
Apple ne devrait rien officialiser avant la publication de ses résultats trimestriels fin janvier 2026, une période stratégique qui couvre les fêtes de fin d’année. Une annonce au premier trimestre donnerait au nouveau leadership succédant à Tim Cook le temps de s’installer avant les deux grands rendez-vous annuels : la WWDC en juin et le lancement des iPhone 18 en septembre.
Dans les faits ? Le contexte est nettement moins idéal. Cette succession intervient au moment précis où Apple traverse plusieurs turbulences. L’iPhone Air, lancé en grande pompe en septembre 2025, vient de s’effondrer commercialement. Foxconn a déjà démantelé presque toutes ses lignes de production et devrait tout arrêter fin novembre. Luxshare a cessé la fabrication fin octobre. C’est le troisième échec consécutif d’Apple à trouver une alternative viable entre l’iPhone standard et le Pro, après les « ratés » de l’iPhone mini et de l’iPhone Plus.
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Parallèlement, la stratégie IA d’Apple est scrutée de près. Le groupe accuse un retard visible face à ses concurrents et envisage d’utiliser les modèles d’OpenAI, de Google et d’Anthropic pour Siri plutôt que de développer sa propre technologie. Pour une entreprise qui a bâti son succès sur le contrôle total de ses technologies, c’est un aveu d’échec. Le Siri amélioré par l’IA, initialement prévu pour 2025, est repoussé à 2026 ou plus tard en raison de difficultés techniques.
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L’héritage de Tim Cook : un triomphe financier, des questions sur l’innovation
Les chiffres de l’ère Cook sont vertigineux. Quand il a pris les commandes en août 2011, Apple valait 350 milliards de dollars. Aujourd’hui, la valorisation atteint 4 000 milliards de dollars — un record historique brièvement dépassé par NVIDIA récemment. La capitalisation a été multipliée par 11 en 14 ans. Apple est devenue la première entreprise à franchir les caps symboliques de 1 000 milliards (2018), 2 000 milliards et 3 000 milliards de dollars.
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Le chiffre d’affaires a explosé : d’environ 100 milliards de dollars en 2011 à plus de 380 milliards aujourd’hui. Les services, Apple Music, iCloud, App Store, génèrent désormais plus de 80 milliards de dollars par an, contre à peine 10 milliards en 2011. Cook a transformé Apple d’un fabricant de hardware sexy en machine à cash diversifiée. Les AirPods à eux seuls se sont vendus à plus de 120 millions d’unités en 2020. L’Apple Watch domine le marché des montres connectées malgré un démarrage timide.
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Sur le plan opérationnel, Tim Cook a été brillant. Ancien directeur des opérations, il a optimisé la supply chain, négocié avec une poigne de fer avec les fournisseurs asiatiques, et réduit drastiquement les stocks. Chez Apple, il a industrialisé le succès de Steve Jobs et en a fait une multinationale ultraperformante.
Maintenant, le revers de la médaille. L’innovation produit ? Discutable. Sous l’ère Tim Cook, Apple n’a sorti aucun produit aussi révolutionnaire que l’iPhone, l’iPad ou le MacBook Air de l’époque Jobs. L’Apple Watch et les AirPods sont d’excellents produits, mais pas des ruptures. Le Vision Pro, le casque de réalité mixte lancé à 3 500 dollars, a fait un four commercial. Les nouveaux iPhone ? Des itérations incrémentales : meilleur appareil photo, puce plus rapide, écran légèrement plus grand. Pas de quoi émerveiller.


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Les critiques récurrentes pointent un Apple devenu prudent, calculateur, obsédé par les marges et la croissance trimestrielle. Un Apple qui peaufine plutôt qu’il n’invente. L’échec de l’iPhone Air illustre parfaitement le problème : 5,6 mm d’épaisseur pour faire tourner les têtes, mais une batterie ridiculement petite, un unique capteur photo, un prix à 1229 euros.
John Ternus, l’ingénieur qui doit réinventer Apple
John Ternus, 50 ans, pourrait être le pari d’un retour aux fondamentaux techniques. Diplômé en génie mécanique de l’université de Pennsylvanie, il a rejoint Apple en 2001 comme ingénieur produit. Pendant 24 ans, il a gravi tous les échelons de l’équipe hardware.

