Tesla fait régulièrement la Une de l’actualité automobile, souvent pour les bonnes raisons, mais pas toujours. Imaginez : vous êtes sur l’autoroute et votre voiture freine (ou ralentit) brusquement, sans prévenir. Ce problème, connu sous le nom de « freinage fantôme », est la hantise des propriétaires de Tesla et de nombreuses vidéos sur Internet font état de ce problème.
Précisons d’emblée : le freinage fantôme peut survenir avec n’importe quelle voiture, qu’elle soit électrique ou thermique. Mais c’est davantage le cas sur les modèles électriques, puisqu’ils sont souvent neufs et donc bardés d’aides à la conduites, qui sont les fautives dans l’histoire.
La NHTSA (National Highway Traffic Safety Administration), l’agence fédérale américaine chargée de la sécurité routière, a reçu suffisamment de plaintes concernant ce phénomène pour lancer une enquête officielle en 2022. Si l’on ajoute à cela le dépôt d’une demande d’action collective, il semblerait que ce souci prenne encore de l’ampleur d’ici ces prochains mois.
Le freinage fantôme, qu’est-ce que c’est ?
C’est un problème que l’on incombe qu’à Tesla, mais en réalité, il concerne aussi d’autres constructeurs, notamment Honda sur certains modèles aux États-Unis et plus précisément des CR-V et Accord de 2018 et 2019 qui peuvent freiner sans raison. La Mercedes Classe E est également pointée du doigt, tout comme la Volvo S60 ou encore la Nissan Rogue. Dans ce dernier cas, 750 plaintes ont été déposées à la NHTSA, dont 12 avec une collision causée par le freinage d’urgence.
Si ce problème est surtout lié à Tesla, c’est aussi parce que la communauté autour de la marque est très active sur Internet. Ce problème a longtemps été évoqué, mais Elon Musk, le PDG de Tesla, a aussi longtemps fait la sourde oreille, avant qu’il ne déclare que ce serait réglé dans une mise à jour. Malheureusement, à en croire les forums de possesseurs de Tesla, ce problème persiste. Certains propriétaires deviennent même méfiants vis-à-vis de l’Autopilot après quelques mauvaises expériences.
Le freinage fantôme est lié à un problème du système Autopilot, un système globalement au point qui permet au véhicule, grâce à la surveillance des angles morts, le maintien dans la voie, le régulateur de vitesse adaptatif et le freinage d’urgence d’évoluer quasiment en autonomie dans le trafic.
Il y a plusieurs niveaux d’Autopilot. De série, la voiture en est équipée, mais les clients peuvent aussi opter pour l’Autopilot amélioré (en option à 3 800 euros en France) qui ajoute la navigation en Autopilot, le changement de voie automatique ou encore le parking auto, et la capacité de conduite entièrement autonome (7 500 euros) qui englobe toutes les fonctionnalités de l’Autopilot de base et de l’Autopilot amélioré avec, en plus, la reconnaissance et réaction aux feux de signalisation et aux panneaux stop.
C’est une mauvaise interprétation de l’environnement par l’Autopilot qui est à l’origine du freinage fantôme – une décélération rapide et inattendue due à l’Autopilot sans raison apparente. Selon la violence du freinage (la plupart du temps la voiture ralenti brusquement, mais ne réalise pas un véritable freinage d’urgence), cela peut apporter beaucoup d’inconfort aux passagers, et, même si aucun cas de la sorte n’a encore été relevé, aller jusqu’à l’accident si le véhicule qui vous suit est surpris et ne freine pas assez fort.
Pour rappel, le freinage automatique d’urgence a pour but de ralentir ou d’arrêter le véhicule en cas de collision imminente, et cette fonction de sécurité avertit généralement le conducteur en premier lieu, puis, en l’absence de réaction, actionne les freins. Le problème, c’est que certaines Tesla (mais pas que) freinent ou ralentissent, parfois à grande vitesse, de manière apparemment aléatoire, comme si quelque chose avait été détecté sur la route.
L’un des capteurs semblerait identifier un danger potentiel et, par sécurité, déclenche le freinage (ou ralentit fortement selon les situations) pour ne pas percuter ce danger. En réalité, il s’agit parfois simplement d’une ombre ou d’un reflet sur la chaussée.
Quelles sont les voitures concernées par le freinage fantôme ?
Dans un courrier adressé à Tesla le 4 mai 2022, la NHTSA précise : « Le bureau a reçu 758 rapports d’activation inattendue des freins de certains véhicules Model 3 & Y (année-modèle 2021 et 2022). Une copie de chacun de ces rapports est jointe pour votre information ». Le courrier est accessible via ce lien.
Des chiffres qui peuvent paraître élevés, mais dans les faits, ils doivent être encore plus importants puisque tous les clients qui ont pu rencontrer ce souci n’ont pas forcément déposé de réclamation à la NHSTA. L’organisme estime que le nombre de Tesla concernées pourrait être d’environ 416 000, en corrélant notamment le nombre de Tesla concernées en circulation et le nombre de rapports reçus.
