Des procédures « opaques et incohérentes » : pourquoi les livraisons des voitures électriques européennes pourraient prendre du retard

 
En Europe, de nombreuses usines de fabrication de moteurs de voitures électriques sont à l’arrêt. En cause ? La pénurie de terres rares indispensables orchestrée par le gouvernement chinois. On vous explique tout.
L’usine de Zwickau // source : Volkswagen

L’industrie automobile n’est pas vraiment à la fête en ce moment. Et à vrai dire, cela est déjà le cas depuis plusieurs années, et tout particulièrement depuis la crise du Covid-19. À cette époque, cela avait entraîné une pénurie de semi-conducteurs, qui s’est désormais résorbée. Mais les tracas ne sont pas terminés.

Une pénurie de terres rares bien réelle

Si les usines ont repris le rythme normal, le marché est confronté à de nombreux défis. D’abord, la baisse de la demande pour les voitures électriques, qui force certains constructeurs comme Volkswagen à réduire la cadence de production en 2024. Mais ce n’est pas tout, car une autre menace plane sur le secteur. Il s’agit d’une pénurie de terres rares, comme nous l’avions évoqué dans un précédent article. Et voilà que les premiers effets concrets commencent déjà à se faire ressentir pour certaines entreprises.

C’est ce qu’explique L’association européenne des équipementiers automobiles (CLEPA) dans un communiqué. L’organisation tire la sonnette d’alarme et indique que plusieurs usines de production de moteurs électriques sont à l’arrêt. Celles-ci ont épuisé leurs stocks de terres rares, qui sont indispensables à la fabrication de ces pièces. Mais quelle est la raison ? En fait, il faut savoir que ces composants ne sont pas si rares que cela, mais leur extraction est très difficile, énergivore et polluante. Mais la pénurie ne s’explique pas par cette raison.

Moteur électrique arrière du Porsche Macan // Source : Porsche

En fait, elle est purement politique. Car il faut savoir que la Chine est le principal pays exportateur des terres rares dans le monde. Or, le pays a décidé de mettre en place des restrictions, en représailles aux droits de douane américains et européens. Et cette menace est sérieuse, car le pays contrôle actuellement l’extraction de 90 % de ces minéraux, mais aussi toutes les étapes de leur traitement. Il est donc un acteur omniprésent, qui peut dicter ses règles comme bon lui semble.

Ainsi, l’Empire du Milieu a décidé qu’il faut désormais demander un permis pour pouvoir importer les terres rares. Or, selon la CLEPA, seulement un quart des demandes de licences d’importations faites par les entreprises européennes ont été approuvées par la Chine. Les autres auraient été rejetées, et l’association dénonce des procédures « opaques et incohérentes d’une province à l’autre, certaines licences étant refusées pour des raisons de procédure et d’autres exigeant la divulgation d’informations sensibles en matière de propriété intellectuelle ». Et forcément, cela a un impact non négligeable sur la production de voitures électriques en Europe.

Une situation au point mort

Benjamin Krieger, secrétaire général de la CLEPA explique que «  les restrictions à l’exportation imposées par la Chine paralysent déjà la production des fournisseurs européens ». Il appelle désormais les autorités chinoises et européennes « à engager un dialogue constructif afin de garantir que le processus d’octroi de licences soit transparent, proportionné et conforme aux normes internationales ». Mais pour le moment, la situation est au point mort pour certains constructeurs. Cependant, tous ne sont pas touchés de la même manière.

Mercedes affirme avoir anticipé les risques de pénurie, tandis que Renault équipe ses voitures électriques de moteurs sans terres rares. De son côté, BMW travaille au développement de technologies faisant aussi l’impasse sur ces métaux. Mais en attendant, la situation est encore hors de contrôle. Car ces minerais sont aussi utilisés pour produire d’autres éléments dans nos voitures, et pas seulement les électriques. En effet, ils sont indispensables à la fabrication des systèmes de climatisation, de la direction assistée ou des moteurs d’essuie-glaces.

Relayé par Automobile Propre, Stéphane Séjourné, commissaire européen en charge de la stratégie industrielle, appelle à un changement de stratégie. Pour lui, « nous devons réduire notre dépendance vis-à-vis de tous les pays, en particulier vis-à-vis d’un certain nombre de pays comme la Chine, dont nous dépendons à plus de 100 % ». L’Union Européenne aurait déjà identifié 13 nouveaux projets afin d’augmenter l’approvisionnement en terres rares au cours des prochaines années. En parallèle, les constructeurs vont concevoir des solutions permettant de s’en passer de plus en plus.


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