
Nvidia va bien. Nvidia va même très bien. Le géant du processeur a vu ses résultats décoller avec le boom de l’IA et ses cartes graphiques séduisent les joueurs.
À la fin de l’année 2024, on apprenait que 9 cartes graphiques sur 10 vendues étaient des Nvidia GeForce. Une position ultra-favorable, qui semble pousser Nvidia dans des errements.
Des tests de cartes dictés par Nvidia ?
Dernier scandale en date, celui des tests des GeForce RTX 5060. La gamme 60 est très stratégique, c’est celle qui représente le gros des ventes à chaque génération de cartes graphiques. Il suffit de consulter la liste des GPU les plus populaires sur Steam : RTX 4060 Laptop, RTX 3060, RTX 4060, RTX 4060 Ti, RTX 3050, RTX 3060 Ti, etc.
Pour aller plus loin
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Pour le lancement de la GeForce RTX 5060, Nvidia a décidé de visiblement s’assurer une première salve de tests… maitrisés. La firme a, en effet, limité la disponibilité à la préversion de ses pilotes graphiques optimisés pour la RTX 5060 à quelques rédactions.
Comme le souligne Clubic, le problème, c’est que Nvidia a aussi imposé la liste des jeux et des paramètres graphiques pour cette première session de test. Autrement dit, ce sont des tests réalisés par des journalistes, mais dans des paramètres choisis sur mesure par Nvidia pour mettre en avant sa carte graphique.
Nos confrères citent l’explication du média GameStar concerné par la manœuvre.
Ce qui est particulièrement crucial, c’est que nous n’avons pas pu choisir librement quelles cartes et quels jeux nous allions utiliser pour cet aperçu, ni avec quels paramètres.
En France, c’est JV Tech qui a été sélectionné avec le même son de cloche : « Nous avons eu l’occasion de la prendre en main sous le contrôle de NVIDIA […] Il faut voir que pour cette preview, nous ne pouvions jouer qu’à une sélection de 5 jeux avec les réglages déterminés par NVIDIA ».
Pour les autres médias ? Il faudra attendre la sortie commerciale aujourd’hui 19 mai pour télécharger les pilotes et commencer les tests, comme tout le monde. Par transparence, indiquons que Frandroid n’a pas été contacté pour cette session avant-première avec pilotes spécifiques. Pas de carte non plus pour nos confrères des Numériques : « chez Les Numériques, nous avons testé chaque génération de GeForce. Mais pour la RTX 5060, Nvidia a tout simplement décidé de ne rien nous envoyer. Aucune carte, et surtout aucun pilote ».
On est loin des conditions classiques d’un test de carte graphique, et une telle stratégie brouille les lignes, parfois déjà jugées fines, sur l’indépendance de la presse spécialisée.
Frandroid a contacté Nvidia avant la publication de l’article. La marque n’a pas souhaité faire de commentaire.
Comment se déroule un test habituellement ?


Emparez-vous de la victoire grâce à ce portable de gaming aussi puissant qu’un ordinateur fixe. Écran OLED PureSight, processeur Intel Core Ultra et carte graphique RTX 5070 : le Legion Pro 5i est conçu pour vous aider à atteindre toute la grandeur de l’Esport.
Pour comprendre la stratégie de Nvidia avec la GeForce RTX 5060, il faut comprendre comment se déroule habituellement un test de carte graphique.
D’ordinaire, Nvidia fournit aux rédactions une carte graphique plusieurs jours en avance, généralement une à deux semaines, avec une préversion des pilotes qui seront disponibles au lancement de la carte.
La firme accompagne l’envoi de la carte graphique d’un « reviewer’s guide », un document où elle donne les caractéristiques détaillées de la carte et des exemples de jeux optimisés pour l’occasion pour tirer profit des dernières nouveautés (le DLSS 4 et le multi frame generation, par exemple, pour les RTX 5000). Il y a également parfois des instructions pour accéder à une branche beta du jeu permettant d’activer ces options.
Avec ces conseils, on peut juger que la marque oriente le journaliste dans une direction donnée, mais c’est bien lui qui a le dernier mot sur les benchmarks et les jeux à faire tourner. À aucun moment, Nvidia n’impose habituellement des paramètres ou des listes de jeux.
