Porsche cherche des aides publiques pour le développement des carburants synthétiques

 

Porsche, qui est l'un des constructeurs les plus actifs dans la recherche et même la distribution de carburants synthétiques, reconnaît qu'aujourd'hui, ce type d'énergie n'a pas beaucoup de chances de voir le jour, notamment sans aides des gouvernements.

Article actualisé le 15 février 2023 : Porsche France nous a contacté pour préciser les propos de Barbara Frenkel, la directrice des achats de Porsche. Le constructeur automobile souhaite que le carburant de synthèse soit proposé au même prix que l’essence et le diesel. Pour cela, Porsche souhaite la mise en place d’un bonus à la pompe pour ce type de carburant.

L’objectif de Porsche avec l’efuel n’est pas de continuer à vendre des voitures thermiques après l’interdiction européenne de 2035, mais tout simplement de pouvoir maintenir les voitures actuelles en circulation le plus longtemps possible, avec une pollution réduite.

D’ailleurs, Porsche continue de communiquer autour du carburant de synthèse, comme le prouve la communication officielle en date du 14 février 2023. On y voit alors Barbara Frenkel au Chili, pour le lancement du site de production local.


Article original, du 11 février 2023 : En 2035, les constructeurs auront l’interdiction de vendre des voitures neuves thermiques en Europe. Le texte a été adopté par le Parlement européen et la Commission européenne. La voie est donc aujourd’hui royale pour la voiture électrique, et pratiquement tous les constructeurs ont aujourd’hui entamé leur transition énergétique.

Néanmoins, certains se posent la question des alternatives, comme Toyota par exemple. Même si l’avenir semble promis uniquement à la voiture électrique, plusieurs solutions pointent le bout de leur nez, mais ne sont pas encore assez matures pour s’inscrire à court terme comme un autre choix à l’électrique.

L’hydrogène, par exemple, intéresse de nombreux acteurs du monde automobile, mais, pour le moment, le développement de cette technologie reste très en surface, notamment en raison des coûts de développement largement supérieurs à ceux d’une voiture électrique, sans compter tous les inconvénients que cela comprend.

Le carburant synthétique, qu’est-ce que c’est ?

Parmi les autres alternatives, il y a aussi le carburant de synthèse (ou appelé également « e-fuel »), des carburants synthétiques produits à partir de l’eau suite à une série de processus chimiques. Ceux-ci sont des carburants produits artificiellement grâce à l’utilisation de la technologie « Power-to-X » à partir d’une base commune : l’eau.

Grâce à un processus chimique d’électrolyse déclenché par l’utilisation d’électricité produite à partir de sources renouvelables (si ce n’est pas le cas, il n’y aurait pas d’avantages environnementaux), l’eau est divisée en oxygène et en hydrogène vert. Les e-carburants sont produits sans pétrole ni biomasse, mais à partir de CO2 et d’électricité bas-carbone.

L’avantage de ces e-fuels, c’est qu’ils peuvent être utilisés pour une voiture thermique classique. En revanche, l’e-fuel ne permet aucunement de réduire les rejets polluants à l’échappement, comme ceux d’oxydes d’azote (NOx) ou de particules fines. L’intérêt, c’est donc de réduire les émissions polluantes au moment du processus de fabrication.

Quel avenir pour le carburant synthétique ?

Porsche est l’un des plus actifs et a lancé un projet pilote avec Siemens Energy pour construire une usine de production de carburant synthétique au Chili, qui devrait produire jusqu’à 550 millions de litres de carburant d’ici 2026. Dans un premier temps, ce carburant servira seulement à alimenter les Porsche 911 GT3 Cup de la Supercup, l’un des nombreux championnats monotypes organisés par le constructeur.

Mais dans un premier temps seulement, et cela ne devrait pas aller au-delà. En effet, comme le reconnaît Barbara Frenkel, la directrice des achats de Porsche « le carburant que nous fabriquons est beaucoup trop cher pour que nous l’utilisions », tout en précisant que sans aides étatiques, ces alternatives n’auraient aucun avenir à plus grande échelle.

Actuellement, il est possible d’acheter du carburant de synthèse commercialisée par l’entreprise Zero Petroelum, vendu… 56 euros le litre ! À comparer à l’essence qui tourne autour de 2 euros le litre.

L’idée pour Porsche serait ainsi de taxer plus durement les carburants fossiles, et exonérer dans le même temps les carburants synthétiques. Par cette manipulation, ces carburants pourraient se retrouver sur le même pied d’égalité. Encore faut-il que le projet soit assez solide pour être inclus à la clause de revoyure européenne pour intégrer cette solution après 2035.

Globalement, cette énergie devrait se cantonner à un usage en compétition et ne pas aller au-delà. Porsche est d’ailleurs assez réaliste à ce sujet, puisque le constructeur pense qu’il ne s’agira que d’une simple alternative au tout électrique. Et avec pour objectif de vendre 80 % de voitures électriques d’ici 2030, Porsche n’aurait pas grand intérêt à poursuivre tête baissée dans cette voie.


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