Voitures électriques : voici le plan du gouvernement pour la recharge en hiver

 

Le gouvernement français tenait, mercredi 14 septembre, une conférence de presse pour annoncer les mesures permettant de passer l'hiver sans coupure d'électricité, ou presque. Basées sur le rapport de RTE, certaines mesures concernent bien la voiture électrique.

Cet hiver sera tendu en Europe, et plus particulièrement en France. En effet, entre la guerre en Ukraine qui laisse craindre une pénurie de gaz et les centrales nucléaires françaises qui sont pour moitié à l’arrêt, l’énergie pourrait venir à manquer cet hiver. C’est pour cette raison que le gouvernement a tenu, mercredi 14 septembre, une conférence de presse listant les mesures à prévoir pour éviter de subir des coupures d’électricité et de gaz cet hiver.

La voiture électrique a bien entendu été abordée. Que ce soit lors de la conférence de presse, mais également dans le rapport de RTE (la filiale d’EDF qui gère le réseau électrique). Certains médias ont alerté sur le risque de coupure électrique pour les bornes de recharge. Mais ce n’est pas si simple que cela.

En effet, comme le gouvernement l’a rappelé, aucune mesure coercitive ne sera prise pour forcer les usagers à réduire leur consommation électrique. En d’autres termes, il sera impossible d’interdire la recharge des voitures électriques en France. Toutefois, comme le précise RTE, la recharge des voitures électriques peut participer au pic de consommation qu’il convient de réduire au maximum en cas de contrainte sur l’approvisionnement électrique. C’est ce pic de consommation qui peut conduire à des coupures par quartier (délestage tournant) dans le pire des cas.

Les particuliers invités à recharger la nuit

Ainsi, RTE recommande, pour les particuliers, de décaler au maximum la recharge de leur voiture électrique en dehors des créneaux du matin (8h – 13h) et du soir (18h – 20h). Avec cette mesure, RTE annonce une baisse de la consommation instantanée de l’ordre de 0,1 GW entre 18h et 20h. C’est dans le cas où « sur les plus de 700 000 véhicules électriques que comptait le parc français en 2021, si 100 000 véhicules électriques basculaient d’une charge naturelle à une charge en heures creuses ».

À titre de comparaison, si tous les Français baissaient leur température de chauffage d’un degré en moyenne, la baisse de consommation en pic serait de l’ordre de 0,7 GW le matin et 0,8 GW le soir.

Les professionnels pourraient couper l’accès à leurs bornes

Pour les professionnels, et notamment les immeubles de bureaux, RTE a également proposé une solution. L’idée serait, ici, de restreindre l’utilisation des bornes publiques, installées dans le parking d’un immeuble tertiaire, « à une utilisation d’urgence entre 8h et 13h et entre 18h et 20h ».

Bien entendu, il ne s’agit pas d’une mesure obligatoire, mais d’une idée soumise aux gestionnaires de ces points de charge. De quoi permettre de réduire la consommation de 0,1 GW entre 18h et 20h.

La voiture électrique a-t-elle du sens ?

Lors de la conférence de presse, un journaliste a demandé au gouvernement s’il était cohérent de pousser les Français à l’achat d’une voiture électrique avec un système électrique sous contrainte. La réponse fut très claire, puisque Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique, a rappelé que la voiture électrique était le meilleur moyen de décarboner le secteur du transport. Avant de rappeler que l’usage de la voiture individuelle se faisait surtout sur les périodes de pic de consommation (donc sans conséquence sur le réseau électrique), alors que la recharge se fait davantage la nuit, en dehors des périodes de pointe.

La ministre précise également que certains opérateurs de bornes de recharge rapide destinées aux voitures électriques disposent de batteries de stockage sur les sites de recharge. Celles-ci permettent de fournir leur énergie lors des sessions de recharge, pour réduire la demande instantanée en énergie sur le réseau électrique. Elles sont ensuite rechargées, soit en dehors des périodes de pic, soit lors des pics, mais avec une puissance moins importante si besoin.

Nissan Leaf V2G
Nissan Leaf V2G

Enfin, la ministre a même cité la fonction V2G (vehicle-to-grid) qui permet aux voitures électriques branchées sur une prise de renvoyer l’énergie stockée dans leur batterie sur le réseau. Nous l’avons récemment vu avec la Nissan Leaf qui permet de fournir de l’électricité à EDF lorsque le réseau en a besoin. Pour le moment, cette fonction est extrêmement peu déployée, mais c’est elle qui permettra aux voitures électriques d’avoir un faible impact sur le réseau électrique, à l’image des centrales électriques virtuelles de Tesla et Nio.

Les voitures électriques et le faible impact sur le réseau

Pour rappel, RTE prévoit que l’essor du transport électrique (voitures, transports en commun et camions) d’ici à 2035 augmentera de 8 à 10 % au maximum la consommation électrique totale française. Ce n’est donc pas une problématique inquiétante, puisque le réseau pourra très bien absorber cette consommation supplémentaire, que ce soit grâce à son extension (nouvelles centrales) mais également avec la sobriété et les gains énergétiques sur les autres usages (isolation, système de chauffage plus efficace, etc).

Mais attention toutefois, car RTE prévoit, dans certains cas extrêmes, des baisses de tension et des délestages tournants (coupures d’électricité par quartier) qui pourraient affecter la recharge des voitures électriques des particuliers.

En Californie, où une vague de chaleur sévit actuellement, la recharge des véhicules électriques est actuellement déconseillée entre 16h et 20h, afin de soulager le réseau électrique de cet État américain.


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