Pourquoi la descente aux enfers commence à peine pour Tesla

 
Le cauchemar Tesla ne fait que commencer. Tesla paie au prix fort l’activisme politique d’Elon Musk. Disputes avec Trump, image de marque toxique et pertes financières annoncées dessinent un tableau particulièrement sombre pour l’avenir du constructeur.
Elon Musk en 2018 // Source : Daniel Oberhaus sur Flickr

On pensait Tesla hors de danger. Elon Musk avait quitté DOGE et donc l’administration américaine de Donald Trump, il avait déclaré qu’il se remettait au travail pour Tesla et ses autres entreprises… jusqu’à ce que le « Big Beautiful Bill » de Trump vienne tout gâcher.

Le faux répit qui n’a pas duré

Les investisseurs Tesla avaient enfin poussé un soupir de soulagement. Après des mois d’absence pour diriger DOGE, Elon Musk promettait de se recentrer sur ses entreprises. Wall Street y avait cru, on parlait alors du retour du « principal actif » de Tesla.

Mais cette accalmie n’aura pas duré longtemps. L’adoption du projet de loi budgétaire de Donald Trump, qu’Elon Musk a qualifié d' »abomination », a relancé les hostilités. Furieux de cette décision, le milliardaire a annoncé son intention de créer un troisième parti politique, le « Parti de l’Amérique ».

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Résultat immédiat : les actions Tesla ont plongé de 7 % en début de séance.

L’éveil tardif d’un PDG qui découvre les dégâts

Ironie de la situation : selon un ancien dirigeant de Tesla interrogé par le Financial Times, Elon Musk vient seulement de « se réveiller » face à la crise qui frappe son entreprise. Après des mois d’activisme politique, le milliardaire découvre enfin l’ampleur des dégâts causés par ses propres actions.

Le déclic tardif ? Ce fameux « Big Beautiful Bill » qui supprime les crédits d’impôt de 7 500 dollars pour les voitures électriques, annule les amendes pour les constructeurs dépassant les normes d’émissions et réduit les incitations aux énergies renouvelables.

« Il ne s’agit pas seulement des normes CAFE de l’EPA prises isolément ; c’est tout un ensemble« , explique l’ancien dirigeant. « Elon a enfin pris conscience de la situation, mais on peut parler d’un jour de retard et d’un dollar de moins. »

Milliards de dollars qui s’évaporent

Les conséquences financières s’annoncent brutales. Tesla risque de perdre des milliards en ventes de crédits réglementaires, ces précieux sésames que la firme revend aux constructeurs traditionnels pour les aider à respecter les normes environnementales.

Au premier trimestre 2025, ces crédits ont rapporté 595 millions de dollars à Tesla, soit une hausse de 35 % sur un an. Sans eux, l’entreprise aurait enregistré une perte nette. Autant dire que leur suppression menace directement la rentabilité du constructeur.

Tesla tente désormais de compenser en consolidant ses ventes de crédits en Europe et ailleurs. Mais cette stratégie de rattrapage arrive bien tard face à l’hémorragie américaine qui se profile.

Wall Street : de l’espoir à la désillusion

L’effondrement est d’autant plus brutal que les investisseurs Tesla croyaient enfin toucher au bout du tunnel. Ils célébraient encore la semaine dernière des résultats de livraison « moins catastrophiques que prévu » (seulement 14 % de baisse, quand même), et surtout le retour annoncé d’Elon Musk aux affaires courantes.

Cette embellie n’aura duré qu’une semaine. L’annonce du « Parti de l’Amérique » a douché tous les espoirs.

Une image de marque en lambeaux

Plus grave encore : Tesla perd sa clientèle sur tous les fronts. Les démocrates, autrefois séduits par la mission environnementale de l’entreprise, boycottent massivement la marque depuis le rapprochement Musk-Trump.

Maintenant que les deux hommes se disputent publiquement, voilà les républicains qui prennent leurs distances aussi. Résultat : qui va encore acheter des Tesla ? L’entreprise se retrouve politiquement toxique pour tous les camps.

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Cette crise d’image dépasse la simple polémique passagère. Tesla a construit son succès sur l’adhésion émotionnelle à sa vision, incarnée par un Elon Musk autrefois charismatique. Cette recette magique se retourne aujourd’hui contre le constructeur.

Un conseil d’administration aux abonnés absents

Face à cette débâcle, le conseil d’administration de Tesla brille par son silence. Alors que les investisseurs se plaignent depuis des mois du manque d’attention de leur CEO, aucune mesure corrective n’a été prise.

Pour aller plus loin
Tesla cherche un remplaçant pour Elon Musk

Robyn Denholm, présidente de Tesla, avait démenti avec véhémence les rumeurs sur une recherche de successeur à Elon Musk. Mais si les pertes trimestrielles s’accumulent, ces spéculations pourraient rapidement reprendre du poil de la bête.

L’inaction du conseil pose question : comment une entreprise cotée peut-elle laisser son dirigeant multiplier les écarts de conduite sans réagir ? Cette gouvernance défaillante inquiète autant que les résultats financiers.

Donald Trump brandit les menaces

Cerise sur le gâteau : Donald Trump menace maintenant de représailles contre l’empire d’Elon Musk. Annulation des contrats gouvernementaux lucratifs avec SpaceX et Starlink, expulsion pure et simple… Le président ne mâche pas ses mots.

Cette escalade met en péril bien plus que Tesla. C’est tout l’écosystème d’entreprises d’Elon Musk qui pourrait trinquer, avec un effet domino dévastateur pour les finances du milliardaire.

Les investisseurs qui pariaient sur l’alliance Trump-Musk découvrent la volatilité de ces deux personnalités. Ils n’avaient pas anticipé la rapidité de cette rupture spectaculaire.


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