Embargo des États-Unis contre la Chine : pourquoi Samsung profite d’un traitement de faveur

 

Avec deux usines stratégiques concernées, Samsung aurait pu être lourdement affecté par l'embargo très sévère des États-Unis contre la Chine. Cependant, le géant sud-coréen profite d'une exemption d'un an.

Une enseigne Samsung à Milan // Source : Babak Habibi sur Unsplash

Les États-Unis appliquent un embargo sévère contre la Chine pour entraver au maximum son approvisionnement en puces. En effet, l’administration du président Joe Biden a décidé de bloquer les exportations vers l’Empire du Milieu de certains semiconducteurs exploitant du matériel américain, et ce, même si les composants sont fabriqués par une entreprise étrangère. Ces mesures ont le potentiel de chambouler grandement l’industrie de la tech à travers le monde. Cependant, certains groupes ont un peu plus de temps pour s’y préparer, à l’instar de Samsung.

Des sources anonymes proches du dossier et citées par le Wall Street Journal expliquent que Samsung s’est vu accorder une exemption d’un an par le département américain du Commerce. La multinationale sud-coréenne rejoint ainsi « une liste de géants des semiconducteurs alliés des États-Unis ayant bénéficié d’une dérogation », lit-on dans le WSJ.

Samsung, le champion de la mémoire

Grâce à cela, Samsung va pouvoir continuer à se fournir en équipement dédié à la fabrication de puces et au maintien de ses lignes de production basée en Chine. Il faut en effet savoir que l’entreprise exploite des installations dans les villes de Xi’an et Suzhou pour confectionner et conditionner des puces mémoires. Il s’agit là d’un domaine où Samsung pèse de tout son poids par son statut de numéro 1 incontesté, aussi bien sur le marché de la DRAM (mémoire vive dynamique) que celui de la mémoire flash NAND.

Quelques chiffres permettent de bien s’en rendre compte : Samsung représentait 43,5 % du chiffre d’affaires mondial de la DRAM au deuxième trimestre 2022, selon le cabinet d’analyses TrendForce. Sur la même période, la firme s’arrogeait aussi environ un tiers des revenus globaux de la flash NAND.

Autrement dit, si une directive venait à freiner l’approvisionnement des usines de Samsung dans ce secteur, l’entreprise pourrait rencontrer de grosses difficultés à fournir ses nombreux clients à travers le monde. Les répercussions pourraient prendre beaucoup d’ampleur tant les puces mémoire sont utilisées dans un grand nombre d’appareils, à commencer par nos smartphones et PC.

Samsung, Intel et d’autres entreprises épargnées

Le Wall Street Journal souligne toutefois que Samsung n’a pas confirmé publiquement cette information, contrairement à des concurrents comme SK Hynix et Intel qui ont affirmé avoir eu droit à une exemption d’un an. Le média précise aussi que les responsables du secteur s’attendent à ce que les États-Unis accordent des dispenses à divers fabricants de semiconducteurs et d’équipements, qu’ils soient américains ou basés dans des pays alliés.

En d’autres termes, Washington chercherait à ajuster un peu ses restrictions pour cibler Pékin et épargner ses propres alliés. En revanche, on ne sait pas si les dérogations d’un an ainsi accordées ont des chances d’être reconduites une fois la période écoulée.

États-Unis vs Chine

Rappelons enfin que les relations entre les États-Unis et la Chine se dégradent depuis plusieurs années. Les deux superpuissances luttent pour maintenir et étendre leurs influences commerciales et militaires à travers le monde. Dans ce contexte, la Maison-Blanche a infligé un lourd embargo à Huawei, un champion de la haute technologie chinoise, en l’accusant d’utiliser ses équipements télécoms — notamment 5G — à des fins d’espionnage.

Dernièrement, c’est la question de Taïwan qui envenime le conflit. L’État insulaire est un allié hautement stratégique des États-Unis, mais la Chine continentale manifeste ostensiblement son envie de l’annexer dans le cadre de son projet de réunification.


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