« On ne connaît pas leur handicap » : comment des personnes handicapées sont formées aux métiers du vélo

 
L’Association pour l’Insertion et la Réinsertion professionnelle et humaine des Handicapés, plus communément nommée ANRH, était présente au salon Prodays 2025 au travers de sa filière Cycles, tout bonnement appelée ANRH Cycles. L’occasion d’échanger avec Frédéric Bonneroy, directeur d’entreprise adaptée, de ses missions, ses objectifs et son fonctionnement.
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Source : ANRH

Fondée en 1954, l’ANRH (Association pour l’Insertion et la Réinsertion professionnelle et humaine des Handicapés) est une association reconnue d’utilité publique, qui œuvre dans le secteur de l’économie sociale et solidaire. Sa mission principale est l’insertion professionnelle et sociale des personnes en situation de handicap, qu’il s’agisse de handicaps physiques, sensoriels, psychiques ou intellectuels.

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Depuis 2021, existe l’ANRH Cycles, qui a pour objectif de recruter des personnes éloignées de l’emploi, les former au métier de réparateur cycles et de les embaucher ensuite. Une démarche essentielle pour cette catégorie de personnes dont le travail a une véritable valeur et utilité pour la filière.

Les Petits Vélos de Maurice : la genèse

« Au sein de l’ANRH Cycles, on est environ une soixantaine de personnes à travailler. On a une trentaine de clients dans le vélo, et une vingtaine de collaborateurs [des personnes en situation de handicap, NDLR] qui travaillent pour les clients », nous explique Frédéric Bonneroy, directeur d’entreprise adaptée.

« ANRH Cycles, c’est né grâce à une boutique de ventes de vélo, Les Petits Vélos de Maurice, il y a 21 ans, dans le 11e arrondissement, ouvert à tout public, du mardi au samedi », se remémore-t-il. Cette enseigne appartient à l’ANRH. « En sortie de Covid, il y a eu beaucoup de problématiques de pièces détachées et de réparateurs. On s’est dit qu’on allait utiliser les compétences des Petits Vélos de Maurice pour créer notre propre filière de formation ».

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Source : ANRH

Au total, le processus de formation d’ANRH Cycles repose sur trois formations :

  • D’abord au sein de l’école de référence des métiers du sport, le CNPC, sur 6 semaines ; « On l’a adapté en réduisant les travaux en salle, et on a augmenté le nombre d’heure sur site en situation de réparation. Au bout de 150 heures de formation, on a monté nos propres modèles de formation continue ».
  • Ensuite vient la fameuse formation continue susmentionnée, qui permet de suivre des sessions d’actualisation et de rappel des connaissances et compétences ; « Elle est constituée de 8 modules d’une journée chaque année : frein, dérailleur, direction, roue, kit chaîne, freinage hydraulique, vélo électrique et gestion relation/client ».
  • Enfin un accompagnement psychologique et social adapté, afin de maximiser les chances d’insertion durable dans le monde du travail ; « On a des chargés d’insertion dans les établissements, ils sont là pour accompagner la personne, et on met à disposition un psychologue ou une assistance sociale, c’est nous qui les payons ».

Une offre commerciale sur 4 volets

L’ANRH Cycle a constitué une offre commerciale basée sur quatre socles, et répond même à des appels d’offres pour remporter des marchés sur un nombre d’années définis. Son offre se décline de la manière suivante :

  • Révision des vélos des salariés : « On se déplace sur les sites des entreprises, et on révise par exemple entre 20 et 25 vélos. C’est un contrat avec l’entreprise ».
  • Entretien et réparation de flottes de vélos : « On a démarré ça sur Ivry il y a 1 an. On répare les Véligos, entre 15 et 20 vélos par semaine notamment. On répare aussi les vélos de la Mairie de Paris qui vont dans les centres aérés, ça fait environ 300 vélos à l’année ». ;
  • Prestation d’opérateurs cycles : « On a beaucoup travaillé avec Decathlon au début. Une fois les personnes formées, on les positionne directement dans les ateliers de réparation ».
  • Vente et réparation de vélos auprès du grand public, proposée par la fameuse boutique des Petits Vélos de Maurice depuis plus de 20 ans.
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Source : ANRH

« On a formé une quarantaine de collaborateurs depuis 2021, et on ambitionne de faire une nouvelle session de formation en octobre. Au total, une session de formation c’est 8 personnes », poursuit notre interlocuteur.

À noter que les salariés de l’association ANRH Cycle ne connaissent pas la nature du handicap de chaque personne formée. « On connaît les préconisations médicales par contre, s’il faut éviter le port de charge lourde par exemple, s’il lui est impossible de travailler debout ou bien dans le bruit. Mais sinon, c’est du secret médical ».

Et de poursuivre : « On adapte aussi les postes de travail : si un collaborateur a une déficience visuelle, on achète des loupes », nous explique-t-on.

Quelles sources de financement ?

L’ANRH Cycle se finance de plusieurs manières. Déjà, les formations sont payantes, mais aident, in fine, un certain nombre de personnes à se réinsérer dans le marché du travail. Ensuite, l’association touche des aides importantes de l’État « On a une aide aux postes, et en tant qu’entreprise adaptée, on doit avoir 55 % de personnes en situation de handicap dans nos effectifs », poursuit Frédéric Bonneroy.

D’ici 2 ans, l’ANRH Cycles ambitionne d’ouvrir au moins deux nouveaux ateliers, d’identifier les villes à même d’accepter des lancements de projets ou encore de trouver de nouveaux financements auprès de mécènes locaux ou nationaux.

L’activité de l’association est en tout cas un maillon essentiel pour créer et maintenir le lien entre la filière du cycle et les personnes en situation de handicap en recherche de formation et d’emploi.


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