Sept mois avec l’Asus Zenfone 10 : un petit smartphone, mais un smartphone costaud

Après sept mois d'utilisation au quotidien, il est temps de faire le point sur ce que vaut le Zenfone 10 d'Asus au quotidien.

Mon tout premier smartphone Android était le HTC Magic, lancé en 2009. C’était alors l’un des tout meilleurs smartphones du marché et pourtant, selon les critères d’aujourd’hui, c’était un nain. Avec son écran de 3,2 pouces et ses mensurations de 113 x 56 x 14 mm, il fait pâle figure face aux modèles vendus actuellement sur le marché.

C’est inexorable : depuis plus de dix ans, les smartphones n’ont eu de cesse d’augmenter, aussi bien en termes de performances et de parts de marché que de gabarit. Aujourd’hui, un Xiaomi 14, annoncé récemment par le constructeur chinois, profite d’un écran de 6,36 pouces pour un format de 153 x 72 x 8 mm. Surtout, il s’agit d’un smartphone considéré comme relativement compact eu égard aux critères de 2024.

Un format qui avait tout pour me plaire

De mon côté, je n’ai de cesse de me plaindre des grands smartphones. J’ai utilisé de très nombreux téléphones par le passé, mais, à chaque fois, je suis revenu aux modèles plus compacts, qu’il s’agisse du Huawei P30 ou de l’Essential PH-1. J’ai tenté, au long des années, de me pencher vers des modèles plus larges, qu’il s’agisse du Google Pixel 6 Pro, du Vivo X80 Pro, de l’Oppo Find X2 Pro ou, plus tôt encore, du Nexus 6P. À chaque fois, le constat était le même : ce format trop grand m’était trop inconfortable. Loin de me satisfaire, ces grands écrans — dans des gabarits trop volumineux — gênaient davantage mon utilisation du smartphone à une main plus qu’ils ne satisfaisaient ma rétine.

Dès lors, une fois qu’on a pu tester l’Asus Zenfone 10 en juillet dernier, je me suis tourné vers mes collègues en me proposant pour en faire un test longue durée.

Sur le papier, le Zenfone 10 avait tout pour me séduire. Il faut dire qu’Asus est l’un des rares constructeurs de smartphones sous Android à proposer des smartphones au format réduit — ne disons pas « compact », ça pourrait réveiller quelques fans acharnés de Sony Xperia. En 2024, les smartphones affichant une diagonale d’écran de moins de 6,2 pouces se comptent sur les doigts de la main. On peut citer certes Samsung avec son Galaxy S24, mais également Google avec son Pixel 8, Apple avec ses iPhone 15 et 15 Pro ou Sony avec son Xperia 5 V. Et puis c’est tout…

Le nombre de smartphones de format relativement compact a tendance à fondre année après année comme neige au soleil.

Cependant, le Zenfone 10 propose quant à lui une véritable alternative aux mastodontes du secteur. Il faut dire que ce choix de format compact est véritablement différenciant pour le constructeur taïwanais et a tout d’un smartphone issu d’une ère révolue. Jugez plutôt : écran de 5,9 pouces, prise casque, autonomie de deux jours. Rares sont les téléphones à proposer aujourd’hui autant de caractéristiques qui tendent désormais à disparaître. Ajoutez par-dessus une charge sans fil, un processeur Snapdragon 8 Gen 2 de dernier cri au moment de sa sortie et une interface Android sans chichi et on a, sur le papier, un smartphone qui avait tout pour me séduire.

Une prise en main aisée, mais loin d’être parfaite

On vous le répète souvent sur Frandroid, mais une fiche technique ne suffit pas à elle seule à permettre de se faire une idée définitive sur un produit et le Zenfone 10 en est un très bon exemple. C’est seulement à force d’utilisation que j’ai pu découvrir plusieurs surprises, en bien comme en moins bon.

C’est le cas par exemple sur les matériaux utilisés. De prime abord, j’étais assez dubitatif à l’idée qu’Asus utilise du plastique pour le dos de son smartphone. Il faut dire que le matériau n’est pas aussi noble que du verre. Surtout, dans les premiers jours d’utilisation, la sensation au toucher, avec un effet extrêmement mat, qui rappelle fortement du carton, me laissait assez songeur et je craignais que le smartphone ne glisse trop lorsque je le tenais en main.

Finalement, il n’en a rien été et je n’ai rencontré aucun problème de glissade avec le Zenfone 10… enfin presque. Sept mois plus tard, au moment de faire le point sur mon expérience, je remarque un petit choc à l’arrière du smartphone. Il s’agit d’un point qui a dû venir d’un choc plutôt léger, mais, dans le cas présent, c’est probablement le choix du plastique qui fait que le smartphone n’a pas davantage de dégâts. Si le dos avait été en verre, nul doute que le choc aurait été bien plus important et que j’aurais pu découvrir, sur le moment, un dos complètement fêlé. Là, grâce à la souplesse du plastique, rien de tout ça et un choc qui ne m’apparaît qu’après des mois d’utilisation.

Il n’en va pas de même pour le châssis en métal qui lui a bel et bien marqué sur l’angle inférieur droit. Là encore, le fait que le métal soit teinté dans la masse permet d’oublier assez facilement ce petit choc.

