Voici comment BMW arrive à vendre moins cher une voiture électrique qu’une thermique

 

Si, en prix de façade, les BMW électriques sont affichées plus chères que leurs équivalences thermiques, en regardant d'un peu plus près, notamment au niveau des solutions de financement, on remarque assez rapidement que la variante électrique peut-être une meilleure affaire. Regardons cela d'un peu plus près.

BMW iX1 xDrive 30 (2023)
BMW iX1 // Source : Etienne Rovillé pour Frandroid

L’électrique au prix du thermique, c’est un rêve pour certains, mais force est de constater qu’on commence à y arriver, et bientôt, on y arrivera sans les aides étatiques. Pour le moment, en prix de façade, effectivement, les voitures électriques sont plus chères que leurs équivalences thermiques dans l’immense majorité des cas.

Allons par exemple faire un tour chez Peugeot, qui propose sa e-208 en finition milieu de gamme « Style » à partir de 35 780 euros, hors bonus écologique de 5 000 euros (ou 7 000 euros selon vos revenus), tandis qu’une version essence de 100 ch avec la boîte automatique et la même finition débute à partir de 23 440 euros, hors remises éventuelles.

L’écart est assez significatif, même après déduction du bonus pour l’électrique. Pourtant, en regardant de plus près les offres de financement, la 208 thermique pré-citée démarre à environ 188 euros par mois, tandis que la e-208, plus chère, ne réclame que 10 euros de plus par mois.

Et ce phénomène, nous le retrouvons chez d’autres constructeurs, notamment chez BMW, où les électriques reviennent moins chères que leur équivalence thermique. Pourquoi ? C’est ce que nous allons voir ensemble et, vous allez vite vous en rendre compte, mais tout est une question de calculs, de curseurs et d’anticipation.

Précisons aussi que le coût global d’une voiture électrique est souvent inférieur à celui de son équivalent thermique, grâce au coût de l’énergie, de l’entretien et de l’assurance. En d’autres termes, il ne faut pas uniquement se fier au tarif de vente.

Les financements proposés par BMW

Prenons donc un BMW X1 sDrive18i xLine Pack Premium, un modèle plutôt intéressant avec son bloc essence de 136 ch et sa boîte automatique. Cela a beau être un produit d’entrée de gamme, avec la finition milieu de gamme xLine et un Pack Premium en option (projecteurs Full LED, l’accès confort, le pack rétroviseurs, la dalle de recharge par induction, ainsi que les options après achat volant chauffant, sièges avant chauffants et Drive Assist Plus), ce X1 est un modèle intéressant, mais qui réclame tout de même 48 300 euros en prix de façade.

En LLD sur 36 mois avec 30 000 km et sans apport, BMW réclame 590 euros par mois. C’est globalement corrélé au prix de la voiture, d’autant plus que la garantie et l’entretien sont inclus tout au long du contrat de financement.

BMW iX1 xDrive 30 (2023)
BMW iX1 // Source : Etienne Rovillé pour Frandroid

Sauf que, en regardant de plus près, on remarque aussi que la firme bavaroise propose une offre pour son iX1, la version électrique de 313 ch, un modèle que nous avons d’ailleurs déjà essayé dans nos colonnes. Son prix ? De façade, il faut compter environ 63 000 euros, donc environ 30 % de plus que son équivalence thermique, certes deux fois moins puissante (et avec deux roues motrices en moins), mais tout aussi bien équipée puisque le niveau de finition et les options sont les mêmes.

En termes de financement, BMW propose son iX1 à partir de 490 euros par mois, toujours sans apport. Et le « sans apport » ne signifie pas « apport ramené à zéro après déduction du bonus écologique et de la Prime à la conversion », car le iX1 n’entre plus dans les nouveaux barèmes pour bénéficier du bonus. En d’autres termes, il n’y a rien à débourser sur la partie « apport ».

Un autre exemple ? Passons du côté des berlines, avec l’excellente i4, que nous avons essayé en versions eDrive35, eDrive40 et M50 sur Survoltés.

Commençons par son homologue thermique, la BMW 420i Gran Coupé M Sport, une berline quatre portes en finition haut de gamme avec un moteur quatre cylindres essence de 184 ch. C’est une très jolie berline qui réclame pas moins de 58 300 euros, auquel il faut ajouter 1 901 euros de malus en raison d’émission de CO2 de 153 g/km selon le barème de 2023. La marque allemande propose son produit cette fois-ci à partir de 690 euros par mois, avec exactement les mêmes conditions que celles évoquées pour le iX1.

