Pourquoi certaines voitures électriques polluent plus qu’une berline thermique (mais pas en France)

Le mix énergétique est la clef !

 

Certaines voitures électriques, à l’image du Hummer EV, peuvent polluer davantage que des berlines thermiques. Mais tout dépend le pays dans lequel elles sont conduites !

Voiture électrique ou voiture thermique ?

Il y a quelques jours, l’organisme américain ACEEE rédigeait un article intéressant sur la pollution du Hummer EV 100 % électrique. Les chercheurs américains pointent du doigt le fait que le mastodonte américain émet davantage de gaz à effet de serre que certaines berlines thermiques ! Et cela n’est même pas dû à la conception de sa batterie gigantesque (213 kWh), mais à cause des émissions de CO2 issues de la recharge de celle-ci.

En effet, une voiture électrique n’émet pas de gaz à effet de serre lors de sa phase de roulage. Les seuls moments où elle peut émettre du CO2, c’est lors de sa production, et au moment de sa recharge. Pour une voiture thermique, c’est différent, puisqu’en plus d’émettre du CO2 lors de sa phase de fabrication, elle en émet également à chaque kilomètre parcouru, lors de la combustion de son carburant (essence, diesel, GPL, etc.), mais aussi lors de la fabrication et du transport de ce dernier.

Toutes les électricités ne se valent pas

Prenons un exemple concret avec ce Hummer EV. Aux États-Unis, la production d’un kilowattheure d’électricité conduit, en moyenne, à l’émission de 385 g CO2eq. En France, c’est 53 g CO2eq/kWh contre 29 g en Suède et… 700 grammes en Pologne ! Cela s’explique par le mix énergétique. En France, on peut compter majoritairement sur le nucléaire et les énergies renouvelables alors qu’aux États-Unis et en Pologne, le gaz et le charbon sont encore très présents. Bien sûr, au fur et à mesure que les pays ouvriront des capacités de production bas carbone (photovoltaïque, éoliennes, hydraulique et nucléaire), ces chiffres seront décroissants. La Pologne est en bonne voie même s’il lui reste beaucoup d’efforts à faire.

Une consommation 3 fois plus élevée qu’une Tesla !

Toujours est-il qu’avec son autonomie, sur cycle américain EPA, de 530 km pour une batterie de 212,7 kWh, le Hummer EV a une consommation gargantuesque, d’environ 40 kWh / 100 km ! À comparer à la consommation EPA d’une Tesla Model 3 Propulsion de 14 kWh / 100 km grâce à son autonomie EPA de 438 km permise par sa « petite » batterie de 60 kWh.

Hummer EV // Source : GMC

Ainsi, chaque kilomètre parcouru en Hummer EV nécessite 0,4 kWh d’électricité contre 0,14 kWh pour la « petite » Model 3. En d’autres termes, le Hummer électrique consomme pratiquement 3 fois plus que la Tesla ! Si on fait le calcul avec le CO2 émis pour chaque kWh d’électricité produit aux États-Unis, on arrive avec des émissions de 154 g CO2eq par kilomètre parcouru avec le Hummer EV contre 54 g pour la Tesla.

Pire, en étant rechargé en Pologne, le monstre américain émettrait 280 g CO2eq par kilomètre contre 98 g pour la voiture d’Elon Musk. En France et en Suède, la Tesla émettrait, du fait de sa recharge, respectivement 7 et 4 g CO2eq contre 21 et 12 g CO2eq pour le Hummer.

Le Hummer EV finalement plus propre que les voitures thermiques ?

À titre de comparaison, les voitures neuves thermiques actuelles tournent autour de 100 g de CO2 par km en Europe contre le double (200 g) aux États-Unis. L’ancien Hummer thermique, le H1, émettait quant à lui 889 g de CO2 / km ! Un Ford thermique F-150 EcoBoost 2,7 L V6 émet pour sa part 252 grammes d’équivalent CO2 par kilomètre.

En d’autres termes, un Hummer EV rechargé en Pologne et aux États-Unis pollue plus que beaucoup de voitures thermiques, mais s’il est conduit et branché en France et en Suède, il polluera moins que n’importe quelle voiture thermique.

Et pour aller encore plus loin, il faudrait prendre en compte l’énergie dépensée pour l’extraction et le transport de l’essence et du diesel. C’est ce qu’a fait Transport & Environment avec un outil interactif. Ainsi, en Pologne, une voiture électrique émet environ 140 g de CO2 par kilomètre, en prenant en compte tout son cycle de production, contre 231 g par kilomètre pour son équivalent thermique.

Les émissions de CO2 des voitures diesel, essence et électrique (selon le pays de recharge)

C’est ce qui permet à l’ONG d’annoncer que « dans le pire scénario, une voiture électrique dont la batterie a été produite en Chine et conduite en Pologne émet 37 % de CO2 en moins qu’une voiture thermique. Dans le meilleur des cas, une voiture électrique dont la batterie a été produite en Suède et conduite dans ce même pays émet 83 % de CO2 en moins que son homologue thermique« .

L’infographie ci-dessous, qui nous vient de Quartz, permet de se faire une idée de la consommation d’énergie de chaque véhicule aux États-Unis. Plus la voiture se situe vers le haut du graphique et plus elle consomme d’énergie, donc émet du CO2.

Ne pas oublier la fabrication des batteries

Bien entendu, pour être exhaustif, il convient de rappeler que la fabrication des batteries au lithium des voitures électriques est très gourmande en ressources, et émet donc indirectement des gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Mais les process de fabrication évoluent, que ce soit grâce au recyclage (92 % chez Tesla) ou même de l’énergie utilisée pour la fabrication de ces gigantesques piles.

Comme on l’a vu plus haut, selon les dernières études publiées, même en roulant en électrique dans un pays dont le mix énergétique utilise beaucoup d’énergies fossiles — comme la Pologne ou les États-Unis —, la voiture électrique émettra moins de gaz à effet de serre et de polluants au cours de sa vie (de sa fabrication à son recyclage) que son équivalent thermique.

Mais comme on le voit avec ce cas pratique, il convient toutefois aux constructeurs de véhicules électriques de ne pas tomber dans la démesure, pour que celles-ci aient le moins d’impact possible sur la planète. Et cela passe par la réduction de la consommation des voitures, que ce soit en diminuant leur poids tout en augmentant leur aérodynamique, que ce soit par leur forme — les berlines ont moins de prise au vent qu’un SUV — que par les différentes technologies intégrées (pompe à chaleur, optimisation des moteurs, etc.). De quoi permettre de réduire les capacités des batteries, leur poids et donc la consommation de l’auto.


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