Pourquoi l’Europe veut que les voitures électriques chinoises coûtent plus chères

 

L'Union européenne annonce lancer une grande enquête concernant les subventions publiques accordées par la Chine à ses constructeurs de voitures électriques, afin de garder des prix artificiellement bas. Ce qui risque de poser de gros problèmes à notre industrie si rien n'est fait.

MG4 XPower // Source : Marie Lizak pour Frandroid

Depuis quelques mois, les constructeurs chinois envahissent l’Europe, c’est un fait. Et cela avait commencé lors du dernier Mondial de l’auto de Paris au mois d’octobre 2022, où l’on comptait de nombreuses marques venues de l’Empire du Milieu. Parmi elles, BYD ou encore Ora, au détriment des firmes européennes comme BMW ou Citroën qui étaient absentes.

Une grand enquête

Et cette tendance se poursuit encore et encore, alors que de nombreuses autres marques veulent tenter leur chance chez nous. C’est par exemple le cas de MG, dont la MG4 dépasse même la Tesla Model 3 à l’échelle européenne, en raison de son prix très bas. Mais on pense aussi à Nio ou encore Xpeng, ainsi qu’à Denza, filiale haut de gamme de BYD dont nous avons pu découvrir le van électrique D9 au salon de Munich.

Bien sûr, cela ne plaît pas vraiment à l’Union européenne et aux spécialistes qui craignent que cette dernière ne devienne qu’un simple importateur. D’ailleurs, la Chine est officiellement devenue le plus grand exportateur de voitures dans le monde, devant le Japon et l’Allemagne. Ce qui avait conduit Bruxelles à annoncer une série de mesures similaires à l’Inflation Reduction Act (IRA) américain.

BYD Song U // Source : BYD

Mais l’Europe veut aller plus loin dans la chasse aux voitures chinoises à bas prix. La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, vient justement d’annoncer la mise en place d’une grande enquête visant directement la Chine. Le pays est en effet accusé de verser d’importantes subventions à ses constructeurs nationaux afin de leur permettre de maintenir des prix très bas. Une sorte de concurrence déloyale que Bruxelles n’apprécie que moyennement.

Et ce même si les prix sont revus à la hausse lorsque les voitures arrivent sur le Vieux Continent, notamment en raison de la fiscalité plus élevée chez nous. Dans son discours, relayé sur le site de la Commission Européenne, la présidente rappelle que « l’Europe est ouverte à la compétition. Mais pas à un nivellement pas le bas« , ce que la Chine est accusée de pratiquer, au détriment de notre industrie.

Une bonne nouvelle ?

Cette annonce a globalement fait l’unanimité auprès des dirigeants européens, tandis que le ministre de l’économie Bruno Le Maire a jugé nécessaire que « l’Europe puisse riposter« , si ces subventions distribuées par la Chine « ne sont pas conformes » aux règles du commerce international. Même son de cloche à l’Association des constructeurs européens d’automobiles (ACEA), qui salue ce signal positif en faveur de l’industrie du Vieux Continent.

Selon Thomas Grjebine, économiste au CEPI, relayé par le site Public Sénat, la part des voitures chinoises en Europe est passée de 1 % en 2021 à 8 % rien que pour l’électrique en 2023. Et ce chiffre devrait continuer à grimper, alors que les véhicules venus d’Asie coûtent en moyenne 20 % moins chère. Cela pourrait donc changer, même si les sanctions n’ont pas encore été annoncées. D’autant plus que l’Europe souhaite conserver de bonnes relations avec la Chine.

Mais il faut toutefois nuancer, car certaines voitures, à l’image des voitures électriques de BYD, qui ne sont pas forcément moins chères que leurs homologues européennes. On pense notamment aux BYD Tang et BYD Han, ainsi qu’à la nouvelle BYD Seal qui arrive en France pour se confronter à la Tesla Model 3, en étant plus chère que cette dernière !

Faut-il s’attendre à une hausse des prix des voitures chinoises dans les prochaines années ? Sans doute. Car Bruxelles veut tout faire pour que les constructeurs de l’Empire du Milieu fabriquent leurs autos chez nous, ce que prévoit notamment de faire MG. Cela impliquera cependant une augmentation du tarif de la compacte électrique, actuellement sous la barre des 30 000 euros. Même chose chez BYD, qui prévoit d‘implanter une usine chez nous prochainement.

En cause : le coût de la main d’œuvre, plus élevé en Europe. Il est aussi possible que l’Union européenne souhaite augmenter les taxes à l’importation (actuellement de 10 % sur les voitures électriques) pour augmenter artificiellement le prix des voitures fabriquées en Chine.

En parallèle, le gouvernement français va supprimer le bonus écologique pour toutes les voitures électriques assemblées en dehors de l’Union Européenne. Ce sera notamment le cas pour la Dacia Spring, entre autres. Cependant, il se pourrait que la Tesla Model 3, actuellement produite à Shanghai soit préservée et reste éligible à cette aide.


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