Pourquoi la France n’arrive pas à consommer toute son énergie solaire et éolienne

 
La capacité des sources d’électricité décarbonée est en constante hausse en France. C’est une bonne chose pour l’environnement et le climat, mais on la paye au prix d’un énorme chamboulement du marché.

Ce mois de juillet, le gestionnaire du réseau électrique RTE a publié son bilan du premier semestre 2025. Il y aborde les grandes tendances du système : consommation, production, exportations, mais aussi dynamique des prix.

Dans ce rapport, RTE réitère ce qui a déjà été dit maintes fois : les périodes de prix négatifs explosent. Un phénomène qui, d’ailleurs, ne touche pas que la France, mais aussi ses voisins européens. Autre fait notable, si les prix plongent durant la forte production solaire, ils flambent lors des pics de consommation.

Un phénomène qui s’amplifie, en France et ailleurs

Selon le document, la France a connu 363 heures de prix négatifs au premier semestre 2025, soit 8 % du temps, un record, comme nous vous l’indiquions il y a quelques jours. C’est presque sept fois plus que le nombre d’épisodes comptés en 2023 à la même période (53 heures). Cette explosion s’explique, sans surprise, par la forte disponibilité des énergies décarbonées. Malgré une production hydraulique et éolienne en recul en raison des conditions météo peu favorables, le nucléaire et (surtout) le solaire ont été largement disponibles.

La tendance a été aussi perceptible dans d’autres pays européens, tels qu’en Espagne qui, pour la première fois a atteint 459 heures, ou encore les Pays-Bas qui ont comptabilisé 402 heures.

Répartition mensuelle et horaire des prix négatifs, entre 2018 et 2025. // Source : RTE

Comme chaque année, ces épisodes se concentrent principalement au printemps, l’après-midi et durant les week-ends. Ce qui a changé en revanche c’est la fréquence sur les jours ouvrés. Selon RTE, 43 jours ouvrés ont connu au moins une heure par jour de prix négatifs, contre seulement 21 jours l’an dernier.

Des prix négatifs, mais modérés

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ces prix négatifs restent toutefois modérés. En France, ils ont généralement oscillé entre -1 et -0,1 € par mégawattheure (MWh). D’ailleurs, alors que l’attention médiatique se porte en principe sur ces coûts négatifs, il est important de souligner que le prix du marché a augmenté de 44 % par rapport à l’année dernière, atteignant en moyenne 67 €/MWh. Une hausse à mettre toutefois en perspective avec les prix des pays voisins, celui de la France étant parmi les plus faibles.

2 TWh d’électricité gaspillée

De plus en plus de centrales renouvelables sont désormais incitées à s’arrêter ou à réduire leur production lorsque les prix chutent en dessous de zéro. Mais limiter ou, plus techniquement, « écrêter » la production revient à gaspiller, puisqu’une quantité significative d’électricité qui aurait pu être produite et utilisée est tout simplement perdue. Et selon le rapport de RTE, ces écrêtements ont, eux aussi, explosé ce premier semestre. Ainsi, un total de 2 térawattheures (TWh) d’électricité a été « perdue », contre 1,1 TWh à la même période en 2024.

Volumes solaire et éolien terrestre écrêtés par mois en situation de prix négatifs, au premier semestre 2024 et 2025. // Source : RTE

Cette tendance pourrait encore s’amplifier. Avec l’arrivée de nouvelles centrales, qui ne bénéficieront plus des anciens contrats d’obligation d’achat, les producteurs devront désormais réagir aux signaux du marché. Concrètement, cela signifie qu’ils devront écrêter leur production dès que les prix deviendront négatifs.

Pour limiter ce gaspillage, l’une des principales solutions reste le stockage, comme sur des batteries. En absorbant les surplus de production pour les restituer ultérieurement, il permettrait de lisser les déséquilibres entre l’offre et la demande qui continue d’ailleurs de stagner ces dernières années.

L’autre piste, c’est l’électrification des usages, par exemple en remplaçant les voitures thermiques par des voitures électriques, ou les chaudières à gaz par une pompe à chaleur.


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