On est monté à bord du Voyah Courage, et on comprend mieux pourquoi personne n’achète cette voiture électrique chinoise Europe

 
Nous avons pu voir en Chine la Voyah Courage qui tente d’attirer l’attention comme ambassadrice de la marque premium électrique de Dongfeng. Pourtant, cette concurrente (autoproclamée) de la Tesla model Y est sur une route très encombrée, malgré sa mise en vente récente en Europe.
Voyah Courage édition 2026 // Source : Voyah

Fondée en avril 2019 par Dongfeng Motor Corporation, Voyah constitue la branche premium électrique de ce géant industriel chinois d’État créé en 1954. La marque se focalise pour le moment sur les catégories à forte croissance de ce secteur, les grands SUVs et les monospaces (MPVs).

Avec 85 697 véhicules vendus en 2024 et un objectif de 200 000 ventes annuelles pour 2025, Voyah peine à se hisser sur le podium, bien que le constructeur ait tout de même livré 17 218 véhicules en octobre 2025, une performance record.

La Voyah Courage phase 2, au salon de Canton, le 21 novembre 2025. // Source : Nicolas Declunder pour Frandroïd

Le Courage est un SUV électrique de 4,81 mètres qui affronte la Tesla Model Y, la BYD Atto 3 ou encore la Luxeed R7 avec des arguments techniques tels que l’architecture 800V, la recharge rapide 5C (440 kW), la technologie de conduite autonome Huawei Qiankun ADS 4 et jusqu’à 650 km d’autonomie CLTC (environ 550 km WLTP).

Lancée en août 2025, cette phase 2 propose trois variantes à partir de 202 900 yuans (24 800 euros). Mais les ventes catastrophiques (11 059 unités en dix mois) et le peu de notoriété en Chine questionnent la viabilité de ce modèle face aux références établies.

Design et dimensions

Les dimensions de 4 810 × 1 900 × 1 636 mm avec empattement de 2 925 mm positionnent la Courage dans la catégorie des SUV électriques mid-size. Son coefficient aérodynamique de 0,26 Cx s’avère correct pour un SUV électrique, mais au-dessus de la Tesla Model Y (0,22) et de la Luxeed R7 (0,219). C’est dommage car avec un poids contenu de 2 175 kg, la Courage aurait pu augmenter son autonomie avec un meilleur Cx. 

Le design de la Courage privilégie la fluidité avec des montants B, C, D cachés créant une silhouette dynamique.  // Source : Nicolas Declunder pour Frandroïd

Intérieur et équipements

L’écran central tactile flottant de 40cm et l’instrumentation de 25cm pour le conducteur sont pilotés par le processeur Qualcomm Snapdragon 8295P sous système HarmonySpace 5. L’afficheur tête haute (HUD) est appréciable sur cette gamme de prix tandis que l’audio Voyah Sound intègre des haut-parleurs dans les appuie-têtes. 

Les sièges avant disposent de chauffage, de ventilation, de massage et des réglages électriques. La sellerie cuir est certifiée OEKO-TEX pour une utilisation avec les personnes ayant des peaux sensibles. Les trois chargeurs sans-fil pour mobiles et les tablettes arrière rabattables complètent une dotation généreuse pour la catégorie tarifaire.

Capacités de chargement

Les volumes de chargement révèlent une bonne optimisation de l’espace disponible. Le coffre offre 652 litres en configuration 6 places, extensible jusqu’à 1 588 litres sièges rabattus. L’aménagement intérieur privilégie la polyvalence avec 35 points de rangement répartis dans l’habitacle, un compartiment privé de 72 litres et un réfrigérateur de 7 litres proposant fonctions chaud/froid.

Cette configuration répond aux besoins d’une clientèle familiale recherchant polyvalence et praticité. L’absence de frunk, contrairement à certains concurrents électriques purs, limite les possibilités de stockage supplémentaire et reflète les contraintes d’intégration technique de cette plateforme 800V développée par Dongfeng.

Motorisations

La plateforme 800V constitue le socle technique de la Courage. La batterie lithium-fer-phosphate (LiFePO4) de 81 kWh équipe les versions de série. La version RWD (propulsion) développe 230 kW (313 ch) et 395 Nm pour un 0-100 km/h en 6,8 secondes et une vitesse maximale de 204 km/h. L’autonomie atteint 650 km CLTC (environ 550 km WLTP) avec une consommation de 13,8 kWh/100 km selon cycle CLTC.

