Jeu vidéo : une crise imaginaire cause des centaines de licenciements chez les travailleurs

 

Depuis quelques semaines, le jeu vidéo entame une nouvelle crise. Les éditeurs et studios se succèdent en annonçant des vagues de licenciements. Pourtant, l'industrie s'est rarement aussi bien portée financièrement.

the last of us part 2
The Last of Us Part 2 // Source : Naughty Dog

Epic Games, 870 licenciements ; fermeture du studio Volition et Square Enix Montréal par Embracer ; suppression de posts chez Creative Assembly après l’annulation du jeu Hyenas par Sega. Depuis quelques semaines, les mauvaises nouvelles se multiplient pour les travailleurs du jeu vidéo.

Le dernier exemple en date nous vient de Naughty Dog, le PlayStation Studio a licencié des dizaines de travailleurs qui développaient une extension multijoueur du jeu à succès The Last of Us. L’année où Sony prévoit des ventes records de la PlayStation 5 en visant la vente de 25 millions d’exemplaires.

Les annonces de report de jeux ont été remplacées par des annonces de licenciements // Source : Creative Assembly

Une crise imaginaire

En début d’année, les géants de la tech ont sévèrement provoqué des vagues de licenciements. On parle de vagues de plus de 10 000 licenciements pour Microsoft, ou de 11 000 chez Meta. Un réajustement après des recrutements massifs pendant la pandémie pourront analyser certains. Reste que pour des entreprises qui engrangent des dizaines de milliards de dollars de bénéfice net, cela laisse un gout amer.

Cette fois, c’est au tour de l’industrie du jeu vidéo d’en faire les frais. Pourtant, le secteur se porte encore très bien et 2023 connait de très gros lancements comme The Legend of Zelda Tears of The Kingdom, ou Baldur’s Gate 3. Pour chaque annonce de ces vagues de licenciements sont évoqués des « facteurs externes » et « un contexte économique difficile », sans beaucoup plus d’explications. En 2023, il est estimé que l’industrie du jeu vidéo devrait générer 188 milliards de dollars de revenu, soit une croissance annuelle de 2,6 %.

Il semblerait donc que les travailleurs du jeu vidéo soient, avant tout, victimes d’un emballement, un effet boule de neige : « si le studio voisin dégraisse, alors peut-être, nous devrions aussi » est une réflexion que l’on pourrait entendre en ce moment. Chaque éditeur paraît avoir ses propres raisons de causer ces suppressions d’emploi (problème de développement sur un futur jeu, rétrécissement des investissements ou encore problème de contrat avec un partenaire), mais, mis bout à bout, c’est bien une crise dont sont victimes celles et ceux qui fabriquent les jeux vidéo.

Dans le cas d’Epic Games, on peut par exemple dresser une liste des mauvais choix stratégiques de Tim Sweeney au cours des dernières années. En particulier la suppression du jeu phare Fortnite de l’App Store et du Google Play Store. Le fondateur et patron de la firme n’a annoncé ni réduction de son salaire ni remise en question. De son côté, le patron de PlayStation, Jim Ryan, va quitter Sony après plus de 30 ans de services. Rien n’indique un lien avec la crise et il quitte un PlayStation au meilleur de sa forme, mais le virage vers les jeux services semble encore difficile à négocier pour le fabricant nippon.

Le besoin de se protéger, plus que jamais

En parallèle de cette année sombre pour les travailleurs du jeu vidéo, il reste l’espoir d’une syndicalisation qui continue de progresser, notamment aux États-Unis. Après la naissance du premier syndicat de travailleurs dans un studio de jeux AAA en 2022, l’année 2023 a vu des répliques se former chez Sega en Californie ou encore Corsair Gaming. Il s’agit aujourd’hui de la méthode privilégiée pour protéger les droits des travailleurs, en particulier dans le secteur de la QA, l’assurance qualité. Ce secteur précaire où sont généralement recrutés des contractuels sur de courtes durées dont le travail est essentiel pour la production d’un jeu vidéo est rarement jugé suffisant pour figurer à son générique.


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