« On lancera bien sûr des VanMoof S6 et A6 » : le nouveau patron de VanMoof nous livre les futurs projets de la marque

 

Dans une interview exclusive accordée à Frandroid, Eliott Wertheimer, le co-PDG de VanMoof, revient sur la restructuration de la marque néerlandaise et la manière dont la gamme de vélos électriques va évoluer.

VanMoof S5 A5
Redémarrage et futur de VanMoof, d’abord sur les S5/A5, mais d’autres « véhicules » sont à l’étude. // Source : VanMoof

Le co-PDG de VanMoof, Eliott Wertheimer, nous a accordé une interview exclusive. De cette entrevue sont ressortis plusieurs sujets intéressants revenant ainsi sur la faillite de la marque (et le pourquoi du comment), la trottinette électrique VanMoof lancée fin 2024 et la projet speedbike de nouveau repoussé.

Ce quatrième pan de l’interview nous permet d’aborder le futur de la firme batave, et plus précisément sa restructuration, le nouveau réseau de réparateurs, les améliorations apportées au vélo électrique S5 et l’arrivée de tout nouveaux produits.

Frandroid : la saga VanMoof a fait beaucoup parler. Quelle est la nouvelle philosophie VanMoof et comment est désormais structurée l’entreprise ?

Eliott Wertheimer : « C’est une restructuration complète à tous les niveaux. De 700 personnes nous sommes passés à une centaine environ. Mais il faut que cette base maintienne les services gérés par la masse précédente, tout en supportant l’évolution et l’extension. C’est possible et on est en train de le prouver.

Ce qui fut critique lors du rachat de VanMoof, c’était la fin des contrats de tous les employés, il n’y avait plus personne. Il fallait donc comprendre qui étaient les “stars” pour ainsi leur vendre notre vision, le fait que l’on y croyait. C’est avec eux que l’on a recréé une équipe condensée de talents incroyables. Elle est formée de 60-70 % d’anciens de VanMoof, auxquels on a rajouté d’autres personnes de l’extérieur, c’était nécessaire. »

VanMoof restructuration
La restructuration fut très rapide, passant de 700… à 100 employés. // Source : VanMoof

« Cette base était indispensable, car en arrivant, il était impossible de comprendre l’infrastructure technologique, entre le logiciel, l’application et le site web. Le travail a été de cerner tout cela, de faire les liens avec les fournisseurs, puis d’identifier où l’on pouvait simplifier le code, supprimer des briques. Cela en seulement 2 semaines, entre le rachat et le 15 septembre, où l’on risquait de tout perdre, car des services fermaient.

Clairement, c’était l’épreuve la plus compliquée de ma vie ! Mais cela a permis de fiabiliser le système, et l’innovation était tellement importante et rapide qu’il était difficile de gérer cet aspect. »

En termes de produits aussi, vous avez rapidement lesquels devaient disparaître ?

E.W : « Établir le plan produit a été une étape difficile. D’habitude, vous avez un éventail de produits en vente pour générer des revenus, mais VanMoof n’avait pas ça. Le VanMoof S3 était très innovant mais avec plein de problèmes, car le produit n’a été assez testé, et l’entreprise est allée trop vite. C’est très typique d’une boîte sous capital risque. Chaque livraison de S3 était donc un peu meilleure, mais des problèmes fondamentaux restaient. Exemple sur l’e-shifter (la boîte automatique) : comme il n’y a pas de capteur de couple, le poids pouvait facilement casser cela.

VanMoof a donc annoncé le S4 en réponse [en mai 2023] à tout cela, une solution court-terme pour avoir un très bon S3, plus fiable. Même si les pièces étaient fiabilisées, le S4 disposait de la même architecture difficile à réparer notamment au niveau des connexions. Donc on ne pouvait pas le garder.

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Oubliez-le, le VanMoof S4 ne sera pas lancé. // Source : VanMoof

Notre première priorité, ce fut d’améliorer les pièces critiques pour leur technologie fonctionne, ainsi que la chaîne d’approvisionnement afin d’aider nos 200 000 cyclistes aujourd’hui et qu’ils continuent à utiliser leur vélo. »

Ces pièces détachées sont-elles d’ailleurs disponibles ? Le réseau de réparateurs vient aussi restaurer la confiance ? Un retour de showroom comme par le passé est-il prévu ?

E.W : « Oui. Comme le système est très complexe, on a arrêté de les vendre directement aux gens. C’est un peu comme un smartphone Samsung ou Apple, vous ne pouvez pas acheter un processeur et les réparer vous-même, là, c’est pareil. On le fait pour éviter d’endommager encore plus le vélo.

Les pièces sont donc disponibles que dans notre réseau de réparateurs. Ils sont déjà une dizaine en France, bientôt une dizaine supplémentaire, dont quatre ou cinq à Paris, là où sont la plupart de nos utilisateurs. Ce réseau qui comprend aujourd’hui une centaine de partenaires en Europe est un changement radical, après le grand pari raté de fonctionner en interne. Il y a aussi un réseau de revendeurs, ça, c’est nouveau. Nous sommes allés par étapes, d’abord aux Pays-Bas, puis l’Allemagne, et la France avant le Royaume-Uni et les États-Unis. »

Vanmoof réparateur vélo électrique
Le réseau de réparateur va grandir à près de 20 d’ici juin 2024. // Source : VanMoof

« L’un des grands enjeux de VanMoof cette année est aussi de réinstaurer la confiance : en interne où la communication n’était pas idéale, tout comme en externe avec tous nos plans, comme la trottinette électrique dont on a parlé. Notre échec serait de ne pas délivrer ces promesses.

