Pourquoi les accidents de trottinettes électriques sont aussi graves qu’à moto

 

Une étude française a suivi les cas d’accidents à deux-roues, démontrant que les traumatismes graves sont très fréquents à trottinette électrique et engins de déplacement personnel motorisés comme les gyropodes, monoroues et hoverboards.

Source : Anthony Wonner – Frandroid

C’est (relativement) nouveau dans nos rues, et cela concentre donc l’attention, parfois de manière irrationnelle dans les médias ou dans les esprits. La trottinette électrique a gagné en popularité depuis 5 ans, et très logiquement, les accidents augmentent avec la progression des utilisateurs. Néanmoins, la Sécurité Routière avait déjà alerté sur la hausse inquiétante vis–à-vis du vélo ou de la moto.

De plus en plus de cas… qui restent minoritaires

“Pourtant, il n’existait pas de données sur la traumatologie sévère survenue au décours d’un accident impliquant un usager d’EDPM”, signale l’APHP (hopitaux de Paris). Ainsi, deux de ses membres, ainsi que de la Sorbonne et de l’Inserm, ont publié une étude sur l’accidentologie à trottinette électrique et autres EDPM (gyroroues, hoverboards, etc).

Pour cela, les Dr Arthur James et Mathieu Raux ont engrangé les données de 5 233 patients accidentés de la route à deux-roues sur quatre ans (depuis début 2019 à fin 2022), et parmi 26 établissements. Sans surprise, le nombre de patients liés à la trottinette a presque triplé sur la période (+184 %), de 31 en 2019 à 88 en 2022, allant de pair avec la hausse de la pratique.

Au total, l’étude répertorie 229 cas d’accidents d’EDPM, soit seulement 4,4 % des accidentés, contre 78,2 % à moto ou scooter et 17,4 % à vélo. On apprend aussi que 83 % étaient des hommes, avec une moyenne d’age de 33 ans, proche de la moto, tandis que les admis à vélo sont plus âgés (48 ans).

Beaucoup de cas graves, voire mortels

Au sein de ces personnes gravement blessées, près de la moitié (45,5 %) présentaient des traumatismes sévères. “Ceci constituait des blessures aussi sévères que celles des conducteurs de moto, en dépit d’une vitesse a priori moindre” précise l’APHP. Trois quarts d’entre-eux étaient admis en réanimation, avec 15 jours d’hospitalisation en moyenne.

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Le port du casque obligatoire relancé dans les débats ? – Source // segway.com

Malheureusement, 9 % de ces cas ont entraîné un décès “majoritairement du fait de traumatismes crâniens graves”. Le taux est plus élevé que chez les motards ou scootéristes (5,2 %), mais moindre qu’à vélo (10 %). Cela s’explique facilement par le fait que le port du casque est obligatoire à moto.

L’APHP statue ainsi que “les EDPM sont des moyens de transports qui peuvent être associés à des traumatismes particulièrement sévères, au même titre que les motos ou que les vélos” et “la première cause de mortalité étant le traumatisme crânien”.

Le casque non porté dans un quart des cas

La cause pour les auteurs est “que moins de 25 % des usagers d’EDPM portaient un casque au moment de l’accident”. Les hommes sont aussi plus porteurs (25 %) contre seulement 15 % chez les femmes. Cette conclusion pourrait-elle relancer le débat sur le port du casque obligatoire à trottinette électrique ?

D’autres facteurs sont présentés, comme le taux d’alcoolémie supérieur à 0,5 g/L sur un tiers des cas graves (37 %), et des admissions “plus souvent le soir et week-end”. Rappelons que nombre d’utilisateurs de trottinettes électriques ne possèdent pas d’éclairage la nuit ou de dispositif réfléchissant, pourtant dans le code des trottinettes et autres EDPM.

L’étude conclu par le fait que « la première cause de mortalité étant le traumatisme crânien et la plupart des accidents intervenant dans un contexte d’alcoolémie élevée, cette étude pourrait être utile aux politiques publiques et sanitaires« .


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