
« Les États-Unis ont inventé la technologie solaire et nous sommes déterminés à protéger et à reconstruire notre industrie solaire nationale », a déclaré récemment le sénateur américain Toomey.
Avant d’ajouter que « l’industrie solaire chinoise est soutenue par des centaines de millions de dollars de subventions publiques, a recours au travail forcé, contourne régulièrement les lois commerciales américaines et déverse des produits sous-évalués sur notre marché ».
Tout est dit. En quelques phrases, tout y est : la frustration américaine, l’hégémonie chinoise, et surtout la lente mais implacable reconquête industrielle opérée par Pékin sur les terres mêmes de ses ex-mentors technologiques. Car oui, les panneaux solaires comme les batteries au lithium sont nés en Occident. Mais aujourd’hui, c’est bien la Chine qui domine. Et sans partage, ou presque.

Un coup d’oeil à ce graphique permet de voir la réalité : en jaune, la part des capacités de production en Chine, pour les panneaux solaires, les cellules solaires, les batteries, les éoliennes et les modules d’électrolyse pour créer de l’hydrogène. La domination chinoise est quasi totale.
Une domination verticale et mondiale
Prenons les panneaux solaires. Selon l’Agence internationale de l’énergie, la Chine contrôle désormais plus de 80 % de toutes les étapes de production, depuis le raffinage du polysilicium jusqu’à l’assemblage final des modules. Et ce n’est pas tout : en 2024, le pays a installé à lui seul 357 GW de nouvelles capacités photovoltaïques. C’est presque 60 % du total mondial. À ce rythme, la barre du térawatt cumulé a été franchie sans même que l’Occident ait eu le temps de se retourner.

La stratégie chinoise ? Simple, radicale, efficace. Des investissements massifs (plus de 50 milliards de dollars injectés en une décennie), un tissu industriel intégré de bout en bout, et une maîtrise complète des matières premières, y compris dans des pays tiers. Résultat : un prix au watt-crête (Wc) imbattable, et des entreprises occidentales à genoux, comme le montre la cascade de faillites dans le solaire européen ces dernières années, comme le montre l’article de Reporterre.
L’autre pilier : les batteries
Côté batteries, c’est un copié-collé. En 2025, deux entreprises chinoises — CATL et BYD — trustent à elles seules plus de 55 % du marché mondial. Au total, six fabricants chinois figurent dans le top 10, représentant 67,5 % des parts globales. Et ils ne se contentent plus de fournir les marques locales : Tesla, BMW, Mercedes ou Stellantis intègrent désormais régulièrement des cellules venues de Chine dans leurs chaînes de production.
Encore une fois, le secret réside dans l’intégration. En amont, le contrôle des mines de lithium, de cobalt ou de nickel, souvent via des partenariats agressifs en Afrique ou en Amérique latine. En aval, une capacité industrielle sans équivalent, et des usines géantes qui sortent plusieurs dizaines de GWh par an.
Europe et États-Unis : l’éveil tardif
La riposte occidentale existe, mais elle est poussive. Aux États-Unis, la volonté de relocaliser une industrie solaire stratégique s’est heurtée à la réalité politique. La dernière proposition de loi budgétaire discutée au Congrès pourrait même couper court à plusieurs crédits d’impôts destinés à l’énergie propre comme l’explique Bloomberg.
Une forme de tir dans le pied au moment même où des projets de gigafactories commencent tout juste à sortir de terre. En d’autres termes, le verdissement de l’économie américaine pourrait bien ralentir.
Pour aller plus loin
Voici à quel point la Chine domine l’industrie des énergies renouvelables en Europe
En Europe, la Commission a certes lancé des garde-fous : labels éthiques, critères de durabilité, bonus écologiques conditionnés à l’origine géographique. Mais face aux prix chinois, difficile de lutter. Résultat : même les projets “locaux” dépendent souvent de composants made in China. La conséquence pourrait être une hausse des coûts de ces projets, avec une hausse des impôts au niveau européen.
Une transition sous influence
Là où le bât blesse, c’est que cette dépendance survient à un moment charnière : la transition énergétique s’accélère, les objectifs climatiques se durcissent, et la demande explose. Or, confier à un seul pays — aussi performant soit-il — les clés de notre avenir énergétique, pose une question de souveraineté. Que se passera-t-il le jour où Pékin décidera de ralentir ses exportations, ou de les conditionner à des intérêts géopolitiques ?
Le paradoxe est cruel : pour réduire notre dépendance aux énergies fossiles, nous avons créé une nouvelle dépendance… électrifiée. Et pour l’instant, aucune alternative crédible ne semble pouvoir desserrer l’étau chinois.
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