Apple M1 Max : est-elle vraiment au niveau d’une Nvidia GeForce RTX 3080 mobile ? Ça se discute

Le choc des titans (portables)

 

L'Apple M1 Max est-elle au niveau d'une Nvidia GeForce RTX 3080 mobile comme s'en vante Apple ? Voici plein d'éléments de réponses. Préparez-vous, la comparaison n'est pas si facile.

En attendant les premiers tests où l’on aura des benchmarks indépendants qui nous donneront une idée précise de ce que les puces Apple M1 Pro et Max ont dans le vendre, intéressons-nous aux affirmations d’Apple concernant la puissance graphique de ses puces.

Pour rappel, Apple a donc dévoilé ses deux nouveaux MacBook Pro, 14,2 et 16,2 pouces, qui ont droit à deux puces ARM maison destinées aux professionnels : les puces M1 Pro et M1 Max.

Comme nous le précisions, vous avez une bonne dizaine de configurations différentes, ce qui n’est pas forcément à appréhender pour les néophytes. En tout cas, on peut résumer les caractéristiques des deux puces comme ça :

  • Apple M1 Pro : un CPU 8 ou 10 cœurs (6 à 8 cœurs haute performance et 2 cœurs à haute efficacité énergétique), GPU 14 ou 16 cœurs, Neural Engine 16 cœurs, 16 ou 32 Go de RAM unifiée, jusqu’à 200 Go/s de bande passante mémoire
  • Apple M1 Max : un CPU 10 cœurs (8 cœurs haute performance et 2 cœurs à haute efficacité énergétique), GPU 24 ou 32 cœurs, Neural Engine 16 cœurs, jusqu’à 64 Go de RAM unifiée, jusqu’à 400 Go/s de bande passante mémoire

Concernant la puce graphique intégrée (iGPU), elle n’a pas de nom, car on parle globalement d’un SoC (System On Chip) qui intègre l’ensemble des composants. On sait juste qu’Apple a travaillé sur une architecture GPU personnalisée qui va de 14 à 32 cœurs en fonction des versions. Ces cœurs bénéficient d’un bus mémoire beaucoup plus large. Apple a surtout insisté sur l’efficacité de cet iGPU, c’est-à-dire son rapport puissance-consommation.

Dans ce cas, Apple a opposé la puce M1 Pro à une Nvidia GeForce RTX 3050 Ti 4 Go, la puce Apple atteignant des performances similaires avec 70 % d’énergie en moins. D’après ce que l’on comprend, ce bloc GPU consommerait environ 30 Watts, contre 75-80 Watts pour le dGPU RTX 3050 Ti. Dans le graphique fourni par Apple plus bas, on apprend que l’appareil utilisé par ce benchmark était un PC portable Lenovo Legion 5 (82JW0012US) équipé d’unC CPU AMD Ryzen 7 5800H avec 16 Go de mémoire RAM DDR4.

Dans le graphique plus bas, Apple s’est attelé à comparer sa puce Apple M1 Max à deux PC portables. Apple ne précise pas quelle version de la M1 Max qui a été utilisée, on imagine que c’est celle avec 32 cœurs. La comparaison a été effectuée avec deux PC portables de gaming, le MSI GE76 Raider (IPS Full HD @ 360 Hz, Intel Core i7-10870H, Nvidia GeForce RTX 3070 et 32 Go de RAM) et le Razer Blade 15 Advanced (OLED 4K @ 60 Hz, Intel Core i9-11900H, Nvidia GeForce RTX 3080 en version 16 Go et 32 Go de RAM). Ce sont deux grosses configurations que nous avons eu l’occasion de tester.

La majeure partie de la taille de la matrice de la puce M1 Max est occupée par le GPU à 32 cœurs, avec une puissance annoncée à 10,4 TFLOP (teraflops). La partie graphique prend tellement de place que l’on pourrait parler d’un GPU entouré d’un SoC, et non d’un SoC qui héberge un GPU. Vous suivez ? Côté performances, Apple se bat avec ce qui se fait de mieux sur le marché, comparant donc les performances de la puce M1 Max à une GeForce RTX 3080 mobile. La M1 Max atteindrait donc des performances similaires avec 100 Watts de puissance en moins (60 Watts vs 160 Watts).

Razer Blade 15 Advanced

Ce qui semble évident est qu’Apple vient se frotte aux machines portables les plus puissantes du marché. Ces machines sont achetées par des créatifs, des développeurs et des joueurs. Apple, de son côté, cible évidemment les créatifs et développeurs. Comme le précise Cassim, dans son édito, cette approche est très frustrante, car elle met de côté les joueurs. Les MacBook ne proposent pas la polyvalence offerte par les machines AMD-Intel-Nvidia sous Windows 10/11.

Comme vous pouvez le voir, les graphiques fournis par Apple sont très imprécis et ne permettent pas vraiment comprendre ce qui a été mesuré. Qu’est-ce que cela donne dans la réalité ?

