La conduite à une pédale arrive enfin sur les voitures électriques de Stellantis : pourquoi elle nous a déçu

 
La conduite à une pédale (« one-pedal »), capable d’arrêter une voiture électrique sans toucher à la pédale de frein, arrive enfin chez Stellantis avec la DS N°8. Des limitations techniques restent cependant présentes ; des experts nous ont expliqué pourquoi.
DS N°8 // Source : Bernard Rouffignac pour Frandroid

Sans crier gare, la DS N°8 inaugure plusieurs nouveautés au sein des voitures électriques de Stellantis : outre des mises à jour à distance plus profondes, la grande DS est la première à inaugurer la conduite à une pédale (aussi connue sous le nom de mode « one-pedal »), capable d’emmener la voiture à l’arrêt complet sans avoir à toucher la pédale de frein.

Pour aller plus loin
Voiture électrique et conduite à une pédale : comment ça fonctionne et quels avantages ?

Cette fonction, particulièrement confortable en ville, se heurte toutefois à des choix techniques de Stellantis sur la voiture. Nous nous sommes entretenus avec des responsables techniques lors de l’essai de la N°8 pour en savoir plus.

Une pédale de frein qui change de consistance

La conduite de la DS N°8 nous a globalement convaincus, malgré une pédale de frein au ressenti assez étonnant. Comme l’ensemble des voitures électriques de Stellantis, la première partie de l’enfoncement est assez mou, avant de partir sur une seconde partie bien plus dure, au freinage plus intense.

Le mode « one-pedal » s’active avec le bouton en bas du sélecteur // Source : DS Automobiles

Quant à la conduite à une pédale, activable depuis un bouton sur la console centrale, elle permet de se passer de la pédale de frein dans l’immense majorité des cas, et s’avère assez bien développée, avec une régénération qui s’estompe en fonction de la vitesse.

Reste que, si on doit appuyer sur la pédale de frein pour une raison ou une autre, on sera surpris par une course très courte et très dure – de mémoire, nous n’avions jamais rencontré ce genre de choses, en aucun cas dangereux mais assez perturbant les premières fois.

Une limitation technique

Nous avons donc voulu en savoir plus, et nous sommes partis interroger plusieurs responsables techniques présents lors de cet essai.

La réponse tient en une technologie : l’absence de découplage du freinage. Pour mieux comprendre, rappelons rapidement les bases du freinage d’une voiture : sur un modèle thermique, la pédale de frein actionne un système hydraulique, qui va envoyer un fluide presser les plaquettes de frein sur les disques (ou les tambours) dans les roues, proportionnellement à la pression sur la pédale.

Batteries DS N°8 // Source : DS

Sur une voiture hybride ou électrique, la régénération (où une partie de l’énergie cinétique est renvoyée dans la batterie pour prolonger l’autonomie) s’ajoute au freinage hydraulique – une complexité supplémentaire, où le système de freinage doit gérer ces deux entités bien distinctes.

Chez Stellantis, le choix d’un freinage non découplé a été retenu. Pour faire simple, la régénération vient en supplément du système hydraulique. C’est ce qui explique la différence de ressenti : la partie « molle » du freinage indique la régénération, la partie « dure » la partie mécanique. Quant au mode one-pedal, la voiture zappe la partie régénérative à la pédale, se contentant de la partie mécanique – d’où la course courte et dure.

Une concurrence bien plus avancée

Un choix technique dommageable pour une voiture débutant à près de 60 000 euros, surtout lorsque la concurrence fait souvent mieux.

Le freinage découplé est en effet en train de se démocratiser. Cette innovation technique supprime le lien direct entre la pédale de frein et le système de freinage hydraulique : la pédale envoie un signal à un calculateur, qui décide de privilégier la régénération, l’action mécanique, ou une action cumulée.

Illustration du brake-by-wire

Cette absence de liaison mécanique permet un ressenti bien plus naturel, sans transition ou changement de texture. Une amélioration permise par un système de freinage « one-box », qui englobe tous les éléments de freinage, y compris les fonctions d’ABS (anti-blocage des roues) et ESP (contrôle de la trajectoire).

Ce freinage découplé, application du brake-by-wire, est par exemple disponible sur le MGS5 EV, un SUV électrique disponible à partir de 32 490 euros. De l’autre côté du spectre, l’exclusive Porsche Taycan en est également équipé, sans compter le nombre croissant de voitures électriques entre ces deux exemples.

Pour aller plus loin
Comment le “brake by wire” augmente l’autonomie et le confort des voitures électriques

Verra-t-on ce système sur une voiture électrique de Stellantis ? Des bruits de couloir nous font croire que la future Peugeot E-208, qui intègrera également la direction électronique (steer-by-wire), sera la première à inaugurer ce système. Rendez-vous fin 2026 pour sa présentation.


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