, avant de changer d’avis. Cependant, ce sera le cas du SUV B10, qui sera assemblé en Espagne. Si Bruxelles avait voulu pénaliser les marques chinoises, elle a finalement fait tout le contraire. Et les chiffres le prouvent.

L’Empire du Milieu représente actuellement pas moins de 38 % du marché mondial, avec plus de 8,64 millions de voitures vendues rien qu’en octobre. Soit une hausse de 4 % par rapport à 2024. Sur l’ensemble de l’année 2025, la Chine a écoulé 79,25 millions de véhicules, tous constructeurs confondus. Et Philippe Houchois, directeur général de Jefferies à Londres déplore la stratégie de Bruxelles. Car l’UE a opté pour une sanction sélective, en imposant des droits de douane différents à différents constructeurs automobiles et en se concentrant uniquement sur les véhicules électriques.

Xpeng G6 (2025) // Source : Jean-Baptiste Passieux – Frandroid

Or, ce dernier explique que cette décision « a créé une brèche importante pour les véhicules hybrides complets et même pour les hybrides venant de Chine ». Un non-sens, alors que Bruxelles avait affirmé vouloir prendre des mesures fortes pour se protéger des Chinois. Car environ deux tiers des autos venues de l’Empire du Milieu n’ont été soumises qu’à une taxe de seulement 10 %. Et cela ne devrait pas changer dans l’immédiat selon l’analyste.

Ce dernier rappelle que les Etats-Unis ont quant à eux des droits de douane de 100 % sur l’intégralité des voitures venues de Chine. Et ce quelle que soit leur motorisation.


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