La suppression du bonus écologique pour les voitures électriques Tesla : le dilemme français

Tesla prospère, concurrents français frustrés

 

Les Tesla rencontrent un vif succès, un peu trop au goût de la filière automobile européenne qui tente de ralentir Tesla. La France cherche à restreindre le bonus écologique aux voitures « Made in Europe ». Cependant, serait-ce réellement efficace ? Pas nécessairement. En réalité, cela pourrait même s'avérer contre-productif.

Extrait de Télématin sur France 2 du lundi 8 mai 2023
Extrait de Télématin sur France 2 du lundi 8 mai 2023

Depuis janvier, Tesla a décidé de baisser les prix de ses modèles phares, les Model 3 et Model Y, offrant ainsi un excellent rapport qualité-prix. Les modèles d’entrée de gamme sont tous éligibles au bonus écologique. Si bien que ces modèles surpassent largement des concurrentes telles que la Renault Mégane E-Tech électrique, la Peugeot 408 thermique, ou encore le Renault Espace E-Tech. Et il semblerait que les autres constructeurs européens soient un peu « jaloux » (et on les comprend).

En effet, les baisses de prix des voitures Tesla ont entraîné des annulations de commandes chez Renault et Peugeot, dont les véhicules sont désormais bien moins compétitifs. Les constructeurs européens tels que Renault, Peugeot, Fiat, BMW et Volkswagen semblent ne pas avoir suffisamment de marge pour baisser les prix de leurs modèles. Le PDG de Stellantis, quant à lui, s’en amuse – ce qui est assez délirant quand on voit le tarif de la Peugeot 308 électrique.

« Le bonus écolologique a-t-il vocation à remplir les caisses d’une entreprise étrangère et concurrente ? s’interroge, agacé, le représentant d’un constructeur tricolore. À plus forte raison d’une firme de luxe qui cible les automobilistes les plus aisés ? » (lu dans un article du Parisien)

Dans ce contexte, la Plateforme Automobile (PFA) et le gouvernement français discutent actuellement du contrat stratégique de filière pour la période 2023-2027. Les fabricants européens demandent des mesures protectionnistes pour favoriser les voitures conçues en Europe. Le gouvernement envisage donc de resserrer le bonus écologique.

Tesla fabrique aussi en Europe

Cependant, il est important de noter que le Model Y de Tesla, la voiture électrique la plus vendue en Europe au 1ᵉʳ trimestre 2023, est fabriquée en partie à… Berlin, en Allemagne. De plus, la voiture la moins chère du marché, la Dacia Spring de Renault, est fabriquée en Chine. Encore plus cocasse, les Model S et X, les véhicules les plus onéreux de Tesla qui ne sont pas éligibles au bonus écologique, sont fabriqués aux États-Unis. Décidément, Tesla semble avoir tout saisi. Alors, quel serait le sens d’une telle mesure ?

Tesla Model Y // SCREEN POST sur Unsplash

Si le bonus écologique français était assorti de conditions trop complexes, cela pourrait finalement ne satisfaire personne et nuire à l’ensemble du marché. Une réglementation trop restrictive pourrait décourager les consommateurs, en rendant l’achat de voitures électriques moins attractif et en limitant le choix des modèles éligibles.

Extrait de Télématin sur France 2 du lundi 8 mai 2023

De plus, cela pourrait entraver la compétitivité des constructeurs européens sur le marché international, en les incitant à privilégier la production locale plutôt que d’optimiser leurs coûts grâce à l’externalisation ou à la recherche de synergies avec d’autres entreprises.

En ce qui concerne l’usine Giga Berlin, si elle maintient cette cadence, il est fort probable qu’elle parvienne à produire 5 000 unités par semaine d’ici au printemps. Pour mémoire, l’objectif de l’usine allemande de Tesla est d’atteindre une capacité de production annuelle maximale de 500 000 véhicules.

Difficile de freiner Tesla

En fin de compte, essayer de freiner Tesla en limitant le bonus écologique aux voitures électriques « Made in Europe » ressemble à vouloir éteindre un incendie avec un verre d’eau : une tentative drôle, peut-être, mais guère fructueuse.

En vérité, une approche plus efficace consisterait principalement à réserver le bonus écologique aux véhicules électriques les plus abordables, ce qui encouragerait l’adoption de ces véhicules par une plus large population et favoriserait ainsi une transition vers la mobilité durable. Une mesure de ce genre pourrait ne pas être bien accueillie par les constructeurs européens, car cela les inciterait à revoir leurs stratégies commerciales et à repenser leur offre de véhicules électriques pour rester compétitifs face à leurs concurrents internationaux.


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