Les nouveaux tarifs Tesla vont-ils inciter le gouvernement à revoir le bonus écologique ?

Tesla accélère, les constructeurs européens sur la voie de garage ?

 

Si les constructeurs automobiles européens peinent à suivre le rythme effréné de Tesla en termes de baisse des prix, quelle alternative leur reste-t-il ? Ils peuvent exercer une pression sur Bruxelles et Paris afin de mettre en place des mesures protectionnistes. De quoi interdire les Tesla du bonus écologique ?

Tesla Model 3 // Source : Taun Stewart sur Unsplash

Tesla a récemment baissé les tarifs de ses véhicules, notamment les Model 3 et Model Y, rendant ces voitures électriques encore plus compétitives sur le marché. Face à cette situation, les constructeurs européens peinent à suivre et pourraient inciter les gouvernements, notamment français, à revoir le fonctionnement du bonus écologique et des autres aides disponibles à l’achat d’une voiture électrique.

Tesla bouleverse le marché avec ses nouveaux tarifs

Grâce à la récente baisse de ses tarifs, Tesla rend ses véhicules plus compétitifs sur le marché des voitures électriques, notamment grâce au bonus écologique. Les Model 3 et Model Y en version propulsion offrent un excellent rapport qualité-prix, surpassant des concurrentes comme la Renault Mégane E-Tech électrique, la Peugeot 408 thermique, ou encore le Renault Espace E-Tech face au Model Y de Tesla.

L’accroissement de la compétitivité de Tesla s’explique par divers éléments, notamment les progrès technologiques en termes de motorisation, de batteries et d’autonomie. De plus, Tesla se distingue par l’intégration d’options de série attrayantes, des délais de livraison de plus en plus réduits, les Superchargers et une politique d’innovation continue. En considérant ces facteurs, en conjonction avec des tarifs compétitifs, Tesla se positionne avec une avance significative dans les segments qu’elle cible.

Les constructeurs européens tels que Renault, Peugeot, Fiat, BMW et Volkswagen semblent ne pas avoir suffisamment de marge pour baisser les prix de leurs modèles. En effet, les marges sont déjà réduites et de nombreux composants, comme les batteries, sont souvent externalisés en Chine, ce qui complique la gestion des coûts. De plus, les remises offertes en concession sur les voitures électriques sont généralement bien plus faibles que celles accordées sur les modèles thermiques, reflétant la difficulté pour les constructeurs européens de concurrencer les tarifs de Tesla.

Vers une modification du bonus écologique en faveur des constructeurs européens ?

Le bonus-malus écologique est une méthode fiscale visant à encourager l’achat de véhicules moins polluants et à taxer les véhicules fortement émetteurs de CO₂. En 2023, il permet de bénéficier de 5 000 à 7 000 euros de réduction pour l’achat d’une voiture électrique vendue à moins de 47 000 euros. Tous les fabricants automobiles présents en France peuvent en bénéficier, quelle que soit leur identité ou le lieu de fabrication du véhicule.

Si les constructeurs européens ne peuvent pas suivre les baisses de prix de Tesla, l’Union européenne et surtout le gouvernement français pourraient modifier le fonctionnement du bonus écologique et des diverses aides. Des mesures pourraient être prises pour réserver ces aides aux fabricants européens ou pour exiger une production locale en Europe. Cela représenterait un avantage concurrentiel indéniable pour ces constructeurs, mais pourrait aussi limiter leur capacité à externaliser la production, ce qui nuirait à leur compétitivité à l’international. C’est une idée qui a déjà été évoquée par le gouvernement français en septembre 2022.

Le protectionnisme, une solution à double tranchant

Le protectionnisme est déjà en vigueur dans d’autres pays, comme aux États-Unis, où les aides sont plus importantes pour les voitures électriques produites localement et les batteries « made in USA ». En effet, les acheteurs de voitures électriques bénéficient d’un crédit d’impôt fédéral de 7 500 dollars, auquel peuvent s’ajouter des aides supplémentaires si la batterie est également produite localement. Cette politique vise à soutenir l’industrie automobile nationale et à encourager la production locale.

Toutefois, si le bonus écologique français était assorti de conditions trop complexes, cela pourrait finalement ne satisfaire personne et nuire à l’ensemble du marché. Une réglementation trop restrictive pourrait décourager les consommateurs, en rendant l’achat de voitures électriques moins attractif et en limitant le choix des modèles éligibles. De plus, cela pourrait entraver la compétitivité des constructeurs européens sur le marché international, en les incitant à privilégier la production locale plutôt que d’optimiser leurs coûts grâce à l’externalisation ou à la recherche de synergies avec d’autres entreprises.

Il semble important de trouver un équilibre entre le soutien aux constructeurs locaux et la promotion d’un marché dynamique et concurrentiel. Les décideurs politiques doivent veiller à ce que les mesures protectionnistes ne freinent pas l’innovation et la croissance du secteur des voitures électriques, qui sont essentielles pour atteindre les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre.


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