Kickstarter devient une organisation d’intérêt public pour préserver ses intérêts

 

Lancée en 2009, Kickstarter, la plateforme de financement participatif américaine (ou crowdfunding) s’appelait jusqu’à présent Kickstarter Inc. Elle change de nom et de statut pour devenir Kickstarter PBC, organisation d’intérêt public, afin de sécuriser les attributions sociales de son entreprise ainsi que sa mission.

Kickstarter

Kickstarter en a fait l’annonce sur son blog : la société est désormais considérée comme d’intérêt public. PBC comme Public Benefit Corporation. Aux États-Unis, cela ne rend pas pour autant une entreprise totalement publique et ne l’empêche de vendre ses parts, mais cela contraint Kickstarter, en choisissant ce statut, à perpétuer sa mission pour le bien public et de rendre des comptes. Selon l’équipe de fondateurs de la plateforme de financement participatif, c’est une façon de réaffirmer l’identité et les valeurs portées par Kickstarter : « Dans notre nouvelle charte, nous décrivons notre mission, nos valeurs, et les engagements que nous avons pris pour conserver ces valeurs. Il n’y a pas eu un seul vote en défaveur de la proposition de redevenir une société d’intérêt public de la part des actionnaires de Kickstarter. »

Depuis que Kickstarter existe, soit depuis l’année 2009, elle a connu des succès retentissants avec notamment le financement de la montre connectée Pebble Time avec 20 338 986 dollars récoltés auprès de 78 471 contributeurs. Le but de la plateforme est de recevoir la présentation de projets en quête de financement et de faire se rencontrer les concepteurs des projets en ligne avec des investisseurs chez les particuliers. Les projets voient le jour grâce aux contributions des donateurs. Mais l’action de la plateforme n’est pas altruiste, puisqu’elle perçoit un pourcentage sur la réussite des projets. En cas d’échec du projet, l’argent des donations est remboursé aux donateurs.

Kickstarter
Les fondateurs de Kickstarter

Dans sa nouvelle charte, Kickstarter réaffirme les principes de son existence (avec les mêmes motivations que d’autres tels que KissKissBankBank ou Ulule en France) : « (…) Nous aidons des projets créatifs à prendre vie. Nous avons pris la mesure de notre succès en tant qu’entreprise en constatant notre capacité à réaliser notre mission, et non en le jaugeant à la taille de nos profits. C’est pourquoi nous avons réintégré Kickstarter en tant qu’organisation d’intérêt public en 2015. »

Ce nouveau statut confère donc quelques obligations à Kickstarter, par exemple celle de donner 5 % de ses profits après paiement des taxes à des structures artistiques ou à des associations luttant contre les inégalités. La plateforme ajoute pour bien appuyer ses nouvelles vocations altruistes : « Kickstarter n’emploiera aucune échappatoire ou moyen ésotérique pour réduire ses taxes, uniquement des stratégies et une gestion légale. Nous ne vendrons pas les données des utilisateurs à une autre partie ». Kickstarter précise qu’en février 2017, la plateforme publiera le résultat de ses efforts pour contribuer au bien public. De quoi tacler Etsy, le site de vente en ligne spécialisé dans les créations personnelles, et ses pratiques. Plus tôt cette année, Etsy a en effet ouvert une filiale en Irlande, et est ici pointé du doigt car cette filiale servirait à réduire les taxes de l’entreprise. Une manœuvre courante chez les grandes entreprises que Kickstarter n’a pas digéré vraisemblablement et qui en profite pour se draper dans sa vertu.