Les VanMoof Store sont aussi complètement écartés pour le moment. Seulement quand nous aurons rempli nos objectifs et serons rentables, nous pourrons étudier de tels’“flagships’ à Paris ou à Londres pour exposer l’expérience client. Plus probablement, cela passera par des corners dans des revendeurs VanMoof. »

Le ‘nouveau’ S5 est donc relancé avec quelques améliorations : la fiabilité est-elle bonne, ou des points bloquent encore ? VanMoof peut-il encore améliorer le vélo ?

E.W : « Le S5 est incroyable, c’est le vélo électrique VanMoof ultime, le plus avancé sur le marché : contrôle de puissance, bouton Boost, Kick Lock, sécurité avec alarme, etc. Ce VanMoof S5 avait quelques problèmes, car il été lancé trop rapidement de quelques mois.

La première amélioration concerne l’étanchéité. Ce vélo est tellement embêtant à voler – car on ne peut rien en faire, ni même vendre les pièces détachées – que les gens le laissent dehors. L’étanchéité doit donc être parfaite. On a amélioré quelques pièces mécaniques, dont le système de freinage plus robuste, le serrage de la selle ou encore la connectique de puissance.»

VanMoof S5 e-shifter
Le VanMoof S5 déjà amélioré va évoluer, possédant ‘2-3 ans d’avance matérielle’ à mettre en pratique. // Source : Frandroid.

« La plus importante amélioration a été le logiciel, qui profite d’une connexion Bluetooth très rapide, et l’e-Shifter qui bénéficie d’une meilleure calibration (selon deux modes plat et vallonné, ou personnalisé). Nous avons commencé à redévelopper la plateforme pour ajouter des fonctionnalités. Le S5 va ainsi continuer à s’améliorer au fur et à mesure en termes d’application et de logiciel, avec un compteur calorique par exemple. On a deux à trois ans d’avance de matériel dans le vélo.

La presse néerlandaise le considère comme un vieux produit, mais c’est faux. Le développement a débuté mi-2021, et le lancement [fiabilisé] a eu lieu début 2024. Cette durée de deux ans et demi est totalement normale, pour tester, réitérer, encore et encore.»

La restructuration va-t-elle changer l’esprit VanMoof ? D’autres produits VanMoof sont-ils prévus au-delà de la trottinette électrique ex-Lavoie et du speedbike V ?

E.W : « Le S5 va continuer d’exister plusieurs années, avec la future trottinette électrique. D’autres produits arriveront ensuite, on va poursuivre notre histoire. On lancera bien sûr des S6 et A6, mais dans longtemps, car le développement demande 2 à 3 ans.

Le problème dans l’industrie du vélo ou la trottinette électrique est la tendance de lancer des nouveautés tous les ans. Nous, on se compare à la qualité automobile en termes de complexité, c’est un ordinateur sur roues. On peut toujours lancer des nouvelles couleurs, des séries limitées ou des partenariats pour le marketing, mais pas une nouvelle plateforme. Et ceci est au bénéfice du client, qui gagne en qualité, fiabilité et en valeur de revente.»

VanMoof V
Pas de voitures, mais pourquoi pas des scooters ou des motos électriques VanMoof ? // Source : VanMoof

« Outre le fait de garder les utilisateurs sur la route et retrouver leur confiance, la priorité est de conserver l’esprit VanMoof. La raison d’exister est celle de procurer un plaisir à chaque trajet : simplicité, esthétique, fonctionnalité. Le Kick Lock [ndlr : verrouillage par un bouton à pousser avec le pied] est une parfaite démonstration : il est tout bête à utiliser, mais cache en son cœur une énorme sophistication. Tous nos produits seront comme ça. On se considère comme un fabricant de véhicules électriques urbains, on est complètement ouverts à d’autres types de produits même si l’on ne fera de voitures !»

On peut aussi penser à d’autres vélos répondant à certains besoins ? Et est-ce qu’un VAE plus abordable (2000 euros comme le S3) est envisageable ?

E.W : « Oui, d’autres vélos électriques viendront, absolument. C’est complètement dans les tuyaux, mais ce sera aligné avec l’esprit VanMoof. Concernant un vélo plus abordable, cela n’est pas au programme avec le S5, car la plateforme vaut son prix. La vraie question est donc : va-t-on lancer des produits moins sophistiqués et plus accessibles ? La réponse est oui !

Trottinette électrique Vanmoof Lavoie
Outre cette trottinette, d’autres vélos électriques sont envisagés, dont le prochain duo S6/A6. // Source : Lavoie

On ne descendra pas sous un certain niveau pour ne pas endommager la marque, mais on va essayer de réunir les fondamentaux dans un ‘package » moins cher. Le tarif dépendra des technologies à implémenter, mais on ira jamais sur un modèle à 1 500 euros par exemple. Pour le reste, notre ambition est d’être innovant, de proposer de beaux produits, et d’offrir une expérience augmentée. »

Pour rebondir sur le mystérieux teasing d’Eliott Wertheimer, au sujet des ‘véhicules électriques urbains’, il est important d’avoir en tête le pedigree de l’intéressé. Comme nous l’avons évoqué, Albert Nassar et lui ont développé une petite moto électrique chez Furo Systems en 2017. Le duo a sans doute conservé cette idée quelque part dans leur tête. Affaire à suivre.


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