L’enquête actuelle concerne donc essentiellement les Tesla Model 3 et Model Y année-modèle 2021 et 2022. Il n’y a visiblement pas de distinction entre les versions Propulsion, Grande Autonomie ou Performance. Aux États-Unis, certains propriétaires de Tesla qui ont rencontré ce problème appellent les autres propriétaires à signaler à leur concessionnaire et à la NHTSA ce souci de freinage fantôme afin de mieux cerner l’ampleur du problème.
Ces derniers mois, les problèmes de freinage fantôme ont été plus nombreux. En tout cas, ils ont été plus nombreux à être déclarés. Le Washington Post a rapporté au début de l’année que les propriétaires ayant alerté les autorités sur ces fameux freinages fantôme étaient beaucoup plus nombreux depuis novembre 2021.
Et pourquoi précisément à partir de cette date ? Cela serait dû à la disparition des radars sur les nouvelles Tesla vendues aux États-Unis à partir du mois de mai 2021, mesure sans doute prise pour faire face à la pénurie de composants, mais masquée derrière une avancée technologique nommée « Tesla Vision ».
En Europe, les radars ont également disparus des nouvelles Tesla à partir du mois d’avril 2022. Pour les Tesla déjà en circulation à cette date, les radars seront progressivement mis de côté, pour se baser uniquement sur les caméras, et le système Tesla Vision. Plus récemment, Tesla a carrément pris la décision de retirer les capteurs ultrasons pour les manœuvres à basse vitesse, pour se focaliser uniquement sur Tesla Vision.
Mais, dans tous les cas, les freinages fantômes avaient déjà lieu même sans Tesla Vision, lorsque l’Autopilot se basait également sur les radars. Difficile donc de dire si le passage au système Tesla Vision a amélioré, ou non, la situation.
Et comme nous l’avons vu plus haut, d’autres constructeurs font également face aux problèmes de freinages fantômes. Virtuellement, toutes les voitures récentes dotées d’un freinage d’urgence un peu trop sensible peuvent connaître ce problème.
Quelles sont les solutions ?
La première, ce serait bien évidemment que Tesla, mais aussi tous les autres constructeurs, corrigent le problème. Tesla ne communique pas vraiment sur le sujet et logiquement, certains propriétaires montent au créneau et intentent un procès à la firme américaine.
Le problème, c’est qu’il semble qu’aucune solution magique ne soit disponible. En effet, en modifiant l’algorithme de détection des obstacles et donc le système de freinage d’urgence, c’est que ce dernier ne s’active pas en cas de besoin. Finalement, qu’y a-t-il de plus dangereux : un freinage d’urgence pour rien, ou pas de freinage d’urgence lorsque c’est nécessaire ?
Comme le relève Adriano Palao, responsable des aides à la conduite au sein de l’organisme européen EuroNCAP, auprès du média Automotive News, supprimer les freinages fantômes en Europe sera très difficile, « à cause de la variété d’infrastructures à travers les pays« . Avant d’ajouter que l’une des solutions est d’utiliser de nombreux capteurs, comme des radars, en plus de LiDAR, de caméras et de machine learning entraîné à réagir face à ces situations ».
Si Tesla utilise bien le machine learning pour améliorer ses aides à la conduite, ce n’est pas le cas de la plupart des autres constructeurs. La firme d’Elon Musk a beaucoup d’avance dans ce domaine. Mais quand il s’agit des capteurs, c’est tout l’inverse. Le milliardaire américain ne veut pas entendre parler des LiDAR et le prouve avec la suppression des radars et capteurs à ultrasons. De quoi rendre encore plus difficile la résolution des problèmes de freinage fantôme ?
Seul l’avenir nous le dira, puisque Tesla reste persuadé que le système Tesla Vision est plus performant que les aides à la conduite, basées sur les caméras assistées de radars. Une voie que ne suivent pas les autres constructeurs, à l’image de Mercedes avec le LiDAR de l’EQS, ou encore Nio et son ET7 dotée d’un LiDAR, mais à la conduite autonome… plutôt hésitante comme nous l’avons vu dans notre essai.
L’EuroNCAP à la rescousse ?
Pour tenter de réduire la survenance des freinages fantômes, l’EuroNCAP souhaite mieux vérifier le comportement des aides à la conduite lors des crash test. De quoi pousser les constructeurs à mettre le paquet sur cette partie pour être sûr d’obtenir les cinq étoiles, signe de la sûreté d’une voiture.
Dans le cas contraire, les conducteurs risquent de désactiver les aides à la conduite, à cause d’une confiance érodée dans ces systèmes. Les conséquences pourraient être fâcheuses, avec un risque d’accident accru à cause de la désactivation de cette intelligence artificielle, pourtant efficace comme le prouvent les chiffres de Tesla.
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