On a roulé en Chine avec l’Aito M8 : le SUV de Huawei qui cartonne va-t-il séduire l’Europe ?

 
Sous une pluie tropicale, au cœur du showroom AITO de Huizhou, j’ai pris le volant de la nouvelle AITO M8 dans sa version 100 % électrique. Ce SUV premium signé Huawei et Seres veut redéfinir les standards de l’automobile haut de gamme en Chine. Il arrive bientôt en Europe. Voici notre premier avis.
AITO M8 Ultra à Huizhou le 17 septembre 2025 // Source : Nicolas Declunder pour Frandroïd

Le 17 septembre, nous nous sommes rendus à la concession AITO de Huizhou (Chine) pour tester l’AITO M8, le dernier-né du partenariat entre Huawei et Seres qui vient d’être mis sur le marché en version tout-électrique BEV.

Sous une pluie battante, j’ai pu découvrir ce SUV électrique premium qui a révolutionné le segment en Chine et que nous vous avons brièvement présenté lors de notre passage à l’IAA de Munich.

Notre visite est aussi inspirée par le lancement imminent de la AITO M7 qui est devenu un des best-sellers dans l’automobile en Chine avec 190 000 préventes sur les 8 premiers jours. Ce n’est pas au niveau de la Xiaomi YU7, mais tout de même une prestation incroyable dans un marché devenu si compétitif.

L’Accueil Client Digne des Plus Grandes Marques de Luxe

Mais avant même de parler du véhicule, il convient de saluer l’excellence de l’accueil dans la concession AITO. En près de deux ans d’essais de véhicules électriques en Chine, je n’avais jamais expérimenté un service client d’un tel niveau.

Dès mon arrivée, un conseiller sort avec une ombrelle (il y’avait encore du soleil) pour m’escorter de mon véhicule à la concession. Puis une hôtesse s’est présentée brièvement et m’a pris en charge tout le long de la visite, incluant le test de conduite. Elle a également su répondre à la majeure partie de mes questions, ce qui n’est que rarement le cas, et qui démontre une très bonne connaissance du produit.

Si l’on ajoute à cela la mise en place du showroom qui présente un espace volumineux, lumineux et confortable, on se rapproche des meilleurs standards de service et d’attention aux clients. La visite commence donc bien. Le luxe est dans le détail et on apprécie aussi le pare-soleil mis sur notre voiture à l’arrivée, enlevé dès l’apparition des premières gouttes de pluie.

Et cette attention au détail se retrouve dans chaque interaction : présentation personnalisée des technologies, documentation technique complète, et même un suivi post-essai pour recueillir mes impressions. Et c’est un exercice délicat, car il faut donner de l’attention, mais sans non plus mettre mal à l’aise le client, ce que les équipes de AITO semble avoir bien assimilés.

AITO M8 : La Vitrine Technologique du Partenariat Huawei-Seres

L’AITO M8 incarne l’alliance stratégique entre Huawei, aux commandes technologiques, et Seres, constructeur chinois spécialisé dans les véhicules électriques. Cette collaboration unique permet d’intégrer l’écosystème technologique complet de Huawei dans un véhicule conçu spécifiquement pour le marché premium chinois.

Le résultat est un SUV de 5,23 mètres qui se targue d’être à la pointe des technologies automobiles et qui a réussi à établir cette renommée sur le marché Chinois. Il faut quand même le réaliser car on se doute que Mercedes, BMW et Audi ne lui ont pas cédé volontairement le passage. 

Lancée officiellement fin août 2025 dans sa version 100 % électrique, l’AITO M8 BEV propose une gamme étendue de six configurations. La version d’entrée Max+ Long Range 5 places démarre à 50 000 euros, tandis que la version Ultra AWD 6 places culmine à 62 500 euros. Toutes les variantes embarquent de série une batterie CATL de 100 kWh offrant jusqu’à 705 km CLTC (environ 580 kilomètres d’autonomie WLTP) pour la propulsion et 655 km CLTC (540 kilomètres WLTP) pour les versions quatre roues motrices.