BMW i4 eDrive35 // Source : Yann Lethuillier pour Frandroid

Passons désormais à la BMW i4 eDrive35, la « moins chère » des i4 avec ses 286 ch. Contrairement au X1, le modèle électrique est sensiblement au même prix que son homologue thermique, avec 57 550 euros réclamés pour le modèle concerné, toujours sans bonus puisque, elle non plus, n’est plus assujettie.

Comme le iX1, la i4 s’affiche 100 euros de moins que son équivalence thermique aux mêmes conditions. BMW propose ce modèle à partir de 590 euros par mois.

Alors il y a toutefois une petite différence que nous n’avons pas citée plus haut, mais sur ses financements pour les électriques, BMW ne propose pas l’entretien sur toute la durée du financement, ce qui explique (en partie) la différence de prix. Pourquoi ? Tout simplement parce que, comme nous vous l’avions expliqué à travers un dossier explicatif, une voiture électrique réclame moins d’entretien par rapport à un modèle thermique.

Mais alors pourquoi une telle différence en termes de mensualité pour les mêmes conditions et pour des produits parfois au même prix, et parfois avec 30 % d’écart en prix de façade ?

Entre objectifs environnementaux et anticipation

Eh bien, c’est très simple, il s’agit tout simplement d’un ajustement de la valeur résiduelle. Mais qu’est-ce qu’une valeur résiduelle ? La valeur résiduelle d’une voiture en LLD (ou en LOA) correspond à la valeur de la voiture à la fin du contrat de location. C’est le montant que le locataire doit payer pour acquérir la voiture et en devenir le propriétaire s’il a choisi la LOA (dans le cas d’une LLD, il devra restituer le produit). C’est aussi la valeur qu’espère en tirer le constructeur s’il revend la voiture d’occasion à la suite de la location (dans le cas d’une LLD par exemple, ou si la LOA ne s’est pas transformé en achat).

Sans avoir fait math Sup, vous aurez donc compris qu’en augmentant la valeur résiduelle d’une voiture, vous baissez directement ses mensualités. Mais quel intérêt d’avoir des valeurs résiduelles plus grandes pour les voitures électriques ? Il y a plusieurs raisons à cela.

BMW iX3 // Source : BMW

La première, c’est évidemment d’encourager l’achat d’une voiture électrique, les constructeurs ayant des objectifs ambitieux à ce niveau. Et avec la guerre des prix orchestrée par Tesla, il vaut mieux suivre, même si les constructeurs premium allemands affirment plus ou moins directement qu’ils ne se sentent pas « concernés par cette guerre des prix ».

Pourtant oui, indirectement, du moins s’ils veulent faire du volume. De ce fait, proposer des voitures électriques plus avantageuses financièrement que les équivalences thermiques peut permettre au client qui, à la base, était parti sur un modèle à combustion le pensant (logiquement) moins cher qu’un électrique, de faire pencher la balance du côté de l’électrique. Grâce à cela, BMW va récupérer des immatriculations en électrique, remplir ses objectifs CO2 et, surtout, s’assurer d’avoir des produits d’occasion électriques de qualité d’ici trois ans. Pourquoi ?

Préparer la « seconde vie » de la voiture

C’est là qu’intervient le deuxième point. Lors d’une LLD, le client restitue la voiture à BMW. Le véhicule doit être restitué dans un bon état, sinon le client paiera des frais au moment de la restitution. La marque récupère donc un produit d’occasion en bon état dans son réseau, qu’il va pouvoir ensuite revendre « au prix fort ».

Pourquoi au prix fort ? Parce que la marque, comme toutes les autres cela dit, mise évidemment sur une demande de plus en plus croissante pour l’électrique, et c’est évidemment plus que logique avec les récentes décisions prises par l’Europe.

La demande étant forte, les prix pourront aussi rester forts. De ce fait, si BMW a misé sur une haute valeur résiduelle pour vendre son produit neuf à des mensualités avantageuses, c’est que la marque mise aussi sur « sa seconde vie », c’est-à-dire l’après location, lorsque le produit retournera dans le réseau. Et avec un peu de chance, le prochain client pourra aussi repartir sur une LOA ou une LLD, puisque cela se fait aussi de plus en plus pour les voitures d’occasion.

À l’inverse, les modèles thermiques ont des valeurs résiduelles plus faibles, parce que BMW mise aussi sur une décote plus importe de ces produits à l’avenir. Pourquoi ? Parce que les clients se tourneront encore de plus en plus vers l’électrique, délaissant le thermique à certains égards, d’autant plus que le prix des carburants n’a pas vraiment prévu de baisser.


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