« Les conséquences peuvent être beaucoup plus graves » : pourquoi les batteries solides posent problème

 
Si de nombreux constructeurs travaillent au développement de la batterie solide, elle n’est pas prête d’arriver sur des voitures électriques de série. C’est ce qu’estiment certains experts, qui indiquent que cette technologie n’en est qu’à ses débuts.
Batteries semi-solide Welion cellule
Un prototype de cellule semi-solide Welion pour vélos électriques. // Source : M. Lauraux pour Frandroid

Les voitures électriques ne cessent d’évoluer depuis des années. Aujourd’hui, la plupart des points qui posaient problème aux automobilistes ont été corrigés. On pense par exemple au prix, qui baisse pour se rapprocher de celui des autos thermiques. Mais c’est aussi le cas de tout ce qui touche à l’autonomie, qui ne cesse de s’améliorer.

Pas encore pour tout de suite

Cette dernière est de plus en plus élevée, grâce notamment à un gros travail sur les batteries par les constructeurs automobiles. De nouvelles technologies font leur apparition, et l’une d’elles est particulièrement prometteuse. Il s’agit de la batterie solide, qui fait parler d’elle depuis de nombreuses années déjà.

Plusieurs constructeurs s’y intéressent et travaillent dessus, à tel point que certaines versions seraient déjà quasiment prêtes pour une production de série. C’est par exemple le cas de MG, qui annonce que sa technologie sera prête pour 2026.

Mais cette échéance serait un peu trop optimiste pour certains spécialistes. Certains avaient déjà annoncé que la batterie solide ne serait en réalité pas prête avant la fin de la décennie. Et rien n’a réellement changé à mesure que les années passent. C’est en effet ce qu’explique le site Car News China, qui relaie les réserves émises par de nombreux experts du secteur. Selon ces derniers, l’adoption généralisée des batteries solides, ou à semi-conducteurs n’arrivera pas avant cinq ans environ.

Crédit : Stellantis

Ce qui nous emmène donc là encore à 2030, comme l’avaient déjà prédit certains ingénieurs et scientifiques. Mais quelle est la raison à ce délai si long ? Tout d’abord, les experts pointent du doigt plusieurs soucis à régler. C’est par exemple le cas de tout ce qui touche aux matériaux mais surtout du coût. Car si cette solution reviendra moins cher à produire en grande série dans le futur, elle demeure tout de même très onéreuse pour le moment. Plus que le LFP (lithium – fer – phosphate) et le NMC (nickel – manganèse – cobalt).

Mais ce n’est pas la seule réserve émise par les spécialistes, comme l’explique Wang Fang, scientifique en chef du Centre de recherche sur les technologies automobiles de Chine. Ce dernier indique que « bien que les batteries à l’état solide aient en effet des limites de sécurité plus larges que les batteries liquides, une fois ces limites franchies, les conséquences peuvent être plus graves qu’avec les batteries liquides ». Car si les accumulateurs sont testés en laboratoires, les résultats ne sont pas forcément les mêmes dans la vraie vie.

Une technologie plébiscitée

À l’heure actuelle, le gouvernement chinois a mis en place des réglementations très strictes sur les batteries de voitures électriques. Et la plupart des constructeurs vont même au-delà de ce qui est imposé par Pékin. Tout du moins pour les batteries standards, à électrolyte liquide.

Or, étant donné que les packs solides en sont encore à leurs débuts, on ne sait pas trop ce que cela donnerait dans une voiture de grande série. Même si sur le papier, cette technologie possède de réels avantages. Elle offre notamment une plus grande densité énergétique, et donc une autonomie plus élevée.

Le tout sans faire grimper son poids, ni celui de la voiture qu’elle équipe. Oui mais pour le moment, une batterie solide coûte environ 1 200 yuans du kWh à produire, soit environ 143 euros selon le taux de change actuel. C’est à peu près trois fois plus qu’un pack au lithium standard à l’heure actuelle. Cependant, cela n’empêche pas de nombreux constructeurs de beaucoup croire à cette technologie. C’est le cas des marques chinoises comme Chery et BYD, mais aussi de Stellantis ou encore BMW et Nissan, entre autres.

Les premiers prototypes de batteries solides en fabrication chez Nissan

Le groupe SAIC prévoit une production en grande série dès l’année 2026. Un objectif qui s’annonce très ambitieux, pour les raisons évoquées plus haut. Toyota est de son côté un peu plus raisonnable et table quant à lui sur 2030 pour une arrivée sur des modèles de grande série. BYD, actuellement numéro 1 de la voiture électrique annonce un premier assemblage de véhicules de démonstration en 2027 puis une production à grande échelle en 2030 également.


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