La puissance s’échelonne de 304 chevaux en propulsion à 519 chevaux en transmission intégrale. Je suis pour ma part assez surpris de l’offre à batterie unique alors qu’il aurait pu avoir du sens de proposer une batterie aux performances supérieures sur la version Ultra, comme le font de nombreux constructeurs.

Huawei décide ainsi de mettre en avant d’autres fonctionnalités du véhicule et cela ne semble pas poser de problème majeur à ses clients. Les pneumatiques Pirelli P-Zero – montés en 285 à l’arrière – devraient garantir le bon passage de la motricité.

Une réussite commerciale

En fait c’est même plutôt le contraire puisque les données d’immatriculation pour août 2025 en Chine annonce 5 307 véhicules enregistrés par semaine, ce qui place la M8 en leader du segment des SUV premium en Chine devant l’AITO M9 (2,304 unités) et l’ONVO L90 (1,976 unités). Notons tout de même que ces chiffres sont pour la version hybride rechargeable puisque la version tout-électrique vient d’être lancée. Mais les performances globales prouvent quand même l’efficacité du binôme Huawei-Seres. 

Avec 56 748 unités livrées depuis le lancement en avril 2025 (cumul jusqu’en août) la M8 est aussi le 4ème véhicule hybride rechargeable le plus vendu en Chine au premier semestre 2025

La M8 en version 5 ou 6 places

Si les voitures mises à notre disposition lors de notre visite étaient toutes en configuration 6 places, la version de base de la M8 est une voiture 5 places avec une banquette arrière 3 places. Cette version n’est que très peu vendue en Chine mais serait peut-être un succès en Europe où le volume du coffre semble si important dans l’achat d’une voiture.

Au passage, j’apprécie le confort des fauteuils de la deuxième rangée, notamment celui derrière le passager puisque c’est l’unique siège « zero gravity » de la M8 Ultra permettant de se reposer en position allongée avec massages, siège chauffant et ventilé et la meilleure place dans la voiture pour regarder un film sur le rétro projecteur. Aucun problème donc pour votre trajet Paris-Marseille, vous arriverez bien reposé à destination.

En configuration 6 places, si les sièges avant et les 2 fauteuils de la première rangée offrent un espace suffisant aux jambes, aux épaules et à la tête, les 2 sièges de la troisième rangée ne seront pas destinés aux adultes pour de longs trajets. En particulier pour l’espace aux jambes qui devraient limiter ces sièges aux enfants. Ce qui pourrait être le cas pour ce SUV qui se revendique familial.

Dans toutes les configurations, la version BEV offre un frunk (coffre avant) d’une capacité de 149 litres et un coffre arrière de 392 litres sur la version 6 places qui passera à 1 323 litres lorsque la troisième rangée de sièges sera repliée.

Des Sièges d’exception mais quelques défauts d’ergonomie

L’habitacle de l’AITO M8 révèle un niveau de finition et de confort digne des plus grandes marques. Les sièges avant méritent une mention particulière : leurs appuie-têtes et dossiers offrent le meilleur soutien que j’ai pu expérimenter lors de mes essais en Chine.

Le galbe parfait et les réglages multiples permettent de trouver immédiatement une position de conduite idéale. Les matériaux, cuirs et Alcantara, sont agréables mais le faux-bois et des plastiques durs autour de la planche de bord et sur les portes ne permettent pas d’atteindre les standards de la Denza N9 ou de la AITO M9 qui utilisent des inserts en bois véritable.

Au niveau de l’ergonomie, certains choix questionnent. L’absence de commandes tactiles dédiées pour les phares constitue une régression regrettable. Il faut désormais passer par les commandes vocales ou naviguer dans les menus de l’écran central pour ajuster l’éclairage, une complication inutile pour une fonction aussi basique.

