Pourquoi la Chine interdit la vente des voitures d’occasion « 0 km » neuves à l’étranger

 
Alors que de nombreux constructeurs de voitures électriques ont recours aux ventes tactiques, la Chine tape du poing sur la table. Le gouvernement va durcir les règles pour l’exportations des véhicules d’occasion à zéro kilomètre.
Usine BYD au Brésil // Source : BYD

Les constructeurs chinois cartonnent en ce moment en Europe. C’est d’ailleurs ce que nous avions détaillé dans un précédent article dédié, et ce alors que le marché n’est pas au top de sa forme. BYD était notamment passé devant Tesla au mois d’avril sur le Vieux Continent, tandis que les ventes de Leapmotor ont explosé ces derniers mois.

Le gouvernement chinois dit stop

Sur le papier, tout va pour le mieux pour les constructeur venus de l’Empire du Milieu. Cependant, cela reste à prendre avec des pincettes. Et pour cause, il faut garder en tête que sur plus de 150 marques, seulement deux d’entre elles sont en fait rentables. Il s’agit de BYD et de Li Auto, c’est tout. Pour les autres c’est un peu plus compliqué que ça, même si elles affichent d’excellents chiffres. Et cela, on le doit en partie à un petit tour de passe-passe de la part de certains.

En fait, les constructeurs ont recours à une technique connue sous le nom de ventes tactiques. Concrètement, ils immatriculent des voitures qui ne sont pas vendues à des clients. Elles sont en fait utilisées comme autos de démonstration dans les concessions, par exemple. Puis, elles sont revendues à prix cassé comme des occasions zéro-kilomètre. BYD a notamment recours à cette astuce pour afficher des chiffres élevés et tirer les tarifs vers le bas. Mais il n’est pas le seul.

Xpeng G7 // Source : Xpeng

Et forcément, la Chine voit d’un très mauvais œil cette pratique. Le gouvernement avait déjà tapé du poing sur la table, en demandant aux marques d’arrêter. Car les ventes tactiques gonflent artificiellement les chiffres, ce qui fausse la réalité du marché. Et Pékin ne veut pas de ça. C’est ainsi qu’il a décidé d’aller encore plus loin, comme le révèle le site Car News China. Ce dernier cite le ministère chinois du Commerce (MOFCOM), qui vient de faire des déclarations importantes.

Ce dernier a récemment annoncé qu’il va mettre en place de nouvelles directives réglementaires pour les exportations de véhicules d’occasion. He Yadong, porte-parole du MOFCOM a déclaré que le commerce de véhicules d’occasion est une pratique internationale courante. Et surtout que les voitures, en tant que biens de consommation durables, jouent un rôle crucial sur les marchés mondiaux et nationaux. Et pour cause, la Chine a exporté pas moins de 275 000 autos de seconde main en 2023, pour une valeur totale de 6,88 milliards d’euros environ.

Des règles plus strictes

En 2024, ce sont plus de 436 000 autos d’occasion qui ont été envoyées dans le monde entier, soit une augmentation de 58,5 % en un an seulement. La Chine n’a donc aucun intérêt à mettre des bâtons dans les roues des constructeurs qui veulent exporter leurs voitures de seconde main. Cependant, elle veut désormais mieux encadrer cette pratique, afin d’éviter les abus, et le recours aux ventes tactiques. Comment ? Et bien en s’attaquant tout particulièrement aux occasions zéro-kilomètre, qui sont dans son viseur.

Au mois de mai, le MOFCOM a organisé une réunion avec plusieurs constructeurs automobiles chinois. Le but ? Discuter des évolutions à apporter à la surveillance des transactions pour les voitures d’occasion. Cette initiative a débouché sur de nouvelles mesures pour les marques, qui doivent désormais faire inspecter scrupuleusement chaque véhicule exporté. De plus, les exportateurs doivent soumettre les rapports d’inspection correspondants. Ce n’est pas tout, car ces derniers doivent également se conformer aux réglementations d’importation des pays de destination.

MG4 XPower

Ils sont désormais contraints de délivrer des déclarations de conformité lorsque cela est requis. Des exigences qui risquent de compliquer un peu la tâche des constructeurs, ce qui pourrait les dissuader d’exporter des occasions zéro-kilomètres. Le but du gouvernement chinois est ainsi de garantir une plus grande transparence pour les acheteurs, entre autres. Reste désormais à voir si cette stratégie portera ses fruits.


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