En dehors des chocs et de l’usure, inhérents à une utilisation prolongée de n’importe quel produit, je dois avouer que j’ai pris beaucoup de plaisir à utiliser le lecteur d’empreintes du Zenfone 10. Positionné sur la tranche, il tombe très facilement sous le pouce et c’est, à ce jour, le positionnement le plus naturel pour n’importe quel téléphone. C’est à se demander pourquoi autant de constructeurs continuent de s’obstiner à positionner le lecteur d’empreintes sous l’écran, avec les nombreuses erreurs d’identification. La prise casque est elle aussi bienvenue, même si je n’ai pas eu l’occasion de l’utiliser. Si vous avez encore un casque ou des écouteurs filaires, c’est sans doute bon à prendre.

Enfin, un dernier point sur le format « compact » du Zenfone 10. En fait, même si le smartphone affiche une diagonale d’écran de 5,9 pouces, le smartphone n’est pas aussi confortable à utiliser que j’aurais pu le penser au premier abord. Cela vient surtout du fait des larges bordures tout autour de l’écran, avec 2 mm de largeur sur les côtés, 2,9 mm en haut de l’écran et 4,1 mm en bas de l’écran. Même si l’écran est petit, les bordures restent relativement larges, ce qui va affecter l’utilisation du smartphone. Alors que je me faisais un plaisir à l’idée de pouvoir utiliser le Zenfone 10 à une seule main, y compris pour atteindre l’angle supérieur gauche à l’aide du pouce de ma main droite, force est de constater que ce n’était pas aussi aisé qu’espéré.

Il n’y a pas que la taille de l’écran qui compte pour un smartphone compact. C’est avant tout la taille de l’appareil en lui-même qui va influer sur le confort d’utilisation.

Un suivi logiciel correct, mais qui va vite dépérir

D’un point de vue logiciel, le Zenfone 10 proposait, à son lancement, Android 13. Désormais, sept mois plus tard, le smartphone phare d’Asus est doté d’Android en version 14, avec un déploiement disponible depuis le début de l’année, et, au moment de rédiger ces lignes, le patch de sécurité de décembre 2023.

Si l’on ne peut que se satisfaire du fait qu’Android 14 ait été déployé relativement rapidement sur le Zenfone 10, tout n’est pas rose par ailleurs. Déjà, arrivé au début du mois de mars, on aurait pu espérer que le smartphone profite d’un patch de sécurité plus récent que celui du 5 décembre dernier. Ensuite, et c’était déjà l’un des principaux défauts faits au lancement du Zenfone 10, Asus ne compte pas multiplier les mises à jour dans le temps.

Contrairement à Samsung et Google qui promettent désormais sept ans de mises à jour majeures d’Android sur leurs modèles premium, Asus se cantonne à une promesse de deux ans de mises à jour majeures et quatre ans de mises à jour de sécurité. En d’autres termes, Android 15, qui devrait sortir à l’automne, sera selon toute vraisemblance la dernière mise à jour majeure pour le Zenfone 10, un peu plus d’un an après son lancement. C’est vraiment dommage.

C’est d’autant plus dommage que l’interface proposée par Asus est particulièrement agréable à utiliser. À l’instar de ce qu’a pu proposer OnePlus par le passé, on a une interface qui reprend les codes de la version « stock » d’Android, mais avec des options de personnalisation supplémentaires. On retrouve par ailleurs plutôt facilement ses petits et, à l’exception de quelques doublons (Horloge ou Téléphone), Asus n’a pas noyé l’interface de ses propres applications.

La photo, le parent pauvre du Zenfone 10

Finalement, le véritable parent pauvre du Zenfone 10 réside dans son appareil photo, comme on l’indiquait déjà dans son test complet, en juillet dernier. Il faut dire que le smartphone ne profite ici que de deux appareils photo : un module grand-angle et un module ultra grand-angle. Pour profiter d’un zoom sans perte, il faudra se contenter du zoom x2 hybride dans le capteur principal de 48 mégapixels. Bref, ce n’est pas la panacée.

Là où les modèles haut de gamme concurrents vont bien souvent jusqu’au zoom optique x3, le zoom hybride x2 du Zenfone 10 fait pâle figure en comparaison.

Après, pour être tout à fait franc, cette limitation ne m’a pas gêné au quotidien. D’abord parce que je savais à quoi m’en tenir du côté de la photo, ensuite parce que lorsque je veux prendre des photos de bonne qualité, que je prendrai du plaisir à revoir plus tard, j’ai surtout l’habitude de sortir mon appareil photo hybride, un Sony A7 III.

Dès lors, mon principal usage en matière de photo sur le Zenfone 10 était un aide mémoire, pour prendre des photos de caractéristiques d’un produit lors d’une conférence de presse, pour prendre un selfie avec ma médaille après une course à pied ou pour prendre le relevé du compteur de ma chaudière à gaz. Bref, pour ces usages-là, le Zenfone 10 est largement suffisant.

Mais après tout, peut-être aurais-je été plus épanoui, productif et inspiré si le smartphone avait proposé une plus grande polyvalence en photo. Là, ne serait-ce que le fait que le smartphone ne capture pas nativement les clichés en format RAW a pu être un frein à l’inspiration.

Prix et disponibilité de l’Asus Zenfone 10

L’Asus Zenfone 10 est disponible depuis août 2023. Lancé initialement à 799 euros, il peut désormais être trouvé à moins de 750 euros.