Écoute abusive de Siri : la plainte française serait-elle juste une histoire de gros sous ?

 
Il y a tout juste un mois, une action collective était montée contre Apple pour sanctionner l’affaire des écoutes abusives de Siri. Seulement voilà, les motivations derrière pourraient être douteuses, affirme la Ligue des Droits de l’Homme.
Apple Siri va traiter la reconnaissance vocale hors ligne.
Crédit : Apple

Le réquisitoire exigeait le remboursement de chaque appareil Apple acheté ces 10 dernières années. Autant dire que l’action collective contre le fabricant d’iPhone impulsé par le cabinet d’avocat Phaos avait vu grand. Trop grand ? Cela semble être l’avis de la Ligue des Droits de l’Homme (LDH) qui a tenu à se désolidariser de l’action.

L’association avait en effet déposé en première une plainte pour violation de la vie privée suite à la révélation des écoutes humaines de Siri. Une action sur laquelle est venu se greffer le cabinet d’avocat Phaos qui ne chercherait qu’un « deal financier à l’américaine », selon des sources interrogées par le média l’Informé.

Différends de méthodes

Pour bien comprendre l’affaire, il faut remonter à sa source. En 2019, Thomas Le Bonniec (alors sous-traitant d’Apple) devient lanceur d’alerte pour rendre publiques les pratiques d’Apple concernant les écoutes humaines des conversations Siri. Suite à cette révélation, la Ligue des droits de l’Homme porte plainte en février 2025 devant le tribunal judiciaire de Paris. Deux mois plus tard, une autre initiative, plus médiatique, est portée, entre autres, par l’ancien député écologiste Julien Bayou.

Devenu avocat au sein du cabinet Phaos, l’ancien élu a ouvert une plainte collective en mai 2025, accompagné par Eva Naudon et Olivia Roche, avocates au sein du même cabinet. Dénonçant de manière beaucoup plus spectaculaire des « violations du RGPD » qui aurait pu être utilisé « à des fins publicitaires », la procédure au civile indique s’inscrire « en complémentarité » de la démarche de la LDH.

Julien Bayou en 2023 // Crédit : Kitetoa – Wikimedia Commons (CC BY-SA 4.0)

Sauf que, jamais prévenue de la mise en place de cette offensive, la LDH a donc serré les dents et dénoncé une tentative de « récupération » de l’ancien député. Là où la Ligue estime que sa plainte vise « à faire changer les comportements des GAFAM sur le traitement des données à caractère personnel », elle considère que la plainte de Phaos vise juste à obtenir « une indemnisation sur laquelle les avocats travaillant avec le site ecoutesabusives.fr conserveront 10 % ».

« Justifier un traitement illégal de la vie privée »

Niant toute volonté de recherche financière, l’association a donc demandé à Phaos de se désolidariser de la plainte portée par la LDH. Plutôt que de publier le droit de réponse adressé par la Ligue, le cabinet a cependant préféré supprimer toute mention de l’autre plainte sur son site.

Thomas Le Bonniec lui-même, semble quelque peu gêné aux entournures devant l’offensive médiatique menée par Julien Bayou. « Cette initiative va dans le sens d’une marchandisation des données personnelles. Il s’agirait presque de justifier a posteriori un traitement illégal de la vie privée des utilisateurs d’Apple », argue le lanceur d’alerte dans les colonnes de l’Informé.

Pour aller plus loin
Apple va donner 95 millions de dollars à ses utilisateurs pour éviter un procès lié à Siri

Devant l’action menée par la LDH et Thomas Le Bonniec, Julien Bayou réfute le terme de « deal financier à l’américaine » en expliquant s’inscrire plutôt dans un parcours judiciaire classique face à une entreprise multimilliardaire.


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