Toyota affirme que l’électrique pollue autant que trois hybrides mais qu’en est-il vraiment ?

 
Toyota et la voiture électrique, ça n’a jamais vraiment été une histoire d’amour. Même si le constructeur propose plusieurs modèles carburant aux électrons, force est de constater que les efforts sont encore concentrés sur les voitures hybrides où la marque japonaise est leader incontesté depuis plus de 20 ans. Les déclarations des dirigeants de la marque ne sont d’ailleurs clairement pas en faveur de la voiture électrique, mais attention aux raccourcis un peu facile.

La transition écologique dans le secteur automobile continue de susciter débats et innovations, les propos récents du président du conseil d’administration de Toyota, Akio Toyoda, ont ravivé la controverse sur la réelle efficacité environnementale des véhicules électriques. Ce dernier n’en est pas à son coup d’essai, lui qui est globalement contre une approche 100 % électrique et préfère diversifier les offres pour le client, avec un mix énergétique équilibré entre hybride, thermique, électrique et même hydrogène.

Dans une interview accordée en avril dernier à Automotive News, Akio Toyoda a affirmé « qu’une voiture électrique polluerait autant que trois voitures hybrides ». Il avance que les 9 millions de véhicules électriques actuellement en circulation auraient un impact environnemental équivalent à celui de 27 millions de modèles hybrides. Une déclaration choc, perçue évidemment par certains comme une remise en cause de la direction prise vers le tout électrique.

Toyota Urban Cruiser // Source : Toyota

Akio Toyoda défend une approche dite « multi-énergies » pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, en combinant les motorisations thermiques plus efficientes, les hybrides, les modèles à hydrogène et les électriques. Il souligne également qu’au Japon, où l’électricité provient encore majoritairement de centrales thermiques à combustibles fossiles, produire 9 millions de véhicules électriques pourrait paradoxalement accroître les émissions globales.

Une affirmation contestée par les scientifiques

Cette position a été rapidement nuancée, voire critiquée, par de nombreuses études scientifiques. En effet, les analyses du cycle de vie des véhicules, qui prennent en compte les émissions depuis la fabrication jusqu’à la fin d’utilisation, dressent un tableau beaucoup plus favorable aux véhicules électriques.

Selon une recherche publiée dans la revue IOP Science, les émissions liées à la fabrication d’un véhicule électrique (11 à 14 tonnes de CO2) sont effectivement supérieures à celles des véhicules hybrides ou thermiques (6 à 9 tonnes). Cela s’explique notamment par la production des batteries, très consommatrice en ressources naturelles comme le lithium, le cobalt et le nickel.

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Mais une fois en circulation, les véhicules électriques rattrapent rapidement leur « dette carbone ». En moyenne, il suffit de parcourir entre 31 000 km et 45 000 km pour qu’un modèle électrique compense ses émissions initiales, selon des études de l’Argonne National Laboratory et de la revue Nature. À long terme, les électriques émettent significativement moins de CO2 que leurs équivalents hybrides ou thermiques.

Des différences selon les types d’hybridation et les sources d’énergie

Il y a toutefois une petite nuance à apporter selon le type d’hybridation. Les hybrides classiques, comme la Toyota Prius, et les hybrides rechargeables (PHEV), comme un RAV4 par exemple, n’ont pas forcément le même bilan carbone.

Ces derniers, dotés de batteries plus importantes, permettent de parcourir entre 50 et 80 km en mode 100 % électrique, à condition d’être régulièrement rechargés. Leur empreinte carbone se situe entre celle des véhicules purement thermiques et des électriques.

Toyota Prius, une voiture hybride et hybride rechargeable

Quant à la question de la source d’électricité, souvent mise en avant par les sceptiques des voitures électriques, elle s’avère moins déterminante qu’on ne le pense. De plus, l’efficacité énergétique des électriques – avec plus de 90 % de l’énergie utilisée pour la propulsion – dépasse largement celle des moteurs thermiques, dont l’efficacité réelle ne dépasse pas 40 %.

Une transition en marche, mais pas sans nuances

Les perspectives d’avenir renforcent encore la position des véhicules électriques. De nouvelles technologies de batteries, comme les accumulateurs LFP (lithium-fer-phosphate) ou encore les batteries solides, permettent de réduire la dépendance aux métaux rares et de diminuer les émissions dès la fabrication.

Cela ne signifie pas pour autant que les véhicules hybrides n’ont plus leur place. Pour les clients réticents à passer au tout électrique, les hybrides – surtout rechargeables – représentent une alternative crédible et bénéfique en matière de réduction des émissions.

Attention toutefois, il faut les recharger, sinon ils polluent plus qu’une voiture essence ou diesel comme le prouvent les chiffres en Europe remontées depuis les voitures. Même les véhicules thermiques modernes sont beaucoup moins polluants qu’il y a 20 ans.

Malgré tout, les données sont claires : à long terme, les véhicules électriques sont la seule solution pour atteindre les objectifs environnementaux fixés par le législateur.


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