Tesla Superchargeur vs Ionity : quel est le meilleur réseau pour recharger sa voiture ?

Team Ionity ou Superchargeurs ?

 

Si le réseau de Superchargeurs de Tesla n'en finit plus de s'agrandir, les autres acteurs de la charge rapide ne comptent pas faire de la figuration pour autant. Les réseaux de Ionity, Fastned ou encore Total Energies peuvent dans bien des cas se révéler plus pratiques. Lors des grands trajets, faut-il délaisser les Superchargeurs ?

Tesla Model 3 se rechargeant sur une borne iONITY // Source : Bob Jouy pour Frandroid

En 2022, le réseau de Superchargeurs Tesla en France devient si dense qu’il est presque trop facile de voyager avec un véhicule de la firme d’Elon Musk. Nous avons d’ailleurs montré récemment que même la Tesla Model 3 Propulsion n’avait aucun problème pour parcourir de longues distances.

Toutefois, vous aurez remarqué que pour optimiser le temps total de trajet, utiliser exclusivement le réseau propriétaire de Tesla n’est pas nécessairement la meilleure affaire. Outre les tarifs qui se sont envolés, d’autres points négatifs existent lorsque l’on compare le réseau américain à l’offre de charge rapide des autres acteurs.

Ionity notamment a souhaité densifier sa présence en France, et a changé son mode de tarification, afin qu’il soit plus aisé d’anticiper le coût d’un voyage quelle que soit la voiture que l’on a. Nous allons donc examiner ensemble l’intérêt qu’il peut y avoir, à la fois en temps et en argent, de délaisser les Superchargeurs pour aller vers d’autres bornes de charge rapide. Et si les Superchargeurs n’étaient, au final, pas le meilleur moyen de traverser la France en Tesla ?

Un réseau qui se densifie

Si le constat qui était partagé par tous en 2020 concernant le manque criant de stations Ionity à travers la France vous a marqué, sachez qu’il est bien différent aujourd’hui. En effet, on trouve aujourd’hui 104 stations Ionity qui couvrent le territoire représentant 450 bornes de recharge rapide disponibles pour tous les véhicules équipés d’un port combo CCS.

Vous aurez remarqué que cela fait une moyenne d’un petit peu plus de 4 bornes par station seulement, mais nous y reviendrons dans un second temps. Les bornes de recharge Ionity permettent de charger, en théorie, jusqu’à 350 kW. Ceci étant dit, comme nous le rappelions dans notre dossier pour débuter en véhicule électrique, il ne faut pas vous imaginer arriver avec n’importe quel véhicule, et charger à 350 kW pendant de longues minutes.

La Tesla Model 3 Propulsion en charge sur une borne Ionity // Source : Bob JOUY pour Frandroid

Aujourd’hui, aucun véhicule en circulation n’est capable d’accepter cette puissance de recharge, et en particulier les véhicules de la marque Tesla, qui sont limités à 250 kW au maximum dans le meilleur des cas. En outre, étant sur une architecture 400 Volts, il ne sera pas possible de dépasser les 200 kW en théorie avec une Tesla sur le réseau Ionity, et en pratique cela ne dépasse pas 194 kW.

Une différence notable entre Ionity et le réseau de Superchargeurs de Tesla réside dans la méthode de paiement. En effet, alors qu’à un Superchargeur, il n’y a qu’à brancher sa Tesla et la facturation se fait automatiquement à la carte bancaire rattachée au compte du propriétaire du véhicule, c’est pour le moment une autre paire de manches chez Ionity.

Nous vous avions récemment parlé de la jungle des cartes de recharge que connaissent tous les propriétaires de voiture électrique, et malgré les annonces de disponibilité du fameux « Plug&Charge » de Ionity, ce n’est pour le moment pas possible en Tesla. Il est ainsi nécessaire de s’authentifier sur la borne de recharge, soit à l’aide d’une application mobile, soit à l’aide d’un badge de recharge d’un réseau partenaire de Ionity.

Pour le moment, seul Fastned propose une expérience se rapprochant de celle de Tesla sur son réseau propriétaire, avec une possibilité d’associer son véhicule à son compte Fastned, pour que les charges démarrent automatiquement au branchement.

Des Superchargeurs qui sont mal placés

Vous l’aurez sans doute remarqué si vous avez voyagé sur autoroute, bien qu’il y ait à ce jour 112 Superchargeurs Tesla répartis sur le territoire national, ils ne sont — à quelques exceptions près — pas situés sur des aires de service sur autoroute. C’est ainsi une critique classique que l’on retrouve chez les propriétaires de Tesla qui voyagent souvent : il est nécessaire de sortir de l’autoroute pour aller se charger.

