Une vaste arnaque aux subventions : BYD et Chery dans le collimateur en Chine

 
L’Europe avait accusé certaines marques chinoises de bénéficier de subventions du gouvernement pour leurs voitures électriques. Et voilà qu’une nouvelle affaire révèle des abus de la part d’une poignée de constructeurs.
BYD Dolphin Surf // Source : BYD

Les constructeurs chinois sont bien décidés à s’offrir une place de choix sur le marché européen et mondial. Et pour cela, ils ont une stratégie bien huilée, qui consiste tout simplement à casser les prix de leurs autos. Une nouvelle guerre des tarifs qui se joue sur plusieurs tableaux, et agace certains pouvoirs publics.

Un nouveau scandale ?

C’est notamment le cas de l’Union Européenne, qui avait accusé les marques venues de l’Empire du Milieu de concurrence déloyale. La raison ? Certaines de ces dernières auraient bénéficié de subventions accordées par le gouvernement chinois. Le but ? Leur permettre de vendre leurs autos électriques à prix cassé sur la Vieux Continent. Mais Bruxelles a décidé de mettre le holà et de lancer une grande enquête. Cette dernière s’est finalement soldée par la mise en place de droits de douane sur les voitures électriques produites en Chine.

Mais l’affaire n’est pas encore terminée, comme l’indique un article publié par le site américain Bloomberg, qui reprend une publication du MIIT, le ministère chinois de l’industrie et de l’information.

Ce dernier nous explique que le gouvernement chinois a mis les pieds dans le plat et a réalisé un audit de grande ampleur sur cette pratique, dont les résultats viennent de tomber. On apprend ainsi que l’autorité de régulation du secteur automobile chinois a épinglé certains constructeurs. Ces derniers auraient demandé des subventions auxquelles ils n’auraient en fait pas eu le droit, pour un montant total de 864 millions de yuans (environ 103 millions d’euros).

Il s’agit en premier lieu de Chery, qui est à l’heure actuelle l’un des plus grands exportateurs automobile en Chine. Ce dernier, qui commercialise certains de ses modèles en Europe, aurait demandé pas moins de 240 millions de yuans de financement de la part de Pékin. Ce qui correspond à environ 28,6 millions d’euros. Tout ça pour environ 8 760 véhicules électriques et hybrides qui n’étaient pas éligibles. Mais ce n’est pas tout, car une autre très grande marque est aussi dans le viseur des autorités chinoises.

BYD Sealion 06 // Source : BYD

Il s’agit cette fois-ci de BYD. Le numéro 1 mondial de la voiture électrique avait déjà été rappelé à l’ordre sur son recours aux ventes tactiques quelques mois plus tôt. Et voilà que la firme de Shenzhen est désormais épinglée pour avoir demandé 143 millions de yuans de subventions. Soit environ 17 millions d’euros. Le tout pour environ 4 900 voitures électrifiées qui n’y avaient là encore pas le droit en théorie – cela reste une goutte d’eau parmi les 4,3 millions de voitures produites en 2024 par la marque.

Pékin veut sévir

Mais quelle est la raison pour laquelle certaines autos ne sont pas éligibles à ce coup de pouce de la part du gouvernement chinois ? En fait, il y en a plusieurs. Comme le rapporte Bloomberg, les constructeurs sont parfois dans l’incapacité de fournir les données opérationnelles pour certains véhicules ou que le kilométrage ne réponde pas aux exigences. Une manière pour Pékin de mieux réguler les ventes tactiques en ne subventionnant pas les occasions zéro kilomètre ? Sans doute.

Pour le moment, on ne sait pas encore ce qu’il va se passer pour ces deux marques qui ont reçu des financements auxquels elles n’avaient pas le droit. Vont-elles devoir rembourser le gouvernement ? Rien n’a réellement été confirmé pour le moment. Mais une chose est sûre, ce n’est pas la première fois qu’il y a des abus. Selon un article du Quotidien du Peuple, plusieurs entreprises avaient frauduleusement réclamé environ 9,3 milliards de yuans de subventions en 2016. Soit environ 1,11 milliard d’euros.

Usine BYD au Brésil // Source : BYD

Depuis le début des années 2010, le gouvernement chinois a mis en place un programme de subventions afin de promouvoir les voitures électriques. Ces aides peuvent atteindre jusqu’à 60 000 yuans par voiture. Cette remise était alors versée aux constructeurs, qui pouvaient ensuite la répercuter sur les prix proposés aux clients. Ce qui ne plaît pas du tout à Bruxelles, même si la France fait un peu pareil avec son bonus écologique.


Le saviez-vous ? Google News vous permet de choisir vos médias. Ne passez pas à côté de Frandroid et Numerama.