Autre élément peu orthodoxe pour la GeForce RTX 5060 : il ne semble pas s’agir d’un problème de stock. Quand un nouveau produit arrive sur le marché avec un faible nombre d’exemples, il est habituel pour une marque de restreindre l’accès à des médias triés sur le volet. Les échantillons pour chaque pays sont plus rares.
Ici, ce sont seulement les pilotes logiciels qui semblent avoir été envoyés à quelques médias. Pourtant, par définition, il n’y a pas de rareté sur le logiciel.
Le cas inquiétant de Gamers Nexus
La chaine spécialisée Gamers Nexus évoque une autre forme de manipulation éditoriale de la part de Nvidia. Citant visiblement un document envoyé par la marque, le média indique : « nous avons été informés que nous devons parler davantage du multi frame generation, plus spécifiquement le MFG 4x, et l’inclure sur nos résultats, même sur les cartes qui ne supportent pas cette technologie ». Une condition pour « continuer de pouvoir parler aux ingénieurs spécialisés de Nvidia ».
Quand Nvidia évoque les cartes ne supportant pas le multi frame generation, la marque parle ici des produits concurrents d’AMD et Intel.
Gamers Nexus affirme que « avec de plus en plus d’audace, Nvidia nous a déclaré qu’elle pourrait ne plus nous laisser interviewer Garmmo et Malcolm [NDLR : deux ingénieurs de Nvidia] si nous ne produisions pas des critiques comme le souhaitent les dirigeants de Nvidia ».
Il est légitime pour une entreprise de pouvoir sélectionner les médias et les accès aux ingénieurs dans le cadre d’interviews. Que Nvidia décide de ne plus proposer certains de ses cadres en interviews à des médias parce que la marque estime qu’ils ne feront pas le travail qu’elle attend en termes de retombé et de visibilité, c’est son droit. C’est aussi ce que font toutes les autres marques du monde quand elles travaillent avec la presse, Apple en tête.
Toutefois, cela ne doit pas se faire en échange d’une orientation éditoriale particulière, a fortiori concernant des produits d’autres marques. L’accès à une interview se fait ou ne se fait pas, mais jamais en échange d’un ajustement des protocoles de test ou de la ligne éditoriale.
Une génération RTX 5000 sabotée
Difficile d’être satisfait du lancement des GeForce RTX 5000 par Nvidia cette année. La marque a dévoilé ses nouvelles cartes surpuissantes en début d’année.
Depuis, la marque a été incapable de proposer des pilotes graphiques stables pour ces produits pourtant vendus plusieurs centaines d’euros, parfois au dessus de la barre des 1000 euros.
La marque a beau multiplier les patchs correctifs d’urgence, et même promettre la correction de problèmes à coup de mise à jour majeure, la stabilité des GeForce RTX 5000 reste précaire.
Dernier exemple en date, le lancement de Doom The Dark Ages. Parmi les problèmes connus du jeu au lancement, plusieurs concernent les cartes Nvidia et plus précisément les modèles RTX 50.
Un grand classique
Ce que semble faire Nvidia, que ce soit le manque de finitions de ses pilotes ou les tentatives d’orienter la presse en sa faveur, paraissent indubitablement liés à sa position sur le marché des cartes graphiques.
La marque n’est pas la première à pratiquer ce genre de choses. C’est même un grand classique dans la tech quand une entreprise devient dominante et qu’elle se sent inattaquable.
L’excès d’orgueil est cité comme l’une des raisons de l’échec de la Wii U de Nintendo, de la Xbox One de Microsoft ou de la PlayStation 3 de Sony. Dans les trois cas, les marques étaient championnes de leur domaine sur la génération précédente de produits et n’ont pas voulu voir les signaux d’alarmes.
Plus proche de Nvidia, c’est aussi le genre d’errement qui a mis Intel en crise. Il y a 10 ans, Intel était incontournable. Si vous vouliez un PC de jeu, vous passiez forcément par un processeur Intel. Les processeurs Intel Core étaient présents sur tous les PC portables du monde, même ceux d’Apple. Par excès de confiance et en enchainant les erreurs stratégiques, Intel n’a pas vu venir le basculement vers AMD Ryzen et vers les processeurs ARM. Aujourd’hui, on évoque même l’idée d’un rachat d’Intel.
Jusque-là, Nvidia avait brillamment évité ce piège en continuant de proposer des bonds technologiques à chaque génération de carte graphique. L’ère de l’IA a-t-elle irrémédiablement changé la marque ?
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