Sur le principe, Tesla souhaite rendre accessible ses Superchargeurs à tous les conducteurs, qu’ils choisissent de voyager sur le réseau autoroutier ou qu’ils privilégient le réseau secondaire. C’est une excellente chose en théorie, mais lors des voyages, il y a parfois un temps non négligeable qui est perdu pour atteindre la fameuse prise pour se brancher, de l’ordre de 5 à 10 minutes aller / retour.

Un Superchargeur Tesla aux abords d’un hôtel

En effet, ce fut le cas pendant de nombreux mois sur le Superchargeur du Mans notamment, où des travaux rendaient les deux kilomètres à parcourir une fois sorti de l’autoroute plus longs que la session de charge elle-même. Là où Tesla met en avant les excellentes vitesses de recharge de ses véhicules, le constructeur passe sous silence le temps total d’une charge en prenant en compte le détour nécessaire.

De même, les Superchargeurs étant parfois situés sur des parkings de centre commerciaux ou autres zones n’ayant pas d’activité 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, il n’est pas impossible de se retrouver sans aucune commodité ou abri disponible lors d’une session de charge. Là où Ionity est principalement situé sur des aires des service avec non seulement un accès à des commodités à toute heure du jour et de la nuit, mais surtout sans le moindre détour, les arguments en faveur du réseau de Tesla ne sont pas si évidents.

Un juste milieu à trouver

Nous l’avions matérialisé dans notre dossier sur les longs trajets en Tesla Model 3 Propulsion, un grand trajet idéal s’effectue en alternant les Superchargeurs Tesla et les réseaux tiers comme Ionity. Il faut en effet penser la mobilité électrique d’aujourd’hui comme quelque chose d’universel, et ne plus voir le réseau Tesla comme réservé aux Tesla, et les autres réseaux comme étant faits uniquement pour les véhicules des autres marques.

C’est d’ailleurs le point de vue de la firme d’Elon Musk, qui ouvre aux autres marques de plus en plus de Superchargeurs, en France comme ailleurs. La concurrence dans le monde de la charge rapide est une excellente chose pour le client, qui pourra choisir à quelle entreprise donner son temps et son argent lors de la recharge en fonction de ses besoins.

Lors d’une longue pause repas notamment, les familles privilégieront ainsi probablement les Superchargeurs Tesla qui sont dans des zones commerciales à l’écart de l’autoroute, puisque de nombreux choix de restauration s’offriront à elles. D’un autre côté, un couple plutôt pressé d’arriver à destination sera content de pouvoir recharger chez Ionity sans sortir de l’autoroute, quitte à faire une pause express de quinze minutes seulement.

BMW i4 sur Tesla Superchargeurs / Source : D. Nogueira

En termes de coûts, depuis le passage de Ionity à une tarification au kilowattheure, l’avantage financier face aux Superchargeurs Tesla n’est plus vraiment là. En effet, il faut compter autour de 0,52 euro par kilowattheure chez Tesla en France, contre 0,69 euro par kilowattheure chez Ionity, soit 33 % plus cher. Toutefois, il est possible de limiter ce coût à 0,35 euro par kilowattheure contre un abonnement mensuel de 17,99 euros, avec engagement d’un an (soit un coût d’abonnement de 215,88 euros).

Ainsi, qu’il soit intéressant financièrement de charger chez Ionity avec un abonnement plutôt que Tesla, il est nécessaire de charger en moyenne 106 kWh par mois au minimum, soit peu ou prou l’équivalent de 500 kilomètres d’autoroute. Ainsi, à part pour les gros rouleurs, le fait qu’il y ait un engagement annuel pour la formule Ionity Passport rendra les grands trajets sur le réseau Ionity plus chers que sur les Superchargeurs Tesla.

Le problème des week-ends rouges

Le coût ne sera pas le seul point noir de Ionity toutefois, car avec une moyenne de 4,3 bornes de recharge par station, la crainte de la saturation lors des périodes de départs en vacances sera nécessairement présente dans l’esprit de nombreux électromobilistes. Bien que l’on constate que la majorité des véhicules électriques effectuant des grands trajets sont des Tesla, de nombreux véhicules électriques vont devoir se recharger sur le réseau Ionity lors des départs en vacances.

Effectivement, même si certains Superchargeurs Tesla sont ouverts à tous, ce n’est pas encore un réflexe pour beaucoup de conducteurs de voitures électriques de tenter l’aventure chez Tesla, notamment avec les incompatibilités qu’il peut y avoir. De nombreux constructeurs ont un partenariat avec Ionity leur offrant des tarifs préférentiels, et il est ainsi logique que les propriétaires aillent se recharger sur les bornes du réseau.

