« Nous devons être moins naïfs » : comment l’Europe veut se protéger des voitures électriques chinoises

 
Alors que de plus en plus de constructeurs chinois font leur arrivée en Europe, Bruxelles veut prendre des mesures fortes pour dissuader ces marques de vendre leurs voitures électriques sur le continent.
BYD Sealion 06 // Source : BYD

Les constructeurs automobiles chinois ne veulent plus se contenter de vendre des voitures chez eux. Désormais, et depuis quelques années déjà, ils ont à cœur de se faire une place sur d’autres marchés clés. Et tout particulièrement en Europe, profitant du développement rapide de l’électrique, sous l’impulsion de Bruxelles.

Protéger l’industrie européenne

C’est donc dans ce contexte que des marques comme MG, BYD, Xpeng ou encore Nio débarquent sur le Vieux Continent. Le but ? S’y imposer et grapiller des clients aux constructeurs plus traditionnels. Et ça fonctionne, notamment pour BYD, qui est actuellement le leader mondial de la voiture électrique. Ce dernier cartonne aussi en Europe, où il compte bien rester pour les années à venir. Mais tout cela ne plaît pas du tout à Bruxelles, qui accuse les entreprises venues de l’Empire du Milieu de concurrence déloyale.

Après avoir mené une enquête sur les subventions accordées par le gouvernement chinois, la Commission a décidé de mettre en place des droits de douane. Cette taxe concerne toutes les autos électriques produites en Chine. Ainsi, les constructeurs ont décidé de commencer à construire des usines en Europe. Mais là encore, Bruxelles ne voit pas cela d’un bon œil du tout. Et ce alors que les experts tiraient déjà la sonnette d’alarme depuis plusieurs années. Ils estiment en effet que l’Europe va devenir un simple importateur de voitures prochainement.

Et la Commission Européenne ne veut pas laisser passer ça. C’est ce qu’a confirmé Stéphane Séjourné, chef de l’industrie du bloc, relayé par Automotive News Europe. Et ce dernier ne mâche pas ses mots, bien au contraire. Il estime que « si nous n’intervenons pas, dans dix ans, le nombre de voitures produites et vendues en Europe passera de 13 millions à 9 millions ». Avec pour conséquences des disparitions d’emplois. Désormais, la priorité est donc de protéger l’industrie automobile sur notre territoire.

Mais comment faire ? Et bien Bruxelles propose plusieurs solutions. D’abord, le porte-parole indique que l’Europe doit « envisager de diversifier ses exportations et établir de nouvelles règles ». Et l’ancien ministre français des Affaires étrangères pointe du doigt certaines lacunes sur le territoire. Pour lui, « nous devons être moins naïfs et nous aligner sur les standards des principales économies mondiales. Nous sommes le seul continent à manquer de réflexion stratégique en matière de politique industrielle ». Et cela doit très rapidement changer.

Plusieurs propositions

Il est encore possible d’agir avant qu’il ne soit trop tard, car pour l’heure, l’invasion tant redoutée n’est pas encore d’actualité. Cependant, il est vrai que les exportations en dehors de la Chine ne cessent d’augmenter. Désormais, la priorité est de « faire preuve de flexibilité pour atteindre l’objectif d’un arrêt complet des voitures à combustion interne d’ici 2035 ». Car le but est de bannir les autos essence et diesel, sans pour autant ouvrir la porte aux véhicules électriques chinois. Et pour cela, Bruxelles envisage notamment la création d’une nouvelle catégorie.

Baptisée E-Cars, celle-ci serait inspirée des kei cars japonaises, avec notamment une réglementation assouplie. Et ce alors que de nombreux constructeurs militent pour l’arrivée de ces petites autos à bas coût chez nous. Cela pourrait bientôt être le cas. Mais ce n’est pas tout, car l’Union Européenne veut aussi serrer la vis pour les constructeurs chinois qui installent des usines sur le continent. C’est par exemple le cas de BYD, qui en prévoit pas moins de trois. Et cela a du mal à passer.

Xpeng G6 (2025) // Source : Jean-Baptiste Passieux – Frandroid

Car Bruxelles dénonce que « certains constructeurs assemblent des voitures chinoises en Europe avec des composants chinois et du personnel chinois : c’est le cas en Espagne et en Hongrie. C’est inacceptable ». Ainsi, Stéphane Séjourne estime qu’il est nécessaire d’imposer des conditions d’investissement aux marques chinoises. Et ce afin de leur imposer de faire appel à de la main-d’œuvre européenne notamment. Enfin, l’Europe veut aussi diversifier ses fournisseurs de terres rares, afin de réduire sa dépendance à la Chine, qui contrôle une grande partie du marché.


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