
Les marques chinoises arrivent de plus en plus en Europe, mais la France semble quasi-systématiquement jouer le rôle de vilain canard, privée de nombreux acteurs. Cela ne signifie pas que notre marché désintéresse les groupes chinois.
Dernière preuve à date : après des mois de rumeurs, le groupe Chery annonce aujourd’hui son arrivée officielle en France. Nous sommes partis dans ses terres en Chine, dans la ville de Wuhu, pour en savoir plus sur ce lancement.
Chery, le n°1 chinois de l’export
Vous n’avez peut-être jamais entendu parler de Chery de votre vie, mais si vous déjà croisé des DR en Italie ou des Ebro en Espagne… alors vous en avez déjà vu.

Car oui, le petit acteur créé en 1997 s’est transformé en immense groupe possédant 8 marques, sans compter les coentreprises locales (dont DR et Ebro). Rien qu’en 2024, il a écoulé 2,6 millions de voitures, dont 1,14 million dans les 120 pays dans lesquels il est implanté – cela fait de Chery l’acteur automobile chinois qui exporte le plus, bien devant BYD, et ce depuis 22 ans consécutifs.
En Europe, Chery a choisi de proposer sa marque Omoda Jaecoo, déjà disponible en Allemagne, Belgique, Espagne, Hongrie, Italie, Pays-Bas, Pologne et Royaume-Uni. Il ne manquait donc (presque) que la France, ce qui est chose faite : Omoda Jaecoo arrivera chez nous au printemps 2026 avec quatre modèles.
Quatre SUV hybrides dans les valises
Une marque, deux gammes
Détail intéressant : Omoda Jaecoo est une marque intégralement dédiée à l’export dans la galaxie Chery – comprendre qu’elle n’est pas distribuée en Chine.
Omoda Jaecoo est une seule marque, mais disposant de deux gammes : les Omoda sont des crossovers mettant en avant un style dynamique et un espace intérieur généreux ; les Jaecoo, eux, adoptent une posture plus SUV, avec un style plus cubique, plus robuste, et une présentation un léger cran plus premium. Les deux reposent sur les mêmes plateformes multiénergies.
Dans le détail, la gamme française de lancement comprendra :
- Omoda 7 : un SUV hybride rechargeable (347 ch) de 4,62 m de long, concurrent des Dacia Bigster et Volkswagen Tiguan ;
- Omoda 9 : 4,77 m de long, concurrent du Peugeot 5008, proposé en hybride rechargeable (347 ch) et déjà vendu en Chine sous le nom d’Exeed RX ;
- Jaecoo 5 : 4,38 m de long, concurrent des Dacia Duster, Peugeot 2008 et Renault Symbioz, proposé en version hybride (225 ch) ;
- Jaecoo 7 : 4,50 m de long, cousin de l’Omoda 7, proposé en hybride (225 ch) et hybride rechargeable (347 ch).
Les prix seront dévoilés début 2026, mais une chose est sûre : les porte-parole d’Omoda Jaecoo annoncent des tarifs bien placés. Son PDG France, Hanbang Yu, précise : « Notre stratégie en matière de prix et de positionnement consiste à être compétitif sur ce marché ; cependant, nous ne nous positionnons pas comme une marque bon marché : la qualité du produit, la technologie, tout mérite un prix approprié. »
Un système hybride assez sophistiqué
Ces cinq modèles seront donc tous disponibles en hybride simple (HEV) ou rechargeable (PHEV) ; une motorisation plutôt intéressante, et intégralement développée en interne par Chery.


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Baptisée Super Hybrid System (SHS), elle est composée des deux mêmes moteurs pour les deux versions (150 kW / 204 ch pour l’électrique et 105 kW / 143 ch pour le thermique). Seule la taille de la batterie change entre hybrides simples et rechargeables, avec une capacité respective de 1,8 et 18,3 kWh – dans ce dernier cas, l’autonomie électrique est de 90 km en cycle WLTP.
Seul l’Omoda 9 diffère, avec trois moteurs électriques au total (deux à l’avant) pour une puissance totale de 537 ch ; la batterie de 34,46 kWh offre 145 km d’autonomie WLTP en électrique.
Le principe de fonctionnement est assez original, et partage dans les grandes lignes les philosophies du système Super DM-i de BYD. Comprenez par là que le moteur essence peut, selon la situation, faire tourner les roues (comme une hybride « traditionnelle ») ou se cantonner à un rôle de générateur pour recharger la batterie, qui alimentera le moteur électrique (rapprochant ce système du e-Power de Nissan ou des voitures électriques à prolongateur d’autonomie).
Une arrivée en France mûrement réfléchie
Concernant la réflexion et les évolutions autour de ce lancement français, nous avons pu nous entretenir avec Hanbang Yu, directeur de Chery France, et Sam Lyu, responsable d’Omoda Jaecoo en France.
La réflexion autour de l’arrivée en France a débuté « en février 2024 », nous raconte M. Yu – deux ans se seront donc écoulés entre la première réunion et les premières livraisons. Un laps de temps finalement assez court, mais qui fut productif pour sélectionner « les bons produits, les bonnes personnes et le bon réseau » nécessaires à un lancement réussi, surtout puisque, de leur propre aveu, « le marché français est très différent des autres marchés » – notamment en termes de fiscalité.