En 2013, il devient vice-président senior de l’ingénierie hardware. Depuis 2022, il supervise l’intégralité du portefeuille produit : iPhone, iPad, Mac, Apple Watch, AirPods.
Son palmarès est impressionnant. Ternus a piloté la transition des Mac vers les puces Apple Silicon, un pari technique qui a permis à Apple de se libérer d’Intel et d’offrir des performances spectaculaires.

Les MacBook Air M1, les MacBook Pro M1 Pro/Max, le Mac Studio : autant de succès qu’il a supervisés. Il a également joué un rôle clé dans le développement de l’iPhone Air et des dernières générations d’iPad.
Contrairement à Tim Cook, dont le profil est orienté opérations et finance, John Ternus est un pur ingénieur. Il comprend les transistors, les batteries, les dissipateurs thermiques. C’est un retour à la philosophie de Steve Jobs, qui était lui-même un obsédé du produit.
Sur scène, John Ternus monte en puissance. Il a présenté la puce M1 en 2020, l’iPhone Air en 2025, et apparaît de plus en plus souvent lors des keynotes. Mais son style est très différent de celui de Steve Jobs ou même de Tim Cook. Ternus est discret, technique, voire un peu terne selon certains observateurs. Bloomberg le décrit comme « très réservé, ne mettant jamais rien de controversé par écrit, et extrêmement prudent dans la prise de décision ». Pas vraiment le profil charismatique d’un Steve Jobs.
John Ternus a 50 ans, exactement l’âge de Cook quand il a succédé à Steve Jobs. Ce parallèle n’échappe à personne chez Apple. Un successeur jeune signifie potentiellement 10 à 15 ans de stabilité à la tête du groupe. C’est précieux pour une entreprise de cette taille.
Si John Ternus prend les commandes, Apple devrait doubler la mise sur l’intégration verticale : puces maison, contrôle total de la stack hardware-software, optimisation extrême. C’est la philosophie du « whole widget » chère à Steve Jobs. John Ternus la maîtrise parfaitement.
Tim Cook ne va pas s’évaporer dans la nature. Comme Jeff Bezos chez Amazon, Bill Gates chez Microsoft ou Larry Ellison chez Oracle, il devrait rester impliqué en tant que président du conseil d’administration (chairman). Ce modèle permet de garder la vision stratégique et l’expérience institutionnelle, tout en laissant le nouveau CEO piloter les opérations au quotidien.
Une succession risquée en terrain miné
Apple organise cette transition dans un contexte géopolitique et économique complexe. La Chine, premier marché d’Apple avec plus de 70 milliards de dollars de revenus annuels, devient de plus en plus hostile. Les tensions sino-américaines s’intensifient. Les consommateurs chinois se tournent vers Huawei, Xiaomi et autres marques locales. Apple perd des parts de marché.
En Europe, Bruxelles multiplie les régulations : obligation d’ouvrir l’App Store à des stores tiers, port USB-C imposé, taxes sur les services numériques. Aux États-Unis, les régulateurs scrutent les pratiques anticoncurrentielles d’Apple sur l’App Store (la fameuse « taxe Apple » de 30 % sur les achats in-app).
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Sur le plan produit, Apple doit prouver qu’elle sait encore innover. Le Vision Pro était censé être le « next big thing ». Vendu 3 699 euros, il s’adresse à un marché de niche et n’a pas décollé. L’iPhone pliable, annoncé depuis des années, n’arrive toujours pas (Samsung, Huawei et Motorola en sont déjà à leur 5e génération). L’Apple Car, projet secret pendant une décennie, a été annulé en 2024.
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John Ternus hériterait donc d’une entreprise riche, puissante, mais aussi scrutée de toutes parts et critiquée pour son manque d’audace.
John Ternus arriverait donc avec une mission claire : remettre l’innovation au cœur d’Apple. Son profil d’ingénieur, sa maîtrise du hardware, sa vision de l’intégration verticale sont des atouts.
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