Les Français veulent une voiture électrique avec une grande autonomie : pourquoi c’est une erreur

 

Selon une récente étude, 80 % des Français seraient prêts à acheter une voiture électrique si son autonomie dépassait les 400 kilomètres. Or, il s'agit d'un raisonnement fallacieux, et ce pour plusieurs raisons. On vous explique pourquoi l'autonomie n'est pas le critère le plus important d'une voiture électrique.

Mercedes EQS Brabus
Mercedes EQS Brabus

Les voitures électriques se vendent de mieux en mieux en France, c’est un fait. À tel point qu’elles ont même dépassé les diesel en décembre dernier, avec des ventes dominées par la Dacia Spring et la Tesla Model 3. Oui mais voilà, malgré la densification du réseau de bornes de recharge et l’amélioration de l’autonomie des voitures, ce point demeure encore un frein pour beaucoup d’automobilistes. Et malgré les années, cela ne semble pas vraiment s’améliorer.

Une croyance erronée

En effet, et comme le révèle une étude menée par le cabinet Deloitte, seulement 8 % des Français seraient prêts à acheter une voiture électrique, contre 14 % pour de l’hybride rechargeable. Un chiffre encore très bas, qui s’explique par deux choses : le prix ainsi que l’autonomie. En effet, pour 68 % des sondés, une voiture ne doit pas dépasser les 30 000 euros, bonus écologique compris.

Mais l’autonomie pose aussi encore un vrai problème pour beaucoup. En effet, 79 % des interrogés souhaitent que leur voiture électrique puisse parcourir plus de 400 kilomètres en une seule charge. 37 % veulent même une autonomie dépassant les 600 kilomètres. Un chiffre atteint uniquement par les modèles haut de gamme, comme la Mercedes EQS avec 783 km ou la Lucid Air, avec 883 km sur le cycle mixte WLTP.

Néanmoins, l’essor de la batterie solide, moins chère et offrant une meilleure densité énergétique pourrait permettre à des modèles plus abordables d’atteindre ces chiffres à l’avenir.

Cependant, vouloir à tout prix une grande autonomie est en réalité une erreur, et ce pour plusieurs raisons. Tout d’abord, il faut savoir qu’en moyenne, les Français ne parcourent que 50 kilomètres par jour, essentiellement pour se rendre sur leur lieu de travail et en revenir. Ainsi, le problème de l’autonomie ne se poserait que pour les très longs trajets, qui se font généralement quelques fois par an seulement. Et dans ce cas, il est possible de prendre le train ou l’avion, ou de profiter des infrastructures de recharge rapide avec sa voiture électrique.

Si l’objectif des 100 000 bornes accessibles fin 2021 n’est pas encore atteint, le réseau a tout de même bien évolué. En effet, on comptait 82 107 points de charge accessibles au 31 décembre dernier selon l’Avere France. Un chiffre en constante évolution, alors que seulement 53 667 bornes étaient implantées fin 2021. Et à vrai dire, la recharge rapide est bien plus importante que l’autonomie pour une voiture électrique.

L’importance de la puissance de charge

En effet, nous avons déjà démontré cette idée lors d’un test virtuel opposant trois véhicules offrant 400 kilomètres d’autonomie, à savoir la Tesla Model 3, la Hyundai Ioniq 5 et la Renault Zoé sur un trajet Paris-Marseille de 800 kilomètres. Et nous avons alors pu voir que ce n’est pas tant la taille de la batterie qui a son importance, mais bien la consommation ainsi que la puissance de la recharge. Plus celle-ci est élevée, plus la charge est rapide et moins le voyage dure longtemps.

C’est également ce qui est régulièrement démontré par le YouTubeur Bjørn Nyland, qui compare le temps nécessaire à diverses voitures électriques du marché pour réaliser un trajet de 1 000 kilomètres. Pour l’heure, c’est le Nio ES8 qui arrive en haut du classement, avec seulement 9 heures. Un chiffre impressionnant qui n’est pas dû à son autonomie, annoncée à 500 kilomètres selon le cycle WLTP mais bien à sa recharge rapide, grâce à son système d’échange de batteries qui lui permet de faire le plein en cinq minutes à peine.

Nio ES8 // Source : Nio

Ainsi, et à mesure que les opérateurs développent des bornes plus rapides et que les constructeurs proposent des batteries pouvant encaisser toute cette puissance, le temps de charge sera considérablement réduit.

Ce sera notamment le cas avec la batterie Qilin CTP 3.0 de CATL, qui peut passer de 10 à 80 % en 10 minutes. Cela signifie que pour une autonomie réelle d’environ 300 kilomètres sur autoroute, un seul court arrêt de dix minutes sera nécessaire toutes les deux heures pour récupérer 70 % de capacité. N’oublions pas qu’il est de toute façon préconisé de faire une pause à ce même intervalle pour votre sécurité.

CATL prévoit également une batterie capable de passer de 10 à 80 % en cinq minutes dans les années à venir. À titre de comparaison, une Tesla Model 3 réclame environ 30 minutes sur l’exercice, contre 18 minutes pour les plus rapides, à l’image des Kia EV6 et Hyundai Ioniq 6 grâce à leur architecture 800 volts.

Les inconvénient d’une grosse batterie

Par ailleurs, qui dit grande autonomie dit pour l’instant grosse batterie. Or, celles-ci sont de moins en moins plébiscitées par les constructeur en raison de la hausse du coût du lithium, majoritaire dans la composition des accumulateurs. D’autant plus que les spécialistes craignent même une pénurie au cours des prochaines années, même si cette peur reste à nuancer tout de même.

De plus, une grande batterie pèse plus lourd, ce qui a pour effet d’augmenter la consommation. Et donc de réduire l’autonomie. La tendance est donc à l’adoption de packs plus petits, comme chez Ford et Renault et sur le développement de bornes plus rapides et plus nombreuses.


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