
Dans l’industrie du vélo à Taïwan, rien ne va plus ! Le premier producteur mondial de vélos a certes réussi à exporter davantage de vélos électriques, ce qui est encourageant, mais les conditions de travail difficiles et des pratiques abusives ont été mises en lumière depuis la publication d’une enquête par Le Monde diplomatique. Les acteurs du cycle multiplient les initiatives pour tenter d’améliorer la situation sur l’île asiatique, et Decathlon aussi.
Un droit du travail loin des standards occidentaux
L’enquête du Monde diplomatique a révélé de nombreux problèmes concernant la filière du cycle à Taïwan, parmi lesquels on retrouve la servitude pour dette, la rétention des passeports, des conditions de vie abusives, des salaires non versés, ou encore des menaces et des intimidations. Parmi cette liste déjà accablante, on découvre qu’aucune loi n’empêche les courtiers de facturer aux travailleurs migrants les frais de recrutement. En d’autres termes, il faut payer pour pouvoir travailler. Un monde que l’on peine à imaginer depuis l’Europe.

Depuis ces révélations, le géant du cycle Giant a annoncé qu’il prenait en charge, depuis le 1er janvier 2025, l’ensemble des frais de recrutement, des commissions d’agence et des frais administratifs pour les nouveaux employés. Il a également interdit la servitude pour dette et le travail forcé, avec pour objectif de montrer l’exemple. Mais une société française aurait trouvé un moyen d’être véritablement exemplaire et ce avant Giant.
Decathlon montre l’exemple à Taiwan ?
Figurant parmi les leaders de la grande distribution d’articles de sport, Decathlon s’appuie naturellement sur de nombreux fournisseurs étrangers, dont certains sont installés à Taïwan.
Parmi eux, on retrouve VP Components, partenaire de Decathlon depuis vingt ans. Il y a quinze ans, à la demande de son client français, l’entreprise taïwanaise a choisi de supprimer les frais imposés aux travailleurs migrants. Le directeur de VP Components, DC Liao, l’a expliqué au site Bike Europe : « Ils ont insisté sur les objectifs ESG, nous ont montré les standards européens et nous ont poussés à changer. »

Dans la même interview, VP Components précise avoir supprimé en 2023 les frais de recrutement pour les travailleurs étrangers, qui représentent près d’un tiers de la main-d’œuvre à Taïwan. De plus, chaque revalorisation de salaire imposée par le gouvernement est également appliquée aux salariés étrangers.
Toujours selon VP Components, la majorité de ces travailleurs viennent du Vietnam ou de Thaïlande. Ils sont logés dans des dortoirs récents, de moins de dix ans, et dans les mêmes conditions que les employés locaux. L’entreprise affirme également leur offrir un bilan de santé et des séances de kinésithérapie mensuelles.
En 2022, un autre fournisseur taïwanais, SunnyWheel, a lui aussi décidé de supprimer les frais d’agence pour les travailleurs étrangers. L’exigence de Decathlon aurait-elle eu un impact positif sur les conditions de travail à Taïwan ? Tout porte à le croire puisque Decathlon semble collaborer avec des entreprises propres.
Des progrès longs à réaliser
Une association, la Bicycling Alliance for Sustainability (BAS), a été créée dans le but d’améliorer les conditions de travail dans le secteur du cycle à Taïwan. Elle regroupe 82 membres, mais tous ne sont pas aussi avancés que VP Components ou SunnyWheel. L’adoption de standards plus acceptables par l’ensemble des membres prendra du temps.
L’association est accompagnée par Lauren Chao, associée chez PricewaterhouseCoopers (PwC) Taïwan. Elle aide à définir sept domaines clés d’évaluation des risques afin de garantir de meilleures conditions de travail, en s’appuyant sur des principes occidentaux issus de la Déclaration universelle des droits de l’homme, des principes fondamentaux de l’OIT et des lignes directrices de l’OCDE à destination des entreprises multinationales.

Mais au-delà des initiatives locales, la clé de l’amélioration des conditions de travail repose surtout sur les grandes entreprises qui emploient ces sous-traitants à Taïwan. Sans leur exigence, il est difficile de faire évoluer les pratiques. Ces entreprises doivent se montrer fermes, exiger une transparence totale sur les conditions de travail, et refuser de collaborer avec des sous-traitants ne respectant pas leurs employés.
C’est la voie qu’ont commencé à tracer Decathlon et Giant. Pour qu’elle porte réellement ses fruits, il est impératif que les autres acteurs de l’industrie du cycle leur emboîtent le pas.
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