La première tâche fut de créer une équipe qui connaisse les complexités du marché français ; Hanbang Yu, par exemple, a beaucoup appris en lançant MG en France en tant que directeur des ventes & réseau – rappelez-vous, c’était en 2020.
Peut-être la preuve la plus marquante du sérieux de Chery dans son implantation française se trouve dans les 70 concessionnaires qui ouvriront dès le premier jour – un chiffre remarquablement élevé, et un véritable pilier pour la reconnaissance publique de la marque. De même, la garantie 7 ans et un entrepôt de pièces détachées situé en France seront là pour rassurer sur l’après-vente.

Tout cela, ajouté aux prix annoncés comme concurrentiels, donne à M. Yu l’ambition d’immatriculer 10 000 Omoda Jaecoo en France en 2026 – un chiffre ambitieux, étant donné l’arrivée de la marque en cours d’année.
Beaucoup de projets en tête
Une chose est claire : ces quatre premiers SUV ne sont que la première étape de l’arrivée de Chery en France. Hanbang Yu l’assure : « D’autres modèles très prometteurs suivront rapidement dans les mois à venir » (dont l’Omoda 4 présentée en avant-première à cette occasion), et nous a confié qu’il ne s’interdisait pas un seul instant d’importer d’autres marques de la galaxie Chery.

« Nous voulons lancer toutes les marques [de Chery] en France », avance-t-il, avant d’enchaîner : « mais nous ne sommes pas stupides : nous ne savons pas comment mettre en place toutes ces marques en France en même temps ». De fait, une devise prime : « étape par étape », insiste-t-il. La première, c’est l’implantation d’Omoda Jaecoo. En cas de succès, alors pourquoi ne pas penser aux voitures pratiques et généralistes signées Chery ou aux originaux SUV électriques d’iCar (rebaptisés iCaur à l’export pour des raisons évidentes) ?

Pour le cas de la marque premium Exlantix (le nom international des Exeed vendues en Chine), le cas est plus compliqué. M. Yu explique : « Je pense que nous avons besoin de ce haut de gamme, mais je serais prudent. Lancer une marque premium demande du temps, alors procédons par étape. Lançons d’abord Omoda Jaecoo, ensuite nous verrons. Mais nous trouverons le moment opportun pour lancer [Exlantix] ».
Le sujet de la Chery QQ, une mini-voiture électrique vendue en Chine, a également été abordé. Ici aussi, rien n’est écarté : « Si nous devons le faire, alors nous avons la technologie, la plateforme, tout ce qu’il faut pour le faire », annonce-t-il, avant de préciser : « C’est la partie que je préfère [de mon travail] : si je constate qu’il existe une demande sur le marché, je peux lever la main, dire ‘les clients cherchent cette voiture’, et l’équipe derrière moi va étudier et concevoir la voiture en fonction des besoins du client. »

Sur ce point, le centre de recherche & développement allemand de Chery, ouvert depuis 2018 à Raunheim, permettra de calibrer les voitures aux goûts français et européens.
Et pour clore le chapitre QQ, reste la question de l’homologation. La question du quadricycle, comme une Citroën Ami ou un Mobilize Duo, est naturellement sur la table, mais la réglementation E-Car, en cours de discussion à la Commission européenne en vue de créer une catégorie intermédiaire entre quadricycle et citadine, pourrait lui convenir comme un gant – tout comme la Dacia Hipster.
Et les voitures électriques dans tout ça ?
Comble pour un article publié sur Survoltés : nous parlons depuis le début de voitures hybrides, alors que Chery dispose de nombreuses voitures électriques dans ses différentes marques – y compris chez Omoda Jaecoo.

En France, un paramètre est primordial au succès des voitures électriques : l’obtention de l’éco-score, ouvrant la porte au bonus écologique pour les particuliers et aux avantages en nature pour les professionnels. Ce qui oblige à produire en Europe.
Sur le point, bonne nouvelle : Chery dispose justement d’une usine en Espagne (rachetée à Nissan dans le cadre d’une coentreprise avec EV Motor)… mais sa capacité limitée ne permettrait pas de répondre à la demande : « pour être honnête, ce ne sera pas la seule usine », tranche Hanbang Yu.

Ceci dit, aucun mot ne sortira sur l’implantation de (ou des) usines à venir. La rumeur d’une usine en Turquie avait été rapidement démentie, mais des indices laissaient croire que Chery serait intéressé par les usines allemandes de Volkswagen, en difficultés.
La question des batteries mériterait également d’être posée, mais la réponse devrait manifestement pas tant tarder : « Les clients n’attendront pas longtemps pour obtenir des [Omoda Jaecoo] électriques », tempère Hanbang Yu.
Sur ce sujet, il faudra être patient, mais la rencontre, les ambitions et la force de frappe déployée dès le lancement d’Omoda Jaecoo ont prouvé une chose : Chery est en France pour rester. Quelque chose nous dit que nous n’avons pas fini d’en parler.
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