Après l'échec de Mastodon pour tenter de remplacer Twitter, une nouvelle alternative émerge. Son nom : Bluesky. Ce réseau social ne sort pas de nulle part. Il a été créé par Jack Dorsey, cofondateur de Twitter et ancien PDG de la plateforme, aujourd'hui très critique vis-à-vis d'Elon Musk. Bluesky pourra-t-il concurrencer Twitter ? Éléments de réponse.

Depuis quelques jours, voire quelques semaines, un nouveau réseau social fait de plus en plus parler de lui : Bluesky. Beaucoup voient en lui une sérieuse alternative à un Twitter toujours plus contestable, la faute aux décisions clivantes d’Elon Musk. Le fonctionnement de Bluesky est similaire à celui de Mastodon, une ancienne alternative qui n’a pas décollé suffisamment pour être un vrai rival au réseau social de l’oiseau bleu.
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Bluesky : quel est ce nouveau réseau social lancé par Jack Dorsey ?
Bluesky est un projet lancé fin 2019 par Jack Dorsey, à l’époque PDG de Twitter, qui est depuis devenu indépendant. Twitter avait financé Bluesky pour justement construire un protocole de réseau social ouvert pour la conversation publique afin d’en devenir un futur client.
Depuis 2021, le réseau social est édité par la société Bluesky, qui est indépendante, et depuis 2022, Twitter ne travaille plus avec cette entreprise. Ce réseau social n’est donc pas une association, mais une société à responsabilité dite d’intérêt public appartenant à Jay Graber et à ses équipes. Jack Dorsey et Jeremie Miller siègent au conseil d’administration avec Jay Graber.

Comme Mastodon, il s’agit d’un réseau social que l’on peut qualifier de « décentralisé », dans la mesure où chacun peut créer son « serveur » et y choisir la façon de l’administrer. Comme l’écrit Le Figaro, le développement de l’application est « supervisé par l’ingénieur Jay Graber, qui a longtemps travaillé dans les équipes de Jack Dorsey. »
Sur Bluesky, on ne publie pas des tweets, mais des skeets, qu’on peut traduire par tir au pigeon : autant dire qu’on a l’impression que le réseau social vise l’oiseau de Twitter. Dans chaque skeet, on peut intégrer du texte (jusqu’à 300 caractères), des images, des liens. Chaque membre peut repartager les publications, les aimer ou y répondre.
On a même droit à deux fils d’actualités ressemblant à s’y méprendre à ceux de Twitter : l’un pour les abonnements, l’autre basé sur les tendances du moment. Certaines fonctionnalités manquent encore à l’appel : on ne peut pas discuter par messages privés ni ajouter des vidéos aux skeets, par exemple.
Un entre-deux entre Twitter et Mastodon
Le fonctionnement technique ressemble relativement à ce que propose Mastodon depuis plusieurs années, a quelques différences près. En fait, la société Bluesky développe le AT Protocol, une base open-source utile pour la création de réseaux sociaux décentralisés. Sur la FAQ du projet, on apprend que ce dernier permet aux réseaux sociaux « de fonctionner davantage comme les emails, les blogs ou les numéros de téléphone ».
L’AT Protocol est décrit comme un système ouvert de microblogging qui alimente Bluesky. La philosophie du projet est de ressembler au web d’il y a quelques années, où des myriades de blogs existaient et qu’on s’y abonnait via des flux RSS. Une dimension de décentralisation qui n’intéresse pas que les réseaux sociaux alternatifs, puisque même Meta y travaille.
Bluesky se veut également collaboratif : « Les chercheurs et les communautés auront la possibilité d’intervenir pour aider à résoudre les problèmes auxquels les réseaux sociaux sont actuellement confrontés, et les développeurs pourront expérimenter de nouvelles formes d’interaction. »
Son AT Protocol propose un format standard « pour l’identité, le suivi et les données des utilisateurs sur les applications sociales, ce qui permet aux applications d’interopérer et aux utilisateurs de se déplacer librement d’une application à l’autre. Il s’agit d’un réseau fédéré avec portabilité des comptes. » Enfin, Bluesky annonce travailler sur les choix algorithmiques et la modération composable.

