SpaceX déploie une nouvelle génération de satellites Starlink, ce que ça va changer pour les utilisateurs

On les appelle Starlink 2 Mini, mais ils n'ont rien de mini

 

C'est fait ! 21 satellites Starlink de nouvelle génération ont été envoyés dans l'espace à bord d'une fusée Falcon 9. Qu'est-ce qui change ? Et, surtout, qu'est-ce que cela va apporter aux utilisateurs ? Faisons le point.

« Falcon 9 launches 21 second-generation Starlink satellites to orbit » // Source : SpaceX sur Twitter

Starlink est l’une des offres et même l’offre la plus attractive du marché si vous n’avez pas accès à la fibre optique ou à toute autre connexion très haut de débit. SpaceX a investi une telle quantité d’argent dans ce projet qu’ils ont pris une longueur d’avance considérable sur les offres concurrentes.

Pour rappel, Starlink est un projet de constellation de satellites développé et mis en place par SpaceX, une entreprise fondée par Elon Musk. Le but de ce projet est de fournir un accès à Internet haut débit dans le monde entier, y compris dans les zones les plus reculées où les connexions terrestres ne sont pas disponibles ou de qualité insuffisante.

À terme, les satellites seront envoyés dans l’espace à bord d’une fusée Starship // Source : SpaceX

Concrètement, Starlink consiste en une flotte de milliers de petits satellites en orbite basse (environ 550 km d’altitude), qui transmettent des signaux Internet à des antennes terrestres installées chez les utilisateurs. Les satellites communiquent entre eux grâce à des liaisons laser, ce qui permet de transférer les données à une vitesse très élevée.

Le déploiement de Starlink comprend plusieurs phases. À terme, on parle de 40 000 satellites au-dessus de nos têtes. Une centaine de satellites ont été mis en orbite en 2009, puis on parle de 800 à 1000 satellites déployés tous les ans de 2020 à 2022. Mi-mai 2022, SpaceX avait donc déjà lancé 2 600 satellites dont 2 350 sont encore en orbite et 2 320 sont opérationnels. Cette flotte représente plus du tiers des quelque 6 000 satellites artificiels en orbite terrestre à cette date et les deux tiers des satellites américains.

L’offre est disponible en France depuis février 2021, pour 50 euros par mois pour les particuliers, en plus d’un investissement initial de 450 euros dans le matériel nécessaire. Cette offre permet d’atteindre des vitesses de téléchargement de 50 à 500 Mbit/s (débit en liaison descendante) et une latence de 20 à 40 ms, sans limitation de consommation de données. Évidemment, cela dépend de la qualité de l’environnement et, par ailleurs, du nombre de satellites déployés. Ces performances évoluent constamment au fur et à mesure que les lancements se font.

Fin février 2023, Starlink est disponible dans ces pays // Source : Wikipédia

Avant d’évoquer la nouvelle génération de satellites, évoquons l’état actuel des choses. La grande majorité des satellites qui prodiguent un accès à Internet sont situés à 36 000 kilomètres au-dessus de nos têtes, ce qui limite les performances des débits de transfert de données et de la latence. SpaceX a fait le choix d’une orbite basse, on parle d’une altitude comprise entre 540 et 570 kilomètres. Ces satellites émettent dans les bandes Ku et Ka, les premières versions étaient très légères, avec un poids allant de 227 à 290 kilogrammes.

Qu’est-ce que la seconde génération de satellites Starlink ?

Les 21 premiers satellites Starlink de deuxième génération ont été lancés ce 28 février 2023. Initialement, ils devaient être transportés par l’énorme Starship, mais les plans ont changé, car cette fusée n’est pas encore disponible.

« Falcon 9 launches 21 second-generation Starlink satellites to orbit » // Source : SpaceX sur Twitter

Par conséquent, une version plus petite des satellites Starlink 2 a été développée pour pouvoir être transportée par la fusée Falcon 9. Notez que cette mini édition reste beaucoup plus grande que la première génération. La Falcon 9 ne peut plus transporter 60 satellites de première génération à son bord, mais une vingtaine.

Les satellites, qui sont environ deux fois plus lourds (environ 790 kg), devraient pouvoir proposer quatre fois le débit de données de la première génération. Les antennes en bande E, qui fonctionnent dans les bandes de fréquences 71-79 GHz et 81-86 GHz, devraient alors être utilisées. Pour rappel, la première génération de satellites fonctionne principalement dans les bandes Ku et Ka, mais utilise également des liaisons laser optiques pour la communication entre les satellites. Ce sera aussi le cas avec la seconde génération.

Source : SpaceX sur Twitter

Le poids plus important de cette génération est surtout lié aux moteurs électriques à effet Hall des satellites, plus gros et plus puissants. Avec 170 mN, ils ont 2,4 fois la poussée des anciens moteurs. Surtout, ils fonctionneront pour la première fois avec de l’argon, le troisième gaz le plus répandu dans l’atmosphère terrestre après l’azote et l’oxygène. Jusqu’à présent, SpaceX utilisait du krypton comme carburant (et exactement en tant qu’ergols gazeux), qui ne représente qu’environ 0,000 1 % de l’atmosphère terrestre.

Il n’y a plus de crainte de pénurie avec l’argon, et c’est une bonne chose. D’ailleurs, avant Starlink, presque tous les moteurs électriques de satellites fonctionnaient avec du xénon, un gaz rare et coûteux, dont une quantité particulièrement importante peut être transportée dans des réservoirs sous pression en raison de son poids atomique élevé. Cependant, avec une constellation espérée de plus de 40 000 satellites, SpaceX menaçait de submerger le marché du gaz noble et rare. Avec l’argon, on ne craint plus les pénuries, mais à pression égale, un réservoir ne peut être rempli qu’avec moitié moins d’argon qu’avec du krypton. Toutefois, la plus faible quantité de carburant est en partie compensée par un rendement énergétique supérieur de 50 %.

Passage d’une série de satellites Starlink à Tübingen (Allemagne) // Source : Wikipédia

À ce jour, 7 500 satellites Starlink-2 ont été approuvés pour le lancement. Comme dans la première génération, SpaceX va également tenter de réduire la luminosité des satellites vus de la Terre. Comment ? Une grande partie des satellites est recouverte de miroirs destinés à réfléchir la lumière. Sur toutes les autres surfaces, Starlink utilise du noir, ce qui réduit la réflexion de la lumière. Espérons que cela fera disparaître, à terme, la trainée de satellites que l’on peut voir la nuit.

Ces satellites Starlink Gen2 comprendront par ailleurs une antenne d’environ 25 mètres carrés qui proposera la communication par satellite via des smartphones, ainsi que les autres appareils mobiles, mais aussi des véhicules (comme les voitures). Les iPhone 14 offrent déjà ce type connexion (d’urgence) et Qualcomm a annoncé par ailleurs le proposer dans son futur SoC, ce qui permettra à de nombreux smartphones Android d’accéder à cette capacité. D’ailleurs, en théorie, la fonction est déjà présente sur tous les smartphones équipés d’un Snapdragon 8 Gen 2, la nouvelle puce haut de gamme de Qualcomm.


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