Le sélecteur de vitesse en comodo derrière le volant ne me pose pas de problème et libère de l’espace sur la console centrale. Pourquoi pas.

Le réglage des essuie-glaces et le sélectionneur de vitesse sont présents, en revanche pas de contrôle physique pour les phares.

L’Intelligence Artificielle au Service du Quotidien

L’une des démonstrations les plus impressionnantes des capacités technologiques de l’AITO M8 s’est produite naturellement lors de mon essai pluvieux. Alors que la buée commençait à s’installer sur le pare-brise avant, l’intelligence artificielle embarquée m’a spontanément proposé d’activer le système de dégivrage. Cette intervention contextuelle, parfaitement adaptée aux conditions météorologiques, illustre la sophistication de l’écosystème Huawei intégré au véhicule.

La vision du tableau de bord depuis le siège passager avant.

Cette IA ne se contente pas de réagir aux conditions extérieures, elle anticipe les besoins du conducteur en analysant constamment l’environnement via ses multiples capteurs. L’approche diffère radicalement des assistants vocaux traditionnels en proposant des actions pertinentes sans sollicitation préalable. Une révolution dans l’interaction homme-machine automobile qui sera certainement poussée bien plus loin dans les années à venir. 

Huawei xHUD

L’AITO M8 inaugure une technologie inédite avec son système Huawei xHUD permettant, entre autres, de visionner des films directement dans l’affichage tête haute. Si l’innovation technique force l’admiration, son utilité pratique interroge. Regarder un film au volant, même dans les embouteillages, présente des risques évidents de distraction. En revanche, à l’arrêt, cette fonction peut s’avérer divertissante pour le conducteur. Regarder un film sur un écran tête haute, c’est maintenant possible !

Plus impressionnante est la technologie d’éclairage développée par Huawei. Les phares projettent au sol des graphiques et messages d’accueil personnalisables, créant un véritable spectacle lumineux lors de l’approche du véhicule. Ces projections peuvent afficher des animations complexes, des messages texte ou même l’heure. Une innovation purement esthétique, mais qui participe indéniablement au caractère premium et technologique revendiqué par la marque.

Un comportement surprenant

Nicolas Declunder driver

Les conditions météorologiques lors de mon essai, avec une pluie soutenue typique du climat subtropical du sud de la Chine, ont permis de tester l’AITO M8 dans des conditions réelles d’utilisation.

Le premier constat est sans appel : le confort de roulement atteint des sommets dans cette catégorie. La suspension pneumatique adaptatif – de série sur notre finition Ultra – filtre avec une efficacité remarquable les imperfections de la chaussée. Mais justement, de la même façon que pour la ET9 de Nio, le risque est d’être déconnecté de la route.

Ce fut d’ailleurs une sensation très surprenante pour moi de prendre le volant qui se tourne sans aucune force. Je veux dire par là qu’un simple frottement du doigt enverra le volant faire un tour sur lui-même. Et ce qui est vrai pour le volant, l’est aussi pour la pédale d’accélération – en mode confort – qui pourrait passer au plancher en posant une chaussure dessus.

Malgré les explications de notre hôtesse, je ne ressens pas de changement majeur en changeant de mode de conduite. Même en mode sport, impossible de retrouver assez de ressenti.  

Le système auto-parking se manipule en sélectionnant la façon et le sens dont on préfère garer le véhicule.

AITO veut probablement calibrer la conduite pour séduire une clientèle chinoise privilégiant le confort absolu à l’engagement dynamique, et à la vue des performances commerciales, cela semble être la bonne stratégie en Chine. Mais cette approche sera certainement à revoir pour des clients Européens.

Test réussi pour l’autopilot en ville, Huawei continue d’améliorer la reactivité de son système.

L’insonorisation est efficace, créant une bulle de sérénité que je pourrai comparer à ma Denza N7 qui reste une référence. Le système audio de Huawei est efficace, mais il commence à trouver ses limites en comparaison des systèmes Naim et Devialet mis en place chez les concurrents Zeekr et Denza. Il va falloir que AITO se mette au niveau.