En parlant de la modération, l’approche de Bluesky repose sur trois méthodes : le filtrage automatisé, les actions manuelles de l’administrateur ainsi que la labellisation de la communauté. Dans les outils de modération développés pour AT Procotol, il y a notamment un système d’étiquetage à destinations des modérateurs, pour étiqueter comptes et publications de manière publique.
Ainsi, les membres du réseau social pourront s’abonner ou non à certains comptes. Ces étiquettes peuvent être générées automatiquement. Quant à l’application, elle « comporte des contrôles personnalisés qui permettent aux utilisateurs de masquer, d’avertir ou d’afficher du contenu et d’autres contrôles seront ajoutés au fil du temps ».
Là aussi, il s’agit d’une manière pour Bluesky de se démarquer par rapport à Twitter, dont la modération est régulièrement décriée.
Jack Dorsey très critique envers Twitter : avis personnel ou décrédibilisation d’Elon Musk ?
Le journal Le Figaro rapporte les propos de Jack Dorsey sur son nouveau réseau social Bluesky. Dans une série de publications datant du week-end dernier, il se montre très critique envers les décisions d’Elon Musk, indiquant qu’il « n’aurait jamais dû acheter Twitter, tout est allé de travers depuis », et déclare regretter la vente du succès qu’il a construit.

D’un autre côté, il faut aussi rappeler que critiquer Twitter permet aussi à Jack Dorsey de revenir sur le devant de la scène et de faire la promotion de Bluesky, bien que ses intentions puissent être louables. Si le réseau social rencontre un succès retentissant pour le moment, c’est principalement parce que la réputation de Twitter est mise à mal.
Bluesky peut-il réussir là où Mastodon a échoué ?
Soyons clairs, Mastodon n’a pas réussi à atteindre la même popularité que Twitter et de loin. S’il y a quelques mois, il faisait beaucoup parler de lui, c’est bien moins le cas aujourd’hui. Pour preuve « objective », il suffit de regarder l’intérêt pour la recherche « Mastodon » sur Google Trends, un outil qui permet d’évaluer les tendances du moteur de recherche.

Si l’on observe un net pic début novembre 2022, l’intérêt pour le réseau social a été divisé par près de 10 en six mois, et ce, dans le monde entier. Selon Forbes, la liste d’attente pour rejoindre Bluesky serait de plus d’un million de personnes. Le réseau social pourrait aussi être bloqué par Twitter lui-même – sur Twitter, entendons-nous – et sa promotion pourrait être interdite : c’était arrivé pour Mastodon durant quelques heures, mais aussi pour Substack.
Pour aller plus loin
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Pour le moment, Bluesky gagne en popularité par son relais dans les médias (nous y participons notamment en publiant cet article), mais aussi par ses nouveaux utilisateurs, dont certains sont des personnalités. L’Obs note que plusieurs célébrités progressistes ont débarqué, comme « l’élue de New York Alexandria Ocasio-Cortez (AOC), le mannequin Chrissy Teigen, le réalisateur James Gunn, des journalistes influents du « New York Times », du « Washington Post », de la chaîne CNN ou de la radio publique NPR ».
Le challenge sera d’atteindre une masse critique d’utilisateurs, comme l’a fait remarquer le chercheur en cybersécurité Baptiste Robert sur Bluesky.
Comment rejoindre Bluesky ?
Comme évoqué précédemment, les inscriptions sur Bluesky ne sont pas ouvertes, il faut rejoindre une liste d’attente. Pour ce faire, c’est assez simple : il suffit de se rendre sur le site ou sur l’application et d’entrer son adresse mail pour rejoindre la bêta sur liste d’attente.

En réalité, Bluesky n’est pas encore officiellement lancé, mais est en phase de test. Fin avril, Bluesky disait compter plus de 50 000 utilisateurs : en février, ils n’étaient que quelques centaines. Pour le moment, le réseau social dit vouloir « développer le système d’invitation à notre guise, de manière à préserver l’accent mis sur le développement du protocole et à créer un réseau où des conversations saines peuvent avoir lieu ».
Toutes les deux semaines donc, des utilisateurs de Bluesky reçoivent des codes d’invitation à partager pour en augmenter leur nombre. Selon l’entreprise, cela permet d’éviter les spams et les personnes malveillantes. Cela n’empêche toutefois pas les dérives : l’application ayant été téléchargée plus de 375 000 fois selon Data.ai sur le Play Store et sur l’App Store, certaines invitations se monnaient, par exemple sur Reddit.
Pour le moment, aucune date d’ouverture officielle n’a été révélée, mais tout porte à croire que Bluesky va tenter de s’ouvrir le plus rapidement possible. Si le réseau social a le vent en poupe, il doit éviter d’épuiser cette popularité en étant disponible trop tard.
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