
En pointant la caméra de son iPhone vers le LiDAR d’une Volvo EX90 électrique, il a littéralement grillé le capteur photo de son téléphone. Une démonstration spectaculaire, documentée image à l’appui, qui soulève de vraies questions sur la sécurité de ces technologies en pleine démocratisation et sur la responsabilité des constructeurs.
Didier n’est pas tombé dans le piège par hasard. Il cherchait à vérifier une hypothèse : le LiDAR embarqué de certaines voitures pourrait-il endommager un capteur photo comme l’ont relaté différentes personnes par le passé ? Et pour le savoir, quoi de mieux qu’un bon vieux test en conditions réelles.
Smartphone à la main, il s’approche du capteur laser monté sur le toit de la Volvo EX90, une voiture semi-autonome haut de gamme, dotée d’un LiDAR Luminar de classe 1 d’une puissance de 10 watts, censé être sans danger pour les yeux… mais manifestement pas pour les objectifs d’iPhone.

« Regardez, je suis en train de filmer le LiDAR là. On le voit bien sur l’image. Il se passe strictement rien… Ah, ça y est, regarde. Oh là là, les amis, je suis en train de détruire mon capteur là. C’est la cata. L’iPhone est foutu, hein. Littéralement. »
Quelques secondes de vidéo suffisent à confirmer ses soupçons : des lignes cramées apparaissent à l’écran, puis des pixels morts. Et ce, alors que la voiture était à l’arrêt, mais en fonctionnement.
L’utilité du LiDAR
Les LiDAR de nouvelle génération, comme celui de la Volvo, fonctionnent avec des impulsions laser infrarouges invisibles à l’œil nu. Leur fonction première : cartographier l’environnement en 3D pour permettre une conduite semi-autonome plus sûre. Mais ces impulsions, aussi discrètes soient-elles, peuvent concentrer suffisamment d’énergie pour dégrader irrémédiablement le capteur CMOS d’un appareil photo si ce dernier est exposé trop longtemps, ou tout simplement au mauvais moment.
« Ce qui est flippant, c’est que ça ne se produit pas systématiquement. Il faut que la voiture soit allumée, qu’elle avance… mais parfois, même à l’arrêt, ça grille ton capteur. Ça veut dire que tu peux te retrouver sur une place de parking, à filmer une voiture… et cramer ton iPhone sans rien voir venir » ajoute Didier.

C’est un phénomène bien connu dans les concerts ou les boîtes de nuit : les faisceaux laser peuvent faire fondre un capteur en quelques millisecondes. Mais c’est la première fois qu’un constructeur automobile reconnaît, noir sur blanc, que cela peut aussi arriver avec les capteurs de smartphone.
Sur son site officiel, Volvo admet désormais que son LiDAR peut causer des dommages sur « certains capteurs optiques »… sans pour autant proposer de protection, ni d’avertissement visible à proximité du véhicule.
« Dommages possibles pour les caméras externes en raison des ondes lumineuses du lidar : ne pointez pas une caméra directement vers le lidar. Le lidar étant un système laser, il utilise des ondes lumineuses infrarouges pouvant causer des dommages pour certains appareils dotés de caméras. Cela concerne notamment les smartphones ou les téléphones équipés d’une caméra« .
Et maintenant, qui paye ?
L’autre surprise, c’est qu’Apple a accepté de remplacer le capteur de l’iPhone gratuitement. Le technicien en Apple Store s’est montré compréhensif… mais sans que cela ne fasse jurisprudence.
« Je vais vous le prendre en charge, y’a pas de souci. […] C’est pas visible que c’est un laser, donc dans le doute, je vous le change. Mais normalement, non, les dégâts causés par laser, c’est pas garanti. »

Officiellement, les dégâts causés par un laser ne sont pas couverts par la garantie AppleCare. Le coût de réparation est normalement de 300 euros TTC.
Mais encore faut-il tomber sur un employé compréhensif pour avoir le droit à un changement gratuit. Il est d’ailleurs permis de se demander si le journaliste n’a pas bénéficié d’un traitement de faveur en étant reconnu par le technicien.
Un sujet sous-estimé par les constructeurs ?
Numerama avait déjà mis le doigt sur le sujet en avril dernier, avec un article titré « Pourquoi certaines voitures peuvent « griller » les caméras des téléphones », pointant le risque très réel que représentent certains LiDAR pour les capteurs d’appareils photo.
Mais l’affaire Mac4Ever change la donne. Pour la première fois, on dispose d’une preuve visuelle, documentée, reproductible. Et d’un constructeur, Volvo, qui admet la chose, même de manière très discrète.

C’est peut-être ça, le plus inquiétant. Le LiDAR n’est plus réservé aux prototypes ou aux flottes de robotaxis. On le retrouve désormais sur des véhicules de série, comme le Volvo EX90, la Polestar 3, certains modèles de Nio ou de Xpeng.
« C’est quand même flippant. Le jour où il y aura plein de voitures comme ça dans la rue, on sort son appareil… et il est flingué par la bagnole. On peut rien faire ».
Il semblerait toutefois que tous les LiDAR ne se valent pas, et que certains soient sans danger pour les capteurs de smartphone, selon la longueur d’onde de leur laser. Comme ceux de Valeo, qui seraient sans danger comme l’indiquait l’enquête de Numerama. Cela grâce à l’utilisation d’une longueur d’onde différente.
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