La version AWD (intégrale) combine un moteur avant de 175 kW (235 ch) et un moteur arrière de 230 kW (308 ch) pour 405 kW (543 ch) total, performances optimisées pour usage sportif. Une batterie de 112 kWh serait prévue en option pour début 2026 pour augmenter l’autonomie.

L’architecture 800V optimise les performances de recharge avec une technologie 5C atteignant 440 kW en puissance crête. Voyah annonce plus de 500 km d’autonomie ajoutée en 15 mais l’annonce n’impressionne pas face aux technologies de charge 10C de BYD ou 8C de Geely.

Technologies de conduite : Huawei Qiankun ADS 4

À l’instar de la Luxeed R7, le système Huawei Qiankun ADS 4 équipe en standard la Courage. Cette solution s’appuie ici sur un LiDAR 192 lignes haute résolution complété par 29 capteurs répartis autour du véhicule.

Les fonctions NOA (Navigate on Autopilot) couvrent autoroutes, ville et stationnement. Cette redondance de capteurs, incluant le LiDAR, constitue un avantage face à la Tesla Model Y qui repose exclusivement sur des caméras. L’intégration de cette technologie Huawei apporte crédibilité et différenciation sur un marché chinois où l’autonomie de conduite devient un critère d’achat majeur.

Châssis et suspensions

La Courage adopte une architecture châssis conventionnelle privilégiant la maîtrise des coûts. La suspension avant McPherson indépendante avec ressorts hélicoïdaux et barre anti-roulis s’associe à une suspension arrière multi-link indépendante avec ressorts et stabilisateur. L’absence de suspension pneumatique est expliquée par la tarification agressive : la Luxeed R7 propose une suspension pneumatique standard à partir de 31 750 euros, tandis que Voyah facture 24 800 euros pour une suspension conventionnelle pour la Courage.

Les freins à disques avant et arrière et la direction à crémaillère assistée électrique complètent un ensemble sans sophistication particulière, comparable aux SUV électriques chinois d’entrée de gamme.

Lancement et échec commercial

La première mondiale de la Courage originale date d’octobre 2024, avec des livraisons débutées en mars 2025 simultanément en Chine et en Europe, notamment en Norvège. La version 2025 affine l’offre avec un écran agrandi et une interface lumineuse avant « Flashing Star River » de 118 centimètres proposant 8 effets prédéfinis (accueil, stationnement, charge, musique) personnalisables via mise à jour logicielle (OTA). On est plus sur des annonces marketing lumineuses que de réelles innovations pour les utilisateurs.

Les ventes désastreuses révèlent l’échec commercial : 11 059 unités livrées d’octobre 2024 à juillet 2025, soit environ 1 100 unités mensuelles. À titre de comparaison, le Li Auto L6 écoule 20 000 unités par mois dans la même catégorie. Octobre 2025 affiche 4 218 unités vendues, volume dérisoire face aux standards du marché chinois où Tesla a vendu entre 60 000 et 80 000 Model Y par mois à l’été 2025. Cette mauvaise performance est encore plus inquiétante malgré un positionnement tarifaire agressif de la Courage.

Impressions au salon de Canton

La qualité d’assemblage apparaît correcte sans défauts majeurs visibles sur les exemplaires exposés, mais sans atteindre le niveau de Tesla, BYD ou Luxeed. Les matériaux intérieurs privilégient les plastiques de qualité moyenne et l’intégration des éléments technologiques manque de raffinement.

L’écran central fonctionne correctement avec le système HarmonySpace 5, interface chinoise dont l’adaptation européenne reste hypothétique.

Verdict : échec programmé

L’habitabilité confirme les dimensions généreuses avec un espace satisfaisant aux places avant et arrière, seul point réellement positif de ce véhicule. Le système d’éclairage avant personnalisable constitue un gadget marketing sans valeur pratique. Le design générique et l’absence de personnalité marquante condamnent ce modèle à l’anonymat dans un marché saturé.

La Voyah Courage échoue à se différencier face à des concurrents mieux établis. Malgré sa technologie 800V et son système de conduite autonome Huawei, les ventes décevantes (1 100 unités/mois) confirment son rejet par le marché. Hors de Chine, son manque d’adaptation et de réseau rendra la commercialisation encore plus difficile. 


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