La bulle « Huawei Sound » trône fièrement sur le tableau de bord mais le système audio arrive à ses limites…

Face à la Concurrence Chinoise 

Sur le marché chinois, l’AITO M8 évolue dans un environnement concurrentiel particulièrement dense. Face aux NIO ES8, Li Auto L9 ou encore BMW iX produites localement, il doit justifier son premium par une réelle différenciation. L’intégration complète de l’écosystème Huawei constitue son principal atout, offrant une expérience utilisateur cohérente et évolutive grâce aux mises à jour régulières du système HarmonyOS.

Mais justement, les Aito commencent d’arriver en Europe, et malheureusement, elles sont totalement dénuées de l’écosystème Huawei, que ce soit logiciel et matériel. À la place, Seres a développé son propre écosystème, beaucoup moins complet. Vraiment dommage.

Pour aller plus loin
Les voitures électriques « de Huawei » arrivent en Europe, mais sans Huawei

Cependant, les marques chinoises concurrentes ne restent pas inactives. NIO mise sur son service de changement de batterie, Li Auto sur l’efficacité de ses groupes motopropulseurs hybrides, tandis que les constructeurs traditionnels comme BMW ou Audi adaptent progressivement leurs offres aux spécificités locales.

La Sécurité au Plus Haut Niveau : Numéro Un en Chine

Mais justement, l’AITO M8 vient de décrocher un titre prestigieux qui renforce considérablement sa crédibilité sur son marché. Selon les résultats publiés en août 2025 par le C-NCAP (équivalent chinois de l’EuroNCAP), le M8 obtient la note record de 93,7 %, devenant officiellement le véhicule le plus sûr de Chine.

Cette performance dépasse même celle de la très médiatisée Xiaomi SU7 qui avait établi la précédente référence avec 93,5 %.

Cette évaluation porte sur la version EREV d’entrée de gamme équipée d’une batterie LFP de 37 kWh et d’un LiDAR, achetée anonymement chez un concessionnaire par l’organisme de test.

Les résultats détaillent une excellence particulière dans la sécurité active avec 96,34 % (9,99 % au-dessus de la moyenne), notamment grâce à un système de freinage d’urgence automatique et un éclairage quasi parfait. La protection des occupants atteint 96,26 % (5,62 % au-dessus de la moyenne), tandis que la protection des usagers vulnérables obtient 86,03 %.

Un Essai prometteur et un excellent teaser pour l’arrivée de la M7

Cet essai sous la pluie de Huizhou aura révélé un véhicule aux multiples facettes. L’AITO M8 impressionne indéniablement par son niveau de finition, ses technologies avant-gardistes et surtout ce confort de roulement. L’intégration de l’écosystème Huawei ouvre des perspectives inédites en matière d’expérience utilisateur automobile, surtout pour son assistant IA.

Cependant, certains choix techniques interrogent, à commencer par cette direction trop aseptisée qui prive le conducteur de tout plaisir dynamique. L’ergonomie sacrifiée sur l’autel du tout numérique constitue également un point d’amélioration nécessaire. Ces réserves n’enlèvent rien au caractère novateur de cette réalisation.

Si l’AITO M8 venait à être commercialisé en Europe, il trouverait un positionnement intéressant face à une concurrence moins électrifiée qu’en Chine. Le BMW iX, principal concurrent direct, affiche des tarifs significativement plus élevés pour des prestations technologiques parfois inférieures. Le Porsche Cayenne E-Hybrid ou les Range Rover hybrides rechargeables ne proposent pas d’équivalent 100 % électrique dans cette gamme de prix.

Une chose est certaine : AITO et Huawei marquent des points dans leur vision de l’expérience automobile qui met en avant le confort et la facilité de conduite plutôt que des vitesses de charge ou des capacités de batterie. Cette M8 est déjà un succès et la M7 multiplie par cinq les ventes au lancement.

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