Une Tesla Model S en Supercharge // Source : Bob Jouy pour Frandroid

Avec entre quatre et six bornes disponibles par site la plupart du temps, saturer une station de recharge Ionity est chose aisée en période estivale. Si l’on considère qu’une session de charge dure en moyenne 30 minutes, il faudra compter au minimum entre cinq et sept minutes pour qu’une place se libère et qu’un autre véhicule puisse se charger.

Ainsi, si une file d’attente se forme et qu’il y a déjà six voitures qui attendent pour se charger à une Station Ionity, la probabilité d’avoir une place pour se charger dans l’heure qui suit l’arrivée est assez mince. Il faudra ainsi accepter que le temps total de la pause passe de trente minutes à une heure trente au minimum.

De l’autre côté, Tesla déploie des stations de Supercharge qui comportent 16, 20, voire 28 bornes en 2022, ce qui limite fortement la probabilité de saturation. Et quand bien même, une arrivée à un Superchargeur comportant vingt bornes toutes occupées, et où six voitures sont en attente ne devrait pas retarder la charge de plus de dix à quinze minutes, contre plus d’une heure s’il n’y avait que quatre ou six bornes.

Bien entendu, cette problématique devrait se réduire au fur et à mesure que les différents réseaux de recharge s’étofferont et s’implanteront dans un nombre plus élevé de stations-service. L’Europe veut d’ailleurs imposer au minimum une borne de charge rapide 150 kW tous les 60 km.

Les soucis de disponibilité

L’une des grandes forces du réseau de Superchargeurs Tesla est sa fiabilité. En effet, outre la possibilité de voir aisément et en temps réel la fréquentation de l’ensemble des stations sur l’ordinateur de bord pour savoir exactement à quoi s’attendre, les soucis pour démarrer une session de charge sont extrêmement rares.

Chez Ionity par exemple, les mauvaises expériences de recharge — bien que plus rares que les années précédentes — restent plus fréquentes, et peuvent ainsi transformer un grand trajet en cauchemar. Des stations qui sont bien signalées comme disponibles et en fonctionnement dans l’application Ionity peuvent réserver des mauvaises surprises si vous y arrivez avec très peu de batterie restante si la recharge de votre véhicule ne démarre pas.

En outre, les stations de recharge Ionity étant principalement situées sur des aires de service sur autoroute, les grands chassés-croisés pourront réserver une autre mauvaise surprise : des véhicules thermiques garés sur les places réservées aux véhicules en charge, par manque de places de parking disponibles.

Lorsque cela se produit, même en regardant l’application Ionity en amont pour vérifier le nombre de places disponibles, vous n’aurez aucun moyen de savoir que les places seront occupées par des véhicules qui ne rechargent pas.

Bien que ce comportement se raréfie, il n’a pas encore totalement disparu, et peut participer à une frustration non nécessaire, en plus de faire perdre un temps précieux en grands trajets. Pour ces raisons-là, les conducteurs de Tesla préfèrent parfois être plus prudents, et privilégier les Superchargeurs, quitte à perdre quelques minutes en sortant de l’autoroute.

Conclusion

Lors de vos grands trajets, ayez le réflexe de regarder à l’approche d’une station de charge son occupation en temps réel. Pour les Superchargeurs Tesla, cela est directement visible sur la carte à bord du véhicule, et pour les bornes Ionity, l’application mobile permet de visualiser cela facilement.

Dans la mesure du possible, gardez-vous une marge de manœuvre vous permettant de vous rabattre sur une autre station de charge en cas de problème, comme cela peut arriver chez Ionity par exemple, où une charge ne démarrerait pas en raison d’un souci sur le matériel.

Quoi qu’il en soit, pensez à prévoir le trajet en amont à l’aide des outils disponibles, et n’hésitez pas à consulter notre dossier relatif aux grands trajets en véhicule électrique, et plus particulièrement sur la planification des charges en dehors du réseau Tesla.

Si vous êtes du genre pressés, vous aurez tout intérêt à vous recharger chez Ionity dont les emplacements évitent de sortir de l’autoroute. Mais attention au prix et à la disponibilité plus limitée et parfois aléatoire des bornes.

Aujourd’hui, si les temps de trajets en véhicule électrique peuvent se rapprocher de ceux d’un véhicule thermique, il reste nécessaire dans de nombreux cas de manuellement choisir les lieux pour se recharger, les logiciels intégrés aux véhicules n’étant pas parfaitement optimisés. En particulier chez Tesla, où l’ordinateur de bord ne vous proposera jamais de vous recharger sur un réseau tiers comme Ionity, Fastned ou Totalenergies. Cela serait bien mieux pour le client dans certains cas, mais priverait Tesla d’une source de revenus qui devient significative…


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