La délicate comparaison

Lors de l’arrivée des PS5 et Xbox Series X, nous avons comparé en long et en large les deux consoles. Elles partagent la même architecture, fournie par AMD, c’est donc plutôt simple. On utilise souvent l’unité de mesure téraFLOPS (TFLOPS), fortement appuyée par les départements marketing des marques. Microsoft a par exemple annoncé en grande pompe que la Xbox Series X aura le droit à une puissance graphique de 12 TFLOPS, ou 12 téraFLOPS.

Comme vous pouvez le voir, la puissance théorique du GPU de la puce Apple M1 Max est comparable à celle du GPU d’une PS5, mais largement au-dessous des puces de Nvidia. À titre de comparaison, la toute dernière Nintendo Switch OLED est à… 0,4 téraflop, tandis qu’une PS4 est à 1,84 téraflops. Il faut faire attention avec cette mesure. Il s’agit d’une manière de mesurer la puissance brute de calcul mathématique d’un processeur. Le problème, c’est que la puissance brute ne suffit pas à résumer l’architecture si complexe d’un processeur ou d’une puce graphique. On va prendre d’autres critères comme l’architecture, la bande passante, l’utilisation de la mémoire vive, la différence de capacité de mémoire vidéo et ainsi de suite.

Tous ces éléments font qu’il est risqué de comparer les téraFLOPS de processeurs utilisant des architectures différentes pour conclure sur une différence de performances, qui plus est quand ils proviennent de marques différentes.

Il faut donc plutôt se tourner vers les benchmarks synthétiques et les comparatifs de tests réels sur des logiciels. En attendant la possibilité de mettre la main sur des machines, les benchmarks synthétiques laissent passer les scores obtenus par les premiers utilisateurs.

Les premiers benchmarks synthétiques

On a ainsi obtenu les scores de GFXBench, un outil qui a une certaine réputation dans le milieu. La puce M1 Max d’Apple a obtenu 703,2 images par seconde dans le niveau normal de « Aztec Ruins » (écran OFF, 1080p) et 275,9 images par seconde dans le niveau élevé (écran OFF, 1440p).

Nous avons synthétisé ces premiers résultats dans un graphique, en vert (écran OFF, 1080p) et en bleu (écran OFF, 1440p), les tests de la RTX 3080 mobile obtenus ont été réalisés sur une variante basse consommation de la puce (sa puissance est dépendante de diverses variables comme le châssis de l’appareil par exemple). Notez que les résultats écran OFF sont plus précis, car cela supprime la définition de l’écran en tant que facteur potentiel.

Que conclure de ce premier test ? Premièrement, nous n’avons aucune idée des conditions de test de l’Apple M1 Max, s’agit-il d’une version 24 ou 32 cœurs ? Ensuite, la puce Apple M1 Max est une puce inédite avec des performances inédites. On parle là d’un SoC ARM, il faut le rappeler. Sur un PC portable, la puce graphique dédiée possède bien souvent sa propre mémoire vidéo et son propre système de refroidissement actif. Ce n’est pas le cas chez Apple, l’Apple M1 Max est une puce toute-en-un avec de la mémoire unifiée.

Enfin, Apple n’a pas conçu sa puce pour les jeux, il sera donc bien plus pertinent d’utiliser d’autres benchmarks synthétiques que ceux de GFXBench et surtout de comparer les performances des logiciels professionnels dans des conditions précises. Il faudra également comparer la consommation, lorsque le laptop est sur secteur et sur batterie, c’est là où l’Apple M1 Max brille et cela augure de très bonnes choses pour l’avenir. On imagine comment Apple pourra continuer à augmenter le nombre de cœurs graphiques dans une configuration plus énergivore, comme celle d’un Mac Pro.

Un positionnement tarifaire tout à fait cohérent

Il faut débourser 3209 euros pour la configuration la moins onéreuse avec une puce Apple M1 Max (24 cœurs et 16 Go de mémoire unifiée). À ce prix, on trouve des configurations très solides de PC portables, avec GeForce RTX 3080 mobile, un puissant CPU AMD ou Intel et 32 Go de mémoire vive. La proposition d’Apple semble être, à première vue, assez cohérente sur le plan tarifaire. Cette déclaration n’est pas forcément valable sur des machines portables moins onéreuses équipées d’un dGPU RTX 3060 ou 3070, que l’on pourrait comparer avec les MacBook Pro équipés d’une puce Apple M1 Pro, on en trouve entre 1000 et 1700 euros.

De plus, citons également l’avance de Nvidia dans certains domaines comme l’IA. Les cartes graphiques GeForce RTX, à titre d’exemple, intègrent des cœurs RT dédiés aux calculs du ray tracing. Ainsi, de nouvelles ressources sont allouées aux développeurs et créatifs, ainsi que les joueurs. Qui plus est, de nombreux aspects logiciels ont été développés, avec notamment la librairie DirectX Raytracing sur Windows 10 et 11 qui permet aux développeurs de profiter de la technologie.

Après, encore une fois, les machines d’Apple sont certainement plus efficaces pour travailler, surtout que les performances obtenues semblent être relativement stables même lorsque le laptop est sur batterie (ce qui n’est pas du tout le cas sur les PC portables). Par contre, elles écartent, de facto, les joueuses et joueurs qui souhaitent avoir une machine polyvalente pour travailler, mais aussi jouer.


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