Comment les jeux mobiles ont transformé le jeu vidéo tout entier

Notre podcast Salut Techie numéro 27 est disponible

 

Le jeu mobile a souvent été décrié comme l'enfant pauvre du jeu vidéo. Pourtant, c'est lui qui a eu le plus grand impact sur nos titres préférés désormais, et les joueurs de toutes les plateformes se doivent de se réunir pour faire attention à l'avenir : c'est le sujet de notre dernier podcast.

À la sortie de la Blizzcon 2019 et alors que Fortnite reste un succès interplanétaire, impossible de ne pas en parler dans notre dernier podcast : le jeu mobile a eu une influence palpable sur les jeux vidéo en général. Et les joueurs… devraient peut-être être méfiants.

Pour écouter ce nouvel épisode, vous pouvez vous diriger sur votre plateforme de podcast préférée, suivre ce lien, ou utiliser le petit lecteur ci-dessous :

Voici ci-dessous la chronique de Maxime qui lance le débat de l’épisode.

L’impact du jeu mobile sur le jeu vidéo

Après des années à rester des expériences exclusivement consoles et PC, des licences aussi connues que Call of Duty, League of Legends et Mario Kart sont ou arrivent désormais sur mobile. Mais que se passe-t-il ?

« Les jeux mobiles ne sont pas nobles ! Aucune affaire de talent lorsqu’on a un écran tactile ! Vous êtes tous des casus ! » Voici ce que criaient jusqu’à pas si longtemps de nombreux joueurs en regardant ces nouvelles plateformes. Mais alors que nombreux sont nos auditeurs et personnes autour de cette table à se faire 360 no scope sur la moindre partie de Fortnite par ses petits neveux et nièces sur leur iPad, peut-être est-il temps de l’admettre : le jeu mobile est sérieux.

Toi. Toi qui as passé ton temps à jouer à Angry Birds et Doodle Jump dans ta trousse en te pensant discret, tu en es le principal responsable. Et pour cause : il a fallu que plutôt qu’entendre la vieille garde te dire que tu ne connaissais pas le véritable jeu vidéo, tu aies décidé de t’entourer de gens faisant la même chose que toi. Au point de créer désormais un environnement virtuel où tous vous vous retrouvez, en paix. Voilà qui fait friser les moustaches des anciens, mais eux aussi finissent par céder.

Minecraft l’a montré auparavant, Fortnite n’a fait que le prouver : les jeux les plus importants de ces dernières années sont des plateformes. Eh oui : il ne s’agit plus de jouer à plusieurs titres tour à tour, mais de passer d’une communauté à l’autre. La véritable guerre désormais est aussi bien sur mobile que console et PC : il s’agit de celle du modèle économique à apposer à ces communautés.

Ironiquement, le parcours de Nintendo sur le mobile l’illustre très bien. Après l’échec d’un Super Mario Run réclamant 10 euros pour être complet, le développeur japonais a prouvé ce qu’Audrey LePrince, co-créatrice de The Game Bakers, nous disait en interview : le jeu mobile payant est mort. Est ensuite sorti Fire Emblem Heroes, jeu de stratégie assez classique, qui continue de connaître un énorme succès et souligne l’âge d’or des jeux gratuits à tirage aléatoire. Enfin, Mario Kart Tour est sorti récemment, et a l’outrecuidance de réclamer un abonnement de 5,49 euros pour pouvoir jouer en multijoueur, plus cher que celui de la Nintendo Switch complète.

Outrecuidance, vraiment ? Ça n’est que la direction vers laquelle vont les jeux mobiles désormais. Comme l’a fait l’industrie cinématographique avant cela, ou même la musique, nous passons de la valorisation du bien à la valorisation du service. Une obsession pour les éditeurs dans cette philosophie : créer le « Netflix du » insérez ici n’importe quel marché. Le « Netflix du jeu vidéo mobile » prend l’air du service Apple Arcade lancé très récemment, qui pour 5 euros par mois vous permet de télécharger librement tout un tas de jeux inédits.

Il semble que ce soit ici que les titres payants de l’époque comme Monument Valley ou A Normal Lost Phone peuvent désormais trouver refuge. Plutôt que de compter sur une poignée de ventes à 1 ou 2 euros, les voilà plutôt à signer des contrats d’exclusivité pour quelques espèces sonnantes et trébuchantes qu’on devine payées d’avance afin de fournir un petit pécule au développement d’un prochain titre. Allez, un petit pourcentage sur les abonnements en rapport direct avec le nombre de téléchargements, on n’est pas des sauvages, vous pouvez avoir les miettes.

Les joueurs PC et consoles peuvent-ils seulement regarder ça de haut, alors que leurs plus grandes communautés jouent à des free-to-play ayant les mêmes pratiques… quand ils ne sont pas payants en prime, cela va sans dire (coucou Overwatch). Au moins les lootboxes commencent à intéresser les autorités, après un premier bannissement total en Belgique.

On se demande bien pourquoi les Battle Pass existent désormais : la même boucle monétaire, sans les accusations d’addiction. Mais tout n’est pas uniquement financier. Constatez :

« Les jeux mobiles n’ont pas un gameplay assez sérieux » disait auparavant Jean Kévin avant que son PC à 2 500 euros ne lance le dernier auto chess à la mode, où le gameplay se résume à cliquer une ou deux fois toutes les trente secondes pour appliquer sa stratégie. Ce même jeu qui sortira bientôt sur mobile, et dont Jean Kévin profitera joyeusement sur son smartphone aux toilettes ou dans les files d’attente.

Quel joueur peut-il vraiment renier l’idée de pouvoir jouer à son jeu sur n’importe quelle plateforme ? Je me demande si, à tout hasard, les mordus de Final Fantasy XIV ou tout autres MMORPG ne seraient pas attirés par l’idée de faire des petites quêtes simplistes sur leur mobile avant de retrouver leur guilde pour un gros raid dominical sur leur PC. Même les joueurs consoles luttent pour que les communautés grossissent, à l’image du mouvement populaire pour l’adoption du crossplay, notamment ceux qui ont payé 200 euros pour pouvoir jouer à Dragon Ball FighterZ sur PS4 et Switch (j’ai toujours mal). Mais au moins Ubisoft a déjà annoncé que tous ses titres joueurs contre joueurs à l’avenir placeront les Xbox, PlayStation, Nintendo et PC dans la même arène.

Tous ces adeptes du jeu sont donc condamnés à reconnaître que le mobile est bien une plateforme viable. Mais toutes ces tendances tendent à diviser l’univers des possibles en deux pôles distincts : les expériences solos disponibles sur abonnement, ou le multijoueur ne vous laissant exprimer votre personnalité qu’en payant.

Pour les gamers observateurs les plus cyniques, il ne s’agit ici que de la conséquence des éditeurs véreux. Profitant des nouvelles générations ayant grandi avec l’outil smartphone, ils n’ont fait connaître aux joueurs mobiles que la médiocrité d’expériences répétitives changeant à peine d’épisode en épisode pour faire d’eux des bandits manchots, qui font régulièrement tomber des pièces à leur attention.

Quand Achab recherche sa baleine, les vrais gamers se gaussent et lancent Call of Duty Modern Warfare, 16e jeu de la licence annuelle et 4e épisode de la série sous forme de reboot. Monter en grade est après tout si addictif.

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