71,9 % des voitures vendues sont 100 % électriques en Norvège contre 8 % en France : 4 raisons qui expliquent cette différence

La Model Y est la plus vendue en Norvège

 

En Norvège, bientôt trois quarts des nouvelles immatriculations seront des voitures entièrement électriques. En comparaison, entre janvier et août 2021, les chiffres sont tombés pour le marché français : 8 % des voitures neuves vendues sont 100 % électriques. La période comparée n'est pas la même, néanmoins elle témoigne d'une grande différence entre nos deux pays. Plusieurs explications permettent de comprendre cette différence.

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En France, l’électrique progresse, mais la dynamique n’est pas la même

Même si la dynamique n’est pas la même, le marché de l’électrique progresse en France. Il s’est vendu 89 903 voitures 100 % électriques entre janvier et août 2021, ainsi que 89 987 hybrides rechargeables. La progression est importante entre 2020 et 2021.

Source : PFA/AAA DATA

Sur ce mois d’août 2021, la Tesla Model 3 est retournée à la première place avec 2 541 immatriculations, contre 1 177 pour la Renault Zoé et 1 033 pour la Peugeot 208. Comme le souligne Les Numériques, la bonne surprise est la présence de la nouvelle MG ZS EV à la quatrième place.

Cependant, force est de constater que la première voiture électrique la plus vendue, à savoir la Tesla Model 3, n’est qu’à la 18e place des immatriculations de voitures particulières neuves, toutes motorisations confondues, entre janvier et août 2021.

En Norvège, sur 16 427 voitures particulières neuves immatriculées pour la première fois en août, 11 810 sont électriques. C’est la nouvelle Tesla Model Y qui domine ce classement, encore une fois toutes motorisations confondues, suivies par la Volkswagen ID.4, la Ford Mustang Mach-E et ensuite la Tesla Model 3. Au total, 9 des 10 modèles les plus vendus étaient électriques.

Ce qui est intéressant à noter est que ce sont les SUV qui dominent le classement en Norvège, cela représente 1/3 des voitures vendues. Si l’on regarde l’année dans son ensemble jusqu’à présent, ce sont les différents types de SUV — grands ou petits — qui dominent complètement, avec 69 748 des 110 864 voitures neuves. En France, même si la catégorie SUV est dominante, il y a de nombreuses compactes parmi les voitures 100 % électriques les plus vendues : Renault Zoé, Peugeot e208, Fiat 500 et Renault Twingo.

Pourquoi la Norvège est-elle en tête des véhicules électriques ?

En août 2021, 71,9 % des voitures neuves vendues le mois dernier dans le pays scandinave sont 100 % électriques, selon le Conseil d’information sur le trafic routier (OFV), la Norvège est pourtant le plus gros producteur d’hydrocarbures d’Europe de l’Ouest.

Bonus et malus écologique

Cette rapidité de transition est étroitement liée à la politique gouvernementale. En Norvège, ils ont réduit les taxes sur les véhicules électriques pour maintenir des prix bas, ils ont également exonéré les péages routiers pour ces véhicules.

Ils ont également adopté l’approche opposée qui a consisté à augmenter les taxes sur les voitures traditionnelles – le fameux malus écologique. En Norvège, il faut donc compter sur une TVA de 25 %, une taxe carbone proche de 20 % et des montants plus faibles pour la taxe sur le poids, la taxe NOX et des frais de mise à la casse des voitures. Concrètement, les baisses de prix peuvent aller jusqu’à 30 000 euros à l’achat, sans oublier la suppression de toutes les taxes sur les voitures électriques. La Norvège peut financer tout ça grâce à l’argent de son pétrole : elle a plus de 850 milliards d’euros à disposition.

La Nissan Leaf est la voiture la plus vendue en Norvège. Mais ce n’est pas le cas aux États-Unis où les modèles Tesla sont les plus vendus, ce qui est également le cas en France. Entre janvier et août 2021, selon la Plateforme automobile (PFA) et AAA Data, il s’est vendu 15 668 Tesla Model 3 contre 13 122 Renault Zoé et 11 064 Peugeot e 208.

Une électricité verte pas chère

La seconde explication est un approvisionnement en électricité renouvelable. En Norvège, l’énergie hydroélectrique provient de 1 500 centrales à travers le pays. Bon nombre d’entre elles sont des conceptions à faible impact appelées centrales au fil de l’eau qui ne nécessitent pas la construction de barrages. Ces centrales au fil de l’eau turbinent l’eau à mesure qu’elle s’écoule, contrairement aux grandes centrales qui retiennent l’eau dans d’immenses réservoirs créés par des barrages.

Centrale au fil de l’eau // Source : EDF

Ce qui permet à la Norvège de posséder également un des prix de l’électricité les moins chers au monde et une très bonne infrastructure pour l’exploiter et la transmettre à l’utilisateur final. Sur la base du kilowatt-heure en euros, le prix de l’électricité en 2020 en Norvège était de 13 centimes d’euros, contre une moyenne de 25,8 cents en Europe. Le prix de l’électricité est relativement similaire en France, environ 17 centimes, et il est bien moins cher aux États-Unis en fonction des États (environ 12 centimes).

Ces énergies renouvelables hydroélectriques fournissent 67 % de toute la consommation d’énergie en Norvège. La seconde source d’électricité est le pétrole à 24 %. Une grande partie de ce pétrole et de ce gaz naturel sont produits par la Norvège, mais la très grande majorité est exportée.

Un pouvoir d’achat élevé

En 2020, une étude de l’institut allemand d’études de marché Gfk a dévoilé son classement annuel des pays d’Europe où le pouvoir d’achat est le plus élevé. On y découvre, sans grande surprise, que la Norvège est le cinquième pays de ce classement avec, en moyenne, un pouvoir d’achat de 25 699 euros. La Norvège se classe derrière, le Liechtenstein (64 240 euros par personne), la Suisse (41 998 euros), le Luxembourg (34 119 euros) et l’Islande (28 155 euros). La France est quinzième de ce classement avec une moyenne de 19 404 euros.

Pouvoir d’achat par habitant en Europe (2020) // Source : GfK

Parmi les départements français, Paris sort du lot, avec un pouvoir d’achat moyen de 31 099 euros, devant les Hauts-de-Seine avec 27 333 euros.

De nombreuses bornes électriques et une priorité pour l’électrique

Une autre raison est liée à l’infrastructure. Rien qu’à Oslo (690 335 habitants en 2019), on compte 3 000 bornes pour recharger les véhicules dans toute la capitale. À titre de comparaison, d’ici janvier 2022, Paris (2 161 millions habitants en 2019) sera dotée de 433 stations de bornes de recharge. De plus, pour les voitures électriques, les parkings et péages sont quasiment gratuits, avec file prioritaire. Les voies de bus sont également accessibles aux voitures électriques.

En France, avec seulement 43 700 points de recharges disponibles sur l’ensemble de son territoire (mi-juillet 2021), l’objectif de 100 000 bornes publiques opérationnelles d’ici fin 2021 ne sera pas atteint. De plus, seules 4 000 bornes rapides sont installées.

La Norvège prépare une interdiction des voitures thermiques dès 2025. Selon l’OFV, le pays est sur la bonne voie pour atteindre son ambition. En France, la loi d’orientation des mobilités (LOM) prévoit la fin des véhicules fonctionnant aux énergies fossiles d’ici 2040.