Voitures électriques : la Chine tape du poing sur la table face à la guerre des prix

 
Alors que BYD a récemment fait chuter fortement le tarif de ses voitures électriques, cela ne plaît pas au gouvernement chinois. Ce dernier a convoqué la marque ainsi que ses rivales pour leur demander de ralentir sur la guerre des prix.
BYD Dolphin Surf // Source : BYD

On le sait, les constructeurs chinois sont réputés pour vendre des voitures électriques à des prix défiant toute concurrence. Ce qui avait d’ailleurs énervé l’Union européenne, qui les accusait justement de concurrence déloyale. Elle avait décidé d’ouvrir une grande enquête, puis de punir les marques venues de l’Empire du Milieu.

Une guerre qui va trop loin

C’est ainsi que des droits de douane sont désormais appliquées pour toutes les autos électriques produites en Chine qui sont vendues sur le Vieux Continent. Ce qui n’empêche pas ces dernières de rester très compétitives, à l’image de la nouvelle BYD Dolphin Surf, affichée à partir de 19 990 euros. En parallèle, les marques chinoises, comme le numéro 1 mondial du secteur, continuent de tirer les prix vers les bas. La firme de Shenzhen avait mis en place d’énormes remises sur certaines de ses voitures en Chine.

Et cela ne plaît désormais plus vraiment au gouvernement chinois. Ce dernier, accusé par l’Europe de subventionner les marques locales afin de les aider à vendre leurs voitures moins chères semble en avoir assez. C’est ce qu’explique le site Automotive News China, qui indique que le Ministère de l’Industrie a convoqué certaines entreprises, dont BYD. Des représentants de Geely et Xiaomi étaient également présents lors de cette réunion. Le but ? Demander aux constructeurs de se calmer un peu sur la guerre des prix, qui a repris depuis peu.

BYD Sealion 7 // Source : Jean-Baptiste Passieux

Les membres du gouvernement ont dit à ces derniers de « s’auto-réguler ». L’État ne veut pas que les marques vendent des voitures électriques à perte, ou qu’elles mettent en place des remises trop fortes. Mais ce n’est pas tout, car Pékin a aussi mis le doigt sur une autre pratique très appréciée des entreprises automobiles chinoises. Il s’agit des ventes tactiques, dont BYD serait notamment friand. Le but ? Immatriculer des voitures pour gonfler les chiffres puis les revendre comme des occasions zéro-kilomètre à bas prix.

Et pour cause, selon la Chine, cette stratégie fausse complètement la réalité du marché et surtout, elle réduit beaucoup trop drastiquement les marges. Des accusations face auxquelles BYD s’était récemment défendu, alors que le patron de Great Wall Motor l’avait accusé indirectement d’être un « Evergrande de l’industrie automobile ». Autrement dit, il aurait une situation très fragile mais arrive à le masquer pour le moment. La firme chinoise avait démontré par les chiffres être très solide à l’heure actuelle.

La fin de la guerre des prix ?

Outre les ventes tactiques, qui explosent en Chine depuis quelques mois, le gouvernement chinois a aussi alerté les constructeurs sur un autre point. Il a tapé du poing sur la table au sujet de l’augmentation des factures dues aux fournisseurs. Cela a pour conséquences de réduire les flux de trésorerie tout au long de la chaîne d’approvisionnement. Et concrètement, cela constitue un quasi-financement de la dette pour les constructeurs automobiles. Pourtant, BYD avait souligné faire mieux que certains rivaux occidentaux sur ce point.

A vrai dire, l’État ne cite jamais directement le constructeur. Mais un communiqué publié par l’Association des constructeurs automobiles chinois indique que c’est la décision d’une marque en particulier qui avait déclenché une nouvelle vague de guerre des prix. Pour cette dernière, celle-ci plonge le secteur dans « un cercle vicieux ». L’organisation estime en effet que « les guerres de prix désordonnées intensifient la concurrence féroce, réduisant encore davantage les marges bénéficiaires des entreprises ». BYD est ici frontalement visé, mais il n’a pour le moment pas répondu.

Xiaomi YU7 // Source : Xiaomi

Tout comme Xpeng ni Xiaomi, qui est aussi dans une situation délicate. Plusieurs médias chinois contrôlés par le parti communiste avaient justement publié des reportages à charge contre les constructeurs concernés. Ils les appellent à cesser rapidement les remises. Car cette pratique pourrait conduire à proposer des prix à trop bas prix et de mauvaise qualité. « Ce qui porterait atteinte à la réputation internationale et à l’image du Made in China » selon le journal chinois People’s Daily.