Des clients attaquent Tesla en justice sur l’autonomie « trompeuse » : pourquoi c’est une erreur

 

44 clients français de Tesla ont décidé d'assigner la marque en justice, l'accusant de les avoir trompés sur l'autonomie de ses voitures. Selon un huissier, celle-ci serait plus basse qu'indiqué par la marque, notamment lorsqu'il fait froid. Ce qui prouve que les constructeurs doivent encore éduquer les automobilistes sur ce point.

Tesla

L’autonomie a depuis longtemps été un sujet délicat pour les automobilistes et les constructeurs. Et pour cause, elle demeure encore aujourd’hui l’un des principaux freins à l’achat, alors que les clients seraient prêts à se lancer à condition que le voitures électriques dépassent au moins la barre des 400 kilomètres. Ce qui est une erreur, comme nous l’avons expliqué plus tôt.

Un procès rapide

Si l’ancien cycle européen d’homologation des consommation et autonomie (NEDC) était plutôt optimiste, le nouveau WLTP est plus proche des conditions réelles de circulation, bien que les tests soient généralement effectués de manière optimale pour réduire la consommation. Les valeurs affichées par les constructeurs peuvent alors différer de la vraie vie. Mais cela n’est pas encore tout à fait clair pour tout le monde, et notamment pour une poignée de clients Tesla.

Au total, et comme le relate le site l’Informé, ils sont en effet 44 propriétaires de Tesla Model 3 à avoir décidé d’assigner la firme en justice. Ces derniers estiment avoir été floués par cette dernière sur l’autonomie de leur voiture, annoncée entre 448 et 580 kilomètres WLTP. Or, un huissier missionné par les clients a relevé un chiffre 30 % inférieur. Et ce serait même pire en hiver.

Selon le groupe de plaignants, il s’agirait alors d’un vice caché. Si certains demandent la rupture du contrat de vente, d’autres estiment que Tesla doit réduire le prix d’achat de leur voiture. Une demande motivée par la baisse des tarifs opérés par la marque, qui aurait agacé certains clients ayant payé leur voiture au prix fort ? On est en droit de le penser.

Le tribunal a finalement débouté les clients, affirmant que « les écarts entre la norme WLTP et les autonomies réelles constatées sont inhérents aux véhicules électriques et non aux seuls véhicules » de la marque américaine.

Les plaignant ont alors confondu autonomie réelle et WLTP, alors que le tribunal de commerce de Versailles souligne que plusieurs documents comme le manuel du conducteur ou le certificat de conformité du constructeur font référence à cette différence. Résultat, les propriétaires mécontents ont été condamnés à payer solidairement 40 000 euros à Tesla pour rembourser les frais de justices engendrés.

Une simple méconnaissance

Mais alors, les plaignants ont-ils eu raison d’attaquer Tesla en justice ? La marque a-t-elle vraiment trompé ses clients ? À vrai dire, rien ne semble l’indiquer, alors que le tribunal a tranché en faveur du constructeur. Mais cette affaire révèle surtout qu’il y a encore un important travail d’éducation des automobilistes autour de la voiture électrique. Car beaucoup ne savent pas que l’autonomie est loin d’être une science exacte.

Car l’homologation WLTP est réalisée dans des conditions, certes plus exigeantes que le NEDC, elles demeurent tout de même optimales. Par exemple, les mesures sont faites chauffage éteint, alors que celui-ci consomme environ 2 000 à 3 000 watts avec une résistance, contre moins de 500 watts pour une pompe à chaleur. Par ailleurs, on sait que le froid a un impact non négligeable sur l’autonomie, et ce quelle que soit la voiture même si certains modèles s’en sortent mieux que d’autres. C’est notamment le cas de la Tesla Model S comme l’a révélé un test mené par des journalistes norvégiens.

De nombreux paramètres influent sur la distance pouvant être parcourue en une seule charge par une voiture électrique. La température, certes, mais aussi la vitesse. Comme le montre une récente étude, cet aspect a également un fort impact sur l’autonomie, en fonction du type de voiture et de parcours. Il est donc tout à fait logique que le chiffre réel et celui annoncé par le constructeur varie dans plus ou moins grande mesure.

C’est notamment pour cela qu’il est indispensable de choisir une voiture dotée d’un planificateur d’itinéraire, si possible embarqué, afin de pouvoir réellement organiser son voyage et ne pas se laisser surprendre. Ce dernier ajuste alors la distance maximale en fonction de la conduite et des éléments extérieurs comme la température. En effet, l’autonomie ne sera pas la même selon que l’on adopte un rythme sportif ou doux, celle-ci ayant tendance à fondre à haute vitesse.


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