Xavier Niel et Altice SFR partagent leurs speedtests 5G, mais vous n’aurez certainement pas la même expérience

 

Ce mardi 9 juillet 2019, Xavier Niel et Altice France ont partagé des captures d’écran de speedtests réalisés sur un réseau 5G. Evidemment, il est peu probable que vous bénéficiez de la même expérience lorsque le service sera commercialement disponible.

Xavier Niel est à Monaco pour accompagner le lancement de la 5G, en effet l’opérateur Monaco Telecom (un opérateur mobile de 37 000 abonnés détenu en grande partie par une holding personnel de Xavier Niel) est en train de lancer la nouvelle génération de réseau sans fil dans la principauté de Monaco. Pour rappel, Monaco est un État d’environ 2,02 km² de superficie enserré dans le territoire français. Monaco Telecom s’est associé à Huawei pour ce lancement de la 5G.

Quelques heures avant, Altice a publié une capture d’écran de la première connexion 5G effectuée sur des antennes-relais de tests en France, quelques jours après la publication des derniers chiffres de l’ANFR concernant les antennes activées en 5G.

Les chiffres des speedtests 5G partagés par Xavier Niel et Altice sont importants, près de 1,5 Gbits en téléchargement descendant pour Monaco Telecom et 1,230 Gbits pour Altice SFR avec des latences assez faibles en comparaison à ce que l’on connaît en 4G, 9 et 18 ms respectivement. Ces chiffres sont similaires à ce que l’on a pu observer lors des premiers déploiements aux Etats-Unis des premiers réseaux 5G. Il nous paraît néanmoins important de les nuancer.

Aura-t-on la même expérience en 2020 ?

Peut-on attendre une expérience similaire en 2020 quand la 5G sera lancée ?

Théoriquement, la 5G devrait nous permettre dans quelques années d’espérer atteindre un débit de 1 à 10 Gbits pour le débit descendant et une latence de 1 à 5 ms, mais pour atteindre ces performances, les opérateurs mobiles vont devoir déployer de nombreuses antennes, mettre à jour le cœur de réseau mais aussi élargir la bande de fréquence allouée à cette technologie.

Pour le moment, il est question d’un déploiement de la 5G dans les bandes 3,5 GHz. C’est un premier déploiement de la 5G Non-Standalone qui exploite le réseau 4G. Cette 5G Non-Standalone se base sur la 4G pour fonctionner : la connexion exploite le 4G LTE tandis que les porteuses 5G sont utilisées pour augmenter les débits de données et réduire la latence. Par contre, la Standalone (SA) 5G, que l’on peut qualifier de « vraie » 5G, exploitera bien une « nouvelle architecture de réseau » et sera déployée bien plus tard avec les ondes millimétriques (les bandes mmWave).

En France, l’ARCEP s’est décidée sur la bande 3,4 – 3,6 GHz qui offre une grande quantité du spectre, on parle d’un gâteau spectral de 310 MHz avec des enchères prévues cet automne en France. L’Etat pourrait ainsi récupérer 1,5 à 2,5 milliards d’euros pour une licence de 15 ans. Comme vous l’avez certainement compris, plus un opérateur a de fréquences, plus il peut proposer de débit à ses usagers. En Italie, par exemple, deux opérateurs ont récupéré 80 MHz contre 20 MHz pour les autres, ce qui va amener a de vraies différences d’expériences entre les opérateurs mobiles.

On ne peut donc pas certifier que nous aurons la même expérience en France : cela dépend de la bande spectrale de l’opérateur, de l’implémentation des antennes 5G, des périphériques qui serviront à se connecter… mais aussi du nombre de connexions sur l’antenne ciblée. Pour rappel, le débit est partagé entre tous les utilisateurs. Enfin, pappelons que ces tests sont effectués dans des environnements contrôlés avec des antennes 5G à proximité et peu utilisées. Pour le lancement de la 5G, il semble plus prudent de s’attendre à un débit d’environ 300 à 500 Mbits avec une latence de 15 à 30 ms (ce qui n’est pas loin des promesses de la 4G++), c’est ce que nous avions pu observer lors de nos tests à Marseille avec Orange.

(…) si on se plonge dans le discours marketing des opérateurs au moment de l’arrivée de la 4G, la promesse était très différente de ce que nous avons pu avoir

Il nous semble donc important de nuancer ces communications : si on se plonge dans le discours marketing des opérateurs au moment de l’arrivée de la 4G, la promesse était très différente de ce que nous avons pu avoir. Là où la 5G pourrait bien nous surprendre, c’est dans son focus sur des aspects de la connexion qui vont au-delà de la simple augmentation du débit — notamment la réduction de la latence — et qui ouvrent des usages inédits. D’autant plus que de son côté, le très haut débit